Coronavirus: Simone Gbagbo demande la suspension « des Cni et des listes électorales»

Les propositions fortes de Simone Gbagbo :

« Il faut

• Pour appliquer des réformes, il faut un peuple en vie, un pays vivant !

Chères sœurs, chers frères,
Chers parents de Côte d’Ivoire

Je vais vous parler aujourd’hui d’un sujet grave. L’infection à Coronavirus ou COVID-19 est présente dans notre pays avec, à la date du 22 mars 2020, 25 cas confirmés. Ce nombre risque malheureusement de croître dans les prochains jours, car l’infection est très contagieuse. Sur une échelle de 1 à 3, elle a un indice de reproduction estimé entre 2 et 3. Cela signifie que la transmission du COVID-19 est massive et plus rapide au sein de la population générale que celle de la grippe saisonnière.
Cette maladie, il faut le savoir, se contracte par contagion. Lorsque je suis en face d’une personne porteuse du virus, les gouttelettes de salive qu’elle projette en parlant, en éternuant ou en toussant peuvent me contaminer. Les objets touchés par une personne porteuse du virus peuvent me contaminer, si je les touche à mon tour. C’est pourquoi :
o il devient indispensable que je porte un masque qui va me protéger et protéger mon vis-à-vis contre le virus,
o il est important que je me lave régulièrement les mains avec de l’eau et du savon plusieurs fois par jour,
o il est important que j’évite tous les gestes de familiarité et d’affection (serrage des mains, accolades, embrassades) qui peuvent m’amener à contaminer les autres sans le vouloir, et à me contaminer sans le chercher,
o il est important que je consulte des médecins si je présente les symptômes du COVID-19. Il ne faut surtout pas avoir peur de l’isolement.
Chez tous les patients atteints, on peut observer un rhume, des maux de gorge, de la fièvre, des maux de tête, une toux sèche et des difficultés respiratoires graves, pouvant évoluer en pneumonie. Certains patients, en plus de ces signes, peuvent présenter une fatigue générale, des douleurs musculaires, ou encore une diarrhée.
Il faut savoir que 85% en moyenne des personnes contaminées ne feront pas la maladie, mais vont contaminer les autres, si elles ne respectent pas les consignes. 15% de ces personnes vont tomber malades et parmi elles, 5% vont faire la maladie sous sa forme grave avec des complications pulmonaires et même rénales, qui peuvent entrainer la mort. Cette épidémie n’épargne aucun continent, ni aucune race humaine. Les Africains, les Noirs, ne sont pas plus résistants contre ce virus que les Chinois et les Italiens. C’est pourquoi j’invite la population ivoirienne à respecter strictement toutes les mesures de prévention recommandées par le Gouvernement et les médecins afin de se protéger et de protéger son entourage.
La lutte contre le Coronavirus est une affaire très sérieuse. Des dirigeants du monde ont parlé de « guerre contre un ennemi invisible », et ils ont raison. Donc, ne faisons preuve d’aucune négligence, ni de désinvolture. C’est chacun d’entre nous qui, par son engagement au respect scrupuleux des mesures de prévention, contribuera à freiner la propagation de ce virus dans notre pays, et même à l’éradiquer.
Le Coronavirus n’est pas une fatalité. Nous pouvons le vaincre, nous devons le vaincre. Pour cela, il nous faut limiter l’implantation massive du virus sur le territoire national :
– évitons les déplacements personnels en lieux publics surpeuplés où la promiscuité et les contacts avec les objets souillés favorisent la transmission du virus (football et autres jeux des enfants dans les quartiers, cinéma, églises, mosquées, restaurants, maquis, funérailles, mariage, etc.) ;
– évitons les déplacements, les voyages d’une ville à l’autre à l’intérieur du pays où nous transportons le virus sans le vouloir ;
– acceptons la contrainte de l’isolement, voire du confinement à domicile qui peut devenir nécessaire si l’épidémie s’amplifie.
La discipline a permis à la Chine de terrasser le virus dans une région de 56 millions d’habitants en l’espace de trois mois. Nous comptons en Côte d’Ivoire autour de 25 millions d’habitants. Donnons-nous le défi par la même discipline et les mêmes sacrifices de faire disparaitre cette maladie chez nous. Retenons-le, les maitres mots de cette victoire sont discipline personnelle et sacrifice.
Le nombre de morts que nous allons compter dans notre pays est directement lié au non-respect des mesures de prévention, de confinement à domicile. L’État, de son côté, a ses propres responsabilités à assumer. Il se doit de prendre des mesures très fortes et de veiller à leur application effective parce que lui aussi doit d’abord œuvrer à limiter l’implantation massive du virus sur le territoire national :
– en fermant effectivement toutes les frontières aériennes, maritimes et terrestres,
– en appliquant, sans complaisance, les mesures de contrôle sur place, à ces différentes frontières, pour les personnes autorisées à rentrer en Côte d’Ivoire,
– en interdisant les déplacements des populations d’une ville à une autre, d’une région à une autre, à l’intérieur du pays,
– en ayant recours aux personnels de sécurité notamment la police nationale pour faire observer les mesures d’hygiène et le confinement,
– en ordonnant et en organisant le confinement à domicile qui pourrait être prolongé si l’épidémie s’amplifie dans le temps. Il faut rappeler que seul le confinement peut permettre de maintenir éloignées les personnes les unes des autres, empêcher de la sorte la propagation du Coronavirus et donc sauver les vies.

