En période de crise, des citoyens peuvent avoir tendance à se tourner vers la figure qui incarne l’État, notamment le président de la République. En Afrique, le Président est assimilé par certains à un Chef doté de pouvoirs magiques, et extraordinaires.
S’agissant de la Côte d’Ivoire, nous disons : ne nous trompons pas d’époque, face à ceux qui réclament un expert , un visage magique ou charismatique pour parler de la crise, une sorte de Monsieur Coronavirus 2019 , qui serait nommé coordonnateur national de la lutte à la place d’un ministre de la Santé, déclaré abusivement, de façon péremptoire et irresponsable, comme un acteur incompétent ou débordé par la situation.
À côté d’un tel gourou , ou d’un Monsieur Covid 19 national qui envahira la Une des sites , journaux et écrans de télé en Côte d’Ivoire pour nous donner la bonne parole , d’autres personnes ou experts auto proclamés en communication de crise, en appellent directement au Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, pour qu’il vienne tous les jours, faire une causette face à la presse et devant les caméras , en vue de sensibiliser lui-même les populations sur Covid 19.
La Côte d’Ivoire, si elle veut être une grande nation moderne, ne doit pas s’en remettre à des sorciers, à des gourous ou à des leaders charismatiques dont la seule force est d’empiler des mots, et dont le contraire est Alassane Ouattara!
Or, dans cette période de crise sanitaire, je vois surgir, dans la classe politique ivoirienne et dans la société civile, beaucoup d’empileurs de mots, experts autoproclamés qui ont des solutions miracles pour résoudre une crise sanitaire, économique et politique.
Face à l’épidémie du Covid-19, la solution sera citoyenne, participative, scientifique, médicale, mondiale, avec un État capable de renforcer la capacité des services de santé, et de mettre en œuvre des protections sociales. En retour les populations ont un rôle majeur à jouer en respectant les consignes de protection : gestes-barrière, confinement, etc.
L’Afrique n’a pas besoin de gourous, mais de politiques régaliennes efficaces, d’institutions fortes, de bonnes pratiques et de bonne gouvernance. C’est ce que demandent les populations ivoiriennes. Le Chef de tribu enfermé dans un ancrage appartient au passé.
[ L’AdoSolution, c’est bien les solutions apportées par les politiques publiques voulues par Alassane Ouattara , et non la personne d’Alassane Ouattara ]
Certains observateurs veulent oublier cet aspect des choses. À ce titre, ils insistent pour voir le chef de l’État en habit d’homme providentiel, et suggèrent ( espiègles qu’ils sont de voir ainsi les choses ), qu’Alassane Ouattara monte de plus régulièrement en première ligne, parce que tant que ce n’est pas le cas, le peuple et les populations pourraient refuser d’écouter le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le ministre Aka Aouéle, et d’autres hauts fonctionnaires. Comme témoignage et arguments, ils citent les actes d’incivisme et d’indiscipline, de non respect face aux mesures barrières préconisées , et face aux restrictions dans les écrivîtes commerciales et la vie sociale. .
Ainsi, selon cette manière de voir, le Président Alassane Ouattara est la solution, à ce qui se passe ! À ce titre, il doit parler matin, midi et soir et le plus possible, pour que les populations ivoiriennes soient rassurées et acceptent d’appliquer les consignes de prévention délivrées par l’État, au motif très contestable que d’autres grandes figures de la politique ivoirienne, comme le Premier ministre, des hauts responsables du RHDP, même des leaders de l’opposition, seraient moins écoutés, même en soutenant les mêmes mesures déjà annoncées par le Conseil national de sécurité, le chef de l’État, et par le gouvernement.
[ Le statut de la parole présidentielle ]
La parole présidentielle ne guérit pas, elle rassure, si, derrière cette parole, les populations voient qu’il existe une véritable politique de santé avec des infrastructures hospitalières capables d’accueillir les personnes malades, si les médicaments sont là, si les masques, les gels hydro-alcooliques, etc, sont accessibles. La parole présidentielle rassure, si elle est adossée aux véritables experts de la santé, notamment les médecins, et tous les personnels soignants qui sont en première ligne. Elle rassure, si chaque Ivoirienne et chaque ivoirien sait qu’il sera soigné , pris en charge par l’État . Elle rassure, si le secteur économique, en particulier le secteur informel, comprend qu’il sera aidé.
