Les réseaux sociaux sont en transe : « Les Blancs veulent fabriquer un vaccin pour venir l’inoculer aux Africains afin de nous tuer » ! « Non au vaccin contre les Africains » ! » Jamais nous, Africains, ne serviront de cobayes » ! Les vidéos succèdent aux vidéos, les articles dénonciateurs, aux déclarations furieuses contre les médecins blancs. Des plus obscurs d’entre les internautes, aux célébrités du monde du sport, des arts et de la politique, des moins instruits aux éclairés et grands lettrés, c’est à une véritable faune d' »occidentalophobes » que nous avons affaire en ce moment sur la toile.
Panafricanisme d’occasion, négrophilie exaltée, le tout sur fond de cruelle ignorance, nous persuadent que ce continent adore vraiment la parlote improductive – le talent des oisifs ! Allons : en quoi la bourde (?) d’un médecin français qui, d’ailleurs, a eu l’humilité de présenter des excuses aux Africains pour avoir maladroitement exprimé une réflexion qui nous procure inconfort et suscite en nous colère et indignation, eh bien, en quoi ces propos engagent-ils l’ensemble de la communauté scientifique, médicinale européenne ? En quoi un vaccin peut-il être un danger pour le continent africain ? Depuis les temps brutaux de la colonisation jusqu’aujourd’hui, quel a été le mode d’administration des vaccins en Afrique ? Qui a toujours fabriqué les vaccins que l’on nous a administrés et que nous continuons de nous les faire administrer ? Ce sont ces mêmes Européens. En sommes-nous morts ? Notre potentiel nataliste a-t-il été altéré ? L’Afrique, la Chine et l’Inde ne demeurent-ils pas les plus grandes régions natalistes au monde ?
Qu’est-ce que nous sommes susceptibles à l’excès, et finalement ridicules ! Tout se passe en ce moment comme si c’est maintenant que les Africains apprenaient que l’on teste les vaccins avant de décider de généraliser, populariser, leur usage. C’est grave ! Est-il impossible de comprendre qu’aucun homme blanc ne pourrait pénétrer sur nos terres, et nous injecter de force un vaccin criminel ? Et pourquoi d’ailleurs l’homme blanc fabriquerait-il un vaccin contre toute notre race ? Que gagneraient les Blancs à éliminer les Africains de la surface de la terre ? Ceci est-il même possible ? Et puis, soyons conséquents : méfiance pour méfiance, commençons par ne plus acheter leurs médicaments et vaccins vendus dans nos pharmacies. Ah, ces vaccins ! Ne savez-vous qu’ils ont bel et bien été testés sur nous avant d’être mis sur les marchés africains ? La communauté scientifique mondiale a-t-elle jamais demandé votre avis sur cette question ? D’où nous vient cette peur et méfiance à l’encontre de l’homme blanc ?
Du plus lointain de la mémoire des infortunes que nous avons eues avec « les roses d’oreilles » (Senghor), le Blanc représente jusqu’aujourd’hui à nos yeux une menace. C’est un sérieux atavisme. Comment s’en défaire ?
Soyez rassurés sœurs et frères noirs africains : les Européens ne pourront jamais venir nous inoculer un vaccin criminel. Mieux, ils n’en ont pas même l’intention. Enfin, faites confiance au moins à nos médecins : qui vous dit même, qu’à l’allure où vont les choses (l’hécatombe qui désaxe le monde blanc en ce moment), ce n’est pas l’Afrique qui aurait à proposer à l’Occident la solution thérapeutique ? Que l’on se le dise bien : la querelle du vaccin relève des prérogatives des hommes de science et non de celles de l’homme du commun. C’est une question hautement scientifique et non émotionnelle. Ni occidentalophobie ni négrophilie exacerbée ne lui seront réponses.
Le plus marrant est que nous sommes en train de mener un combat contre un vaccin qui n’a pas encore été trouvé ! Plutôt que de passer tout notre temps à se nourrir de combats épiques et virtuels contre les Blancs et contre un vaccin « africanophe » qui n’existe pas, investissons cette même énergie dans la recherche de réelles solutions thérapeutiques, discrètement, plus concrètement, sans triomphalisme anticipé et exacerbé, avec des produits médicaux probants, novateurs et suffisants à nous défendre contre cette pandémie et contre mille autres de ces maladies qui ravagent le continent. Voilà le vrai champ de bataille, sœurs et frères africains. Arrêtons donc de se laisser distraire dans des haines et querelles inutiles.
Tiburce Koffi
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