Après la polémique liée au non respect de l’étape de l’Injs par des membres de sa famille, dans le cadre des mesures de confinement concernant les voyageurs arrivant d’un pays ayant plus de 100 malades , nous avons reçu une déclaration du ministre Adama Bictogo.
Dans cette déclaration , le fondateur et patron de Snedai présente des excuses en particulier aux passagers du vol Air France concerné, et aux populations ivoiriennes en général : « Je voudrais à travers le présent message, exprimer mes regrets et présenter mes excuses suite à la situation créée le mardi 17 mars 2020 par la sortie de l’aéroport international Felix Houphouët-Boigny des membres de ma famille, en vue d’un auto confinement sous contrôle médical , et sous stricte surveillance à domicile ».
Cette mesure de l’auto confinement à domicile était depuis plusieurs jours appliquée à tous les voyageurs , avant l’épisode du mardi 17 mars 2020, aux lendemains des décisions du Conseil national de sécurité.
Loin de toutes ces considérations, ainsi que de tout esprit de polémique , Adama Bictogo a ajouté dans sa déclaration : « Au-delà , je profite pour assurer aux voyageurs du vol concerné , et à l’ensemble des populations ivoiriennes, de ce que je n’ai eu à bénéficier d’aucun passe droit, cela étant contraire à mes convictions sur l’exigence de l’égalité des citoyens devant la loi, ainsi qu’à la vision du Président de la République, du Premier ministre , et du gouvernement sur la question.
Par ailleurs, cette situation a fait comprendre davantage que nous sommes tous logés à la même enseigne face à cette maladie, et surtout qu’aucun statut social ni engagement politique, ne peut mettre quiconque à l’abri des règles applicables à chacune et à chacun de nous, contre la propagation du Covid.
J’en appelle à la solidarité de toutes les populations ivoiriennes, et je prie pour que notre pays, et toutes les autres nations du monde confrontées à la maladie à Coronavirus 2019 parviennent le plus tôt possible à vaincre le virus ».
L’IA
UN COMPORTEMENT POLITIQUEMENT AFFLIGEANT
===================================
Soit on est homme d’affaires et on se cantonne à ses business, emmagasinant fortune sur fortune mais aussi à l’occasion des déboires. Soit on est dans la politique domaine de prédilection oû tous les coups sous la ceinture sont permis.
Dans le cas présent on s’en prendra moins au Président Anouma qu’à un Bictogo qui devrait se savoir constamment sous les projecteurs. Ayant les fonctions qui sont les siennes au sein du Directoire du RHDP, chaque loupé sera exploité par l’adversaire sans état d’âme. Quand un milieu de terrain dans un match de football rate son contrôle vers le rond point central, cela fait moins de dégâts et de crise de nerfs qu’un gardien de but qui se projette au premier poteau alors que le corner est déposé vers son deuxième poteau. Aussi simple que ça !
« ..je profite pour assurer aux voyageurs du vol concerné , et à l’ensemble des populations ivoiriennes, de ce que je n’ai eu à bénéficier d’aucun passe droit, cela étant contraire à mes convictions sur l’exigence de l’égalité des citoyens devant la loi, ainsi qu’à la vision du Président de la République, du Premier ministre , et du gouvernement sur la question… »
Cette longue tirade est pleine d’interrogations.
A quel titre vous vous faites dépositaire de « la vision du Président de la République, du Premier ministre , et du gouvernement » ? Surtout que vous ne faites plus partie de ce gouvernement ?
Il s’agit d’un acte individuel qui ne met aucunément en cause une instruction gouvernementale.
En même temps on voudrait donc savoir comment les exfiltrés dont les vôtres ont pu l’être ? Si ce n’est par pur trafic d’influence !
On imagine bien que si par quelque forme de « solidarité imposée » de force, tous les passagers de ce vol avaient été logés à la même enseigne à l’INJS, leurs conditions de réception, de traitement médical et d’hébergement, auraient été bien différentes, en tout état de cause bien meilleures.
« …Par ailleurs, cette situation a fait comprendre davantage que nous sommes tous logés à la même enseigne face à cette maladie ».
