La grogne vient du Bureau ivoirien des droits d’auteur (BURIDA). Presque deux semaines après les mesures contraignantes pour freiner la propagation du coronavirus, les sociétaires de cet organisme de gestion collective des droits d’auteur crient famine.
Les salles de spectacle, les boîtes de nuit et les « maquis » où ils faisaient des prestations pour gagner leur vie ou arrondir leurs fins de mois sont désormais fermés. Et ils font partie des parents pauvres de la crise sanitaire qui les contraint au chômage et à la misère.
En effet, le choc sanitaire a des répercussions sur tous les secteurs d’activité, entraînant, ipso facto, des chocs économique et social que la plupart des pays, des plus riches aux plus pauvres, tentent d’amortir.
C’est ainsi qu’aux États-Unis d’Amérique, il est prévu un plan d’aide à l’économie et aux ménages de 2 mille milliards de dollars (1$ = 500FCFA environ), comprenant un chèque direct allant jusqu’à 1.200 dollars à chaque adulte à revenu faible.
En Afrique de l’Ouest, le Sénégal a retroussé ses manches pour atténuer les retombées négatives de la crise sanitaire. Il a été créé un fonds « de riposte et de solidarité » doté de mille milliards de nos francs. Sans compter qu’une enveloppe de 50 milliards de francs est consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence.
Le président Macky Sall a, dans son message à la nation le 23 mars 2020, annoncé des aides pour l’hôtellerie, la restauration, le transport et… la presse.
Le chef de l’État nigérien n’a pas été en reste. Le 27 mars, Mahamadou Issoufou a arrêté une série de mesures pour contenir les effets néfastes du coronavirus sur la vie de ses compatriotes.
Il a acté de fortes décisions économiques et fiscales: exonération des droits et taxes sur tous les produits qui entrent dans le cadre de la lutte contre le coronavirus (masque, gel hydro-alcoolique, etc.), report de la date de paiement de la vignette, exonération de la TVA sur le transport terrestre et report du paiement de l’impôt synthétique, et dans l’hôtellerie, application d’un taux réduit de 10% en matière de TVA, application d’un taux d’amortissement de 5% au lieu de 2% et exonération de l’IMF au titre de l’exercice 2019.
Ce n’est pas tout. l’État nigérien prend en charge les factures d’eau et d’électricité d’avril et de mai 2020 pour les tranches sociales et un plan de soutien a été adopté pour venir en aide aux personnes vulnérables. Et un budget de 20 milliards de nos francs a été dégagé pour lutter contre l’insécurité alimentaire.
Pendant ce temps, la locomotive de l’UEMOA et l’une des plus performantes économies du monde est figée dans l’attentisme. Alassane Ouattara s’est adressé aux Ivoiriens le 23 mars 2020; il n’a évoqué que le plan national sanitaire de 95 milliards de nos francs pour vaincre le coronavirus.
Le héraut des plans d’ajustement structurel (PAS) dans le monde des années 1990 s’est abstenu de sortir le chéquier alors qu’il n’a pas le choix et que la situation, lentement mais sûrement, court au pourrissement avec le virus qui gagne du terrain.
Car, en restant muet sur les indispensables et urgentes mesures d’accompagnement à conduire concomitamment au plan sanitaire, le chef de l’État laisse le pays dans la situation d’un malade auquel on administre des soins en oubliant de l’alimenter.
La sourde colère des artistes sonne l’alerte. Elle pourrait, alors que l’on assiste à une flambée des prix sur les marchés, faire boule de neige et présager une fronde sociale avec des émeutes de la faim. Si rien n’est fait. Avant longtemps.
Et les départs des Occidentaux du pays, en cette période sensible, n’est pas un bon signe.
F. M. Bally
Photo d’illustration: Du 31 mars au 2 avril 2008, donc sous la présidence de Laurent Gbagbo et la primature de Soro K. Guillaume, Abidjan a été secouée par les émeutes de la faim pour protester contre le prix élevé des aliments de base.
Commentaires Facebook