L’autorité du Chef de l’État provient de sa capacité à faire travailler l’administration, à faire fonctionner les différents secteurs d’activités, à gouverner la Côte d’Ivoire , à protéger les populations, et non pas du statut d’homme providentiel. S’en remettre uniquement ( ou essentiellement) au Chef de l’Etat et à ses prises de parole, c’est refuser de voir le travail fait au quotidien par chaque acteur de la chaîne pour appliquer les décisions déjà prises ,en vue d’apporter assistance aux malades, aux populations les plus vulnérables ; c’est aussi renoncer à l’effort collectif qui doit être fait dans la lutte contre le Covid-19.
Si l’Afrique semble avoir une forte expérience dans le combat contre des maladies infectieuses (on se souvient d’Ebola), elle n’a pas encore la discipline collective qui permet de vaincre les épidémies.
Faut-il attendre qu’Alassane Ouattara annonce lui-même les mesures prises par le gouvernement pour que les populations les appliquent, alors qu’elles ont déjà été annoncées par Amadou Gon Coulibaly , Patrick Achi, ou tel ou tel autre ? La seule parole crédible serait-elle du Chef de l’État, doté du statut d’homme providentiel ? En réalité , peu importe que ce soit le Président Ouattara qui rappelle la loi, les règles ou les décisions; ou que ce soit un autre émissaire du gouvernement.
Dans tous les cas , il reste discutable et même impossible que le Chef de l’État s’exprime matin, midi et soir, sur tous les sujets, accréditant la thèse de l’AdoSolution.
L’AdoSolution est un slogan de campagne électorale, qui a bien fonctionné hier. Mais aujourd’hui, il n’existe pas d’AdoSolution pour gérer la pandémie, même s’il y a une attente pour certains de voir le Président de la République en Père protecteur de la Nation, dans une posture aux allures démagogiques et populistes, déclarant en tenue militaire, ou habillé en médecin avec casques et gants dans un hôpital au chevet de malades , la guerre totale contre un ennemi sans visage ! Le ferait-il d’ailleurs que les mêmes viendraient dénoncer la théâtralité d’un Président soucieux de faire de la communication et de la propagande, au lieu d’investir davantage de ressources dans la recherche , ou autre.
Aucun homme ne peut gagner seul la bataille contre le Covid-19, ni aucun pays. L’effort est collectif, la victoire sera collective.
Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, a annoncé les décisions économiques. D’autres décisions ont été annoncées par le CNS, ainsi que par le chef de l’État lui-même. Ce sont des décisions du gouvernement, de l’ État de Côte d’Ivoire ! Ceux qui veulent quitter Abidjan, ceux qui cherchent à corrompre des agents des forces de l’ordre pour violer les mesures, ceux qui tiennent des bars nocturnes et confinés, ils s’en foutent que le Président ait lui-même annoncé les décisions ! Celui qui a envie de contourner les mesures , et de se mettre en conflit avec la loi , le fera sans état d’âme, par égoïsme, par incivisme, sans aucunement avoir à l’esprit que c’est X ou Y qui a annoncé la décision . Trop de nos concitoyens ont des difficultés à se responsabiliser. La solution est que l’État, le gouvernement, le Président de la République, se donnent les moyens d’appliquer les décisions prises, et non demander une sur exposition du chef de l’État!
Une crise grave qui demande un effort collectif
La crise est si sérieuse qu’il faut en appeler à l’instinct de survie de chacun, et non à l’attente d’un président prophète-gourou qu’on respecte, qu’on veut écouter.
Les mesures sont contraignantes et difficiles ! Porter le masque, se laver les mains, ce n’est pas si difficile. Certains pensent, à tort, qu’il s’agit d’une maladie de gens riches qui voyagent. Or, les épidémies sont, par définition, très démocratiques, elles frappent tout le monde, riche ou pauvre. Certains pensent que, parce que les frontières du pays sont fermées, ils ne risquent rien ! À l’insouciance s’ajoute la naïveté de certains !