Puis l’État doit promouvoir les moyens de dépistage du COVID-19 par :
– une sensibilisation plus intense de la population sur les signes de la maladie,
– la formation des personnels de soins du secteur public et du secteur privé,
– l’implication des agents sociaux (sociologues, anthropologues, assistants sociaux) d’une part pour éviter toute psychose et inviter la population à observer les mesures de protection et d’autre part pour aider la population à organiser la solidarité qui va forcément s’imposer,
– la consultation précoce de toute personne présentant des signes d’atteinte pulmonaire,
– l’accès facile au diagnostic biologique du COVID-19 à l’Institut Pasteur d’Adiopodoumé via l’Institut National d’Hygiène Publique pour le transport des prélèvements (transport médicalisé par ambulance, ou par drones, ou encore par hélicoptères).

Aussi, l’État doit-il assurer la prise en charge des cas confirmés :
– en augmentant les capacités d’accueil des centres de prise en charge. Nous préconisons de:
o transformer l’Institut de la Jeunesse et des Sports en un véritable hôpital de prise en charge avec au moins une centaine de respirateurs ;
o de réactiver les structures aménagées préalablement pour la prise en charge des cas d’Ebola ;
o de créer au moins une dizaine de nouveaux centres de prise en charge des patients à l’intérieur du pays.

L’État disais-je, doit assurer la prise en charge des cas confirmés
– en remobilisant les personnels à la retraite (infectiologues, réanimateurs, internistes, hygiénistes),
– en acquérant rapidement le matériel de soins et de protection en nombre important (solutés, gel hydroalcoolique, gants, masques, lunettes protectrices et surblouses à manches longues) pour les personnels de soins dans l’exercice de leurs fonctions.
– en encourageant les industries pharmaceutiques locales à repositionner la Chloroquine, afin de mettre ce médicament à la disposition des praticiens pour le traitement des malades.

Cette maladie n’est pas une fatalité. Ce virus peut être vaincu, doit être vaincu. C’est vrai que le nombre de cas augmente chaque jour, mais il nous faut un engagement sincère, résolu, généreux de tout le monde et de chacun.
Face à cette menace, il est impérieux que le pouvoir suspende toutes ces réformes impopulaires qu’il a annoncées de faire par ordonnance ou par promulgation. Il doit également suspendre la réalisation des Cartes nationales d’Identité (CNI) et les listes électorales jusqu’après la victoire dans ce combat contre le Coronavirus. De la même façon, la sagesse conseille d’éviter aujourd’hui des interpellations à relent politique des leaders d’opinion. Cela éviterait de provoquer, au sein du peuple, un sentiment d’injustice et de révolte pouvant l’amener à descendre dans les rues pour protester. Dans un tel scénario, la situation ne ferait que s’aggraver et maintiendrait la propagation du virus hors de tout contrôle.
Évitons des actes de vanité. Pour appliquer des réformes, il faut un peuple en vie, un pays vivant ! Il est indispensable de l’autre côté que le peuple, les associations de la société civile et toute l’opposition politique acceptent d’observer une trêve en suspendant la manifestation de leurs colères légitimes jusqu’à ce que la victoire contre le Coronavirus soit remportée.
Pour aller à des élections transparentes et justes, il faut que la nation, le peuple et les citoyens soient en vie. Après la victoire sur ce mal horrible, il sera toujours temps d’organiser toutes les protestations et d’arracher la justice et l’équité. Dans ces moments difficiles où l’humanité est en péril, l’union sacrée des filles et des fils de la Côte d’Ivoire est une nécessité impérieuse. Engageons-nous tous pour affronter cet ennemi étrange, coriace et sans visage.
Le prophète Esaïe nous dit : « Va, mon peuple, entre dans tes appartements et ferme tes portes derrière toi ! Caches-toi pour un petit moment, jusqu’à ce que la colère soit passée ».
N’oublions pas les maîtres mots : Discipline, Sacrifice et au bout, Victoire.
Je voudrais féliciter le personnel de santé et toutes les personnes mobilisées sur le terrain dans le combat contre le Coronavirus pour tous les efforts consentis.
Aux malades et à toutes les personnes infectées, je vous dis toute ma compassion.
Que Dieu vous soutienne ! Que l’Éternel nous bénisse ! Et que le Seigneur Jésus, ce Dieu qui guérit, nous recouvre tous de sa grâce.

Fait à Abidjan, le 23 mars 2020
Madame Simone EHIVET GBAGBO

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