Il est permis d’en douter sérieusement. Tous ces passagers ont fait plus de 5h de vol en traversant (personnel navigant, passagers eux mêmes) les zones communes à l’occasion après avoir fait les rangs devant les comptoirs ou à l’embarquement, étaient effectivement dans le « même bateau ». Donc en exfiltrer à l’arrivée ne change plus rien au niveau de risque encouru.
« … surtout qu’aucun statut social ni engagement politique, ne peut mettre quiconque à l’abri des règles applicables à chacune et à chacun de nous, contre la propagation du Covid… »
Évoquer cette dimension du comportement qui a été finalement le vôtre, renvoie à une question d’éthique politique et social.
Vous l’avez fait aux yeux de tous et vous devriez assumer politiquement les belles retombées. Votre « … J’en appelle à la solidarité de toutes les populations ivoiriennes… » sonne pitoyablement quand vous avez manqué l’occasion d’en faire la preuve.
Quand la parole est déconnectée de l’action, on peut lancer mille appels avec des phrases ampoulées, ce sera peine perdue !
Sous la plume de Rémi TELL on peut lire dans l’excellent article du Figarovox «Derrière la crise sanitaire, le délitement de la parole publique» :
======== Extraits ========
À prostituer les mots, nous prenons le risque de n’engendrer qu’impossibilité de l’action collective, désespoir commun et vacuité du lien tissé.
Parfois, ces mots nous blessent. À d’autres moments, ils illuminent le tréfonds de nos cœurs. Parce qu’ils sont la condition de la réalisation de la condition humaine, il nous incombe de les protéger. C’est en suivant ce chemin que la parole publique retrouvera toute sa force et sa légitimité.
=======///=================
La leçon vaut pour tous ! Surtout ceux qui choisissent d’être au-devant de la scène publique.
Le tout n’est donc pas d’arranger chaque fois sa tenue ou sa position au passage de la caméra ou du photographe ! On vous demande mieux que cela.
DE LA MORALITÉ DANS LE CHAMP POLITIQUE
==================================
Non ce n’est pas une thèse de philosophie. C’est toujours la suite de l’intrusion des uns et des autres dans une question sécuritaire d’importance. Nous insistons parce que tous NOUS SOMMES EXPOSÉS DONC CONCERNÉS.
« …Considérant en effet que la morale est au- delà du droit, puisque sa perception embrasse les rayonnages de l’éthique et de la conscience, si bien qu’elle est plus le reflet du subjectif collectif par rapport comportement, à l’attitude, à la conduite, qu’une simple résultante objective de l’action judiciaire ; »
« …Qu’en effet la probité et la moralité d’un homme qui ne paie pas ses dettes contractées depuis plus de 17 ans, et qui, usant de son influence, n’hésite pas à abuser de l’ascendant qu’il exerce sur les Sociétés soumises à son autorité pour obtenir à son profit et à celui des siens des avantages indus, ne peuvent qu’être douteuses ;
Considérant que la morale se situant largement au-delà du droit sa perception ne saurait suivre les simples configurations des actions judiciaires, encore moins celles des résultats desdits actions parfois fonction uniquement des vicissitudes procédurales ;
Considérant qu’il apparait dès lors incontestable que Monsieur X ne satisfait pas aux exigences légales à propos de la moralité et de la probité, et qu’il suit de là qu’il ne peut figurer sur la liste définitive des candidats … » ;
Monsieur Adama, que vous rappelle ces belles citations ?
Rien ?
Juste un extrait de l’arrêt TIA KONE en octobre 2000 !
PDG de la Société de Transport Lagunaire (STL) vis à vis des questions sécuritaires vous devez être un modèle !
On ne le souhaite pas. Mais si un de vos bateaux navette a des avaries ou chavire et qu’il y a peu de places dans les premiers secours, comment vous ferez la sélection des premières personnes à être évacué …si vous avez des amis ou des parents présents à bord avec les autres passagers ?
Je sais que vous n’êtes pas commandant de bord mais votre coup de fil vaut instruction sur vos hommes ! Quitte a outrepasser la règlementation.
Voici pourquoi ailleurs avant d’attribuer ou de renouveler des marchés qui impliquent autant de risques humains, la moralité du postulant attributaire est fortement interrogée. Et cette moralité peut conduire au non renouvellement de la licence d’exploitation si elle avait été vite attribuée dans des conditions diligentes qui justifiaient le gré à gré.
De la politique aux affaires, notre comportement public peut nous rattraper !