Le rôle des responsables, qu’ils soient politiques ou leaders d’opinion, ou qu’ils appartiennent à la société civile, est de tenir un discours de vérité, de sensibiliser les populations et non d’appeler au secours un leader charismatique ! Les leaders politiques se battent comme ils peuvent chacun dans leur pays, mais ni Trump, ni Macron, ni Ouattara, ni aucun autre leader n’a la solution au problème de la pandémie. Le combat est un combat collectif, la victoire sera collective, parce que chacun, là où il est, au poste qu’il occupe, aura accompli sa part de travail, en première ligne ou en deuxième ligne.
Je voudrais apporter ici mon soutien à tout le personnel soignant de Côte d’Ivoire, à tous ceux qui font en sorte que le pays ne s’arrête pas. Je n’oublie pas les forces de sécurité exemplaires dans leur posture républicaine, et le service à la Nation, l’assistance aux populations.
Le journaliste que je suis, s’attache à délivrer une information vérifiée, crédible, à lutter contre toutes les fake news à propos du Covid-19, à dénoncer les charlatans qui proposent des remèdes miracles.
Le combat est citoyen, scientifique, médical, politique au sens inclusif du terme, car tous les partis politiques doivent y participer, sans « s’accrocher au vent » pour créer des polémiques.
Aux armes citoyennes et citoyens, contre Covid 19!
Par Wakili Alafé
Chaque fois qu’un pays africain est en crise, on assiste au même ballet des opérations médiatiques des autorités françaises pour rapatrier leurs ressortissants. Louable diront certains. Pour moi, cette opération que nous avons vécue en 3 vagues en Côte d’Ivoire (2002, 2004 et 2010) est choquante et j’explique pourquoi. Les Français chez nous ne vivent pas dans la masse, avec la masse. Non, ils sont dans une logique d’exploitation en surnageant socialement : villas huppées de Bietry et Zone 4, clubs fermés tels l’Asna, discothèques et bars où l’Ivoirien mâle arrivant seul est regardé comme une mouche sur une crème fouettée, etc. Bref, très peu savent même qu’il existe 2 communes appelées Attécoubé et Abobo, n’ayant rien ni à y faire, ni à y voir et encore moins à s’en préoccuper. Pourtant, l’argent de ces pauvres hères remonte le long de filières d’exploitation jusqu’aux coffres-forts de ces expatriés par le biais de leurs entreprises de syphonnage économique. Ils ne partagent donc à AUCUN moment la vie de ces Ivoiriens, comment donc seraient-ils solidaires de leur destin ? A la moindre anicroche, ils sont exfiltrés le temps que ça se tasse et qu’ils reviennent continuer leur entreprise saprophyte.
Le pitoyable texte de danse du ventre pondu par Alafé – dont dire la proximité avec le couple présidentiel serait un truisme – nie une réalité tangible de laquelle nous rapproche la situation française décrite plus haut. Personne ne demande à Ouattara d’endosser le costume de Superman ou d’être un homme providentiel. On attendait de lui une simple expression d’empathie d’un gouvernant qui ne vit pas comme les autres Ivoiriens : jet privé, cortège sans ambouteillages, protection sécuritaire de très haut niveau, tapis rouge, équipe médiale de suivi constant en cortège dans ses déplacements, et j’en passe. Bref, entre lui et moi, y’a pas photo. Sauf que lui, ces avantages lui sont octroyés par l’argent public dont le mien en tant que contribuable. Tout ça pour quoi ? Bah, pour qu’il soit solidaire de nos maux et détresses en temps utile. Pas qu’ils se réfugie au mieux dans le mutisme, au pire dans la villégiature à Assinie (faute de se rendre à Mougins). Par son attitude, j’ai revécu le triste souvenir d’une proche à Bouaké en Septembre 2002, refoulée par le dispositif des soldats français à Bouaké. Elle subira plus tard dans cette ville en cherchant à en sortir, un viol en réunion par les « sauveurs-libérateurs » une journée durant et vit depuis avec le Vih/Sida. Elle travaillait dans un établissement français, avait quantité d’amis Français, vivait au quotidien avec eux. Mais au premier problème, son destin différa du leur.