Marche de femmes d’Abobo exigeant un 3e mandat pour le président Ouattara. Meeting de la jeunesse Fpi à Port-Bouet. Gigat meeting du Pdci-Rda et des partis d’opposition à la Place Jean-Paul II, à Yamoussoukro. Marche de….
L’actualité sociale ivoirienne se conjugue ainsi au rythme des rassemblements de militants de partis politiques. Et cela, au mépris de la menace que représentent ces regroupements de personnes sur les places publiques, offrant ainsi au Coronavirus, d’immenses chances de prospérer dans le pays. Inconscience et actes de désobéissance s’imbriquent ici et complexifient davantage la question de la lutte contre le fléau dont le spectre s’étend chaque jour.
Disons-le nettement : ces récents meetings sont de trop. Et j’avoue avoir du mal à comprendre qu’un parti comme le Pdci-Rda, qui compte en son sein de nombreux médecins et professeurs de médecine de référence (je songe à Djédjé Mady, Maurice Guikahué, Rémi Allah-Kouadio), se livre à de tels comportements. Ces médecins sont, tout de même, conscients des risques de contagion (et donc de propagation du Coronavirus) qu’ils font prendre à leurs militants. Mais voilà, la politique a pris le pas sur les considérations scientifiques
Bizarre Côte d’Ivoire. Voilà un pays où le politique se met au-dessus de tout et de tous. Vous êtes dans un embouteillage ? Le cortège noir des princes politiques, sirènes infernales, au mépris des prescriptions routières, fera un forcing pour passer, obligeant même les piétons à céder l’espace piéton. Des feux de régulation de la circulation, ils n’en ont cure. Ce sont des hommes politiques !
J’ai également du mal à comprendre que l’autorité suprême ait permis ces meeting et marches qui jurent avec les belles recommandations civiles à observer dans la lutte contre le coronavirus. Là, un meeting pour exiger le retour de Gbagbo ; ici une autre marche pour célébrer Ouattara ; là-bas, un autre meeting pour dénoncer les réformes constitutionnelles ; réformes que, par ailleurs, la constitution de référence permet, en toute légalité, au chef de l’État, de faire ! C’est à n’y plus rien comprendre.
Le destin de ces leaders politiques (Ouatrara, Gbagbo, Bédié) est-il au-dessus de la vie du peuple ivoirien ? Une solution urge pour freiner l’escalade. Il s’agit de mettre tout en œuvre pour interdire ces rassemblements, véritables actes d’insubordination dont la récurrence est à craindre. Comment procéder ?
Réprimer ces rassemblements de manière dissuasive (l’autorité a les moyens de le faire) ne serait assurément pas la voie idéale ; mais la permissivité apparente que nous observons n’est pas non plus à recommander. Entre ces deux voies, l’on pourrait envisager une médiane : considérer la « période Coronavirus » comme un moment de trêve politique. Cette trêve reviendrait à suspendre toute activité politique ; en somme, une période de grâce dont la fin sera déterminée par celle de la menace Coronavirus. Pour la santé des Ivoiriens, rien ne nous empêche, en effet, d’entrevoir un report du scrutin d’octobre jusqu’à… la fin de l’année par exemple, si la lutte contre ce fléau devait prendre encore deux ou trois mois. La santé des Ivoiriens avant tout.
Tiburce Koffi
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