Endettement, dépendance aux droits TV et au « trading de joueurs » : la crise sanitaire actuelle met en exergue les faiblesses structurelles de la Ligue 1.
Par Alexandre Pedro
Avant la crise sanitaire du coronavirus, les présidents des clubs de Ligue 1 rêvaient d’un été 2020 plus cigale que fourmi. Les plus audacieux, anticipant cette manne, avaient même sorti le chéquier lors du dernier marché des transferts. Enfin la France allait rattraper une partie de son retard sur ses voisins espagnols, allemands et anglais grâce à ses droits TV record d’un montant de 1,15 milliard d’euros par saison pour la période 2020-2024. Une hausse de 54 % par rapport au précédent appel d’offres, qui doit beaucoup à l’arrivée d’un nouvel acteur, le groupe espagnol Mediapro, pour une somme proche de 800 millions d’euros annuels.
Mais le football professionnel français va devoir attendre avant d’enfiler ses habits de nouveaux riches. Sont-ils à sa taille, d’ailleurs ? Si personne ne peut reprocher à ses dirigeants d’avoir ignoré dans leurs prévisions cette pandémie mondiale, cette crise révèle les faiblesses structurelles du modèle français. Et ses divisions aussi.
Un championnat intermédiaire
Quand le président de l’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, évoque dès le 13 mars dans Le Monde l’hypothèse d’« une saison blanche » et demande à réfléchir à cette possibilité, ses confrères lui tombent dessus. Depuis, ils répètent en boucle (à l’exception de Denis Le Saint, président du Stade brestois) qu’il faut sauver la saison de Ligue 1. Ils en feraient presque une cause nationale.
Il s’agit surtout de récupérer les droits TV (près de 150 millions d’euros) que Canal + et BeIN Sports refusent de payer pour la dernière tranche de la saison
Pour la beauté du sport ? Avant de permettre à Paris de décrocher un nouveau titre ou à Toulouse d’établir peut-être un record de défaites, il s’agit surtout de récupérer les droits TV (près de 150 millions d’euros) que Canal + et BeIN Sports refusent de payer pour la dernière tranche de la saison et de sauver les meubles. Les présidents ont même envoyé au front Nasser Al-Khelaïfi avec sa double casquette de patron du PSG et de BeIN Media Group. Quand la maison brûle, on regarde ailleurs pour les risques de conflit d’intérêts.
A défaut de laisser un club sur le carreau – ce chiffon rouge agité pour dramatiser la situation –, cette crise fragilise un football hexagonal qui s’imagine plus beau et plus gros qu’il ne l’est vraiment et vit souvent à crédit. Vu de France, la Ligue 1 appartient aux cinq grands championnats avec la Premier League, la Liga, la Bundesliga et la Serie A.
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