Côte-d’Ivoire: Simone Gbagbo et Affi ont-ils raison de féliciter le président Ouattara ?

Troisième mandat en Côte d’Ivoire. L’annonce de Yamoussoukro

Par T. Briga

Des pluies d’hommages s’abattent sur Dramane Ouattara. Qu’a-t-il accompli d’extraordinaire ? Que s’est-il passé depuis 2010, date de son accession au pouvoir par effraction et sa dernière sortie médiatique qui, pour celui qui observe avec neutralité la vie politique Eburnéenne, ressemble plus à une abdication en rase campagne, qu’à un acte salutaire, assimilable à la manifestation d’une quelconque bravoure selon Affi Nguessan et surtout Madame Gbagbo.

Croyez la peine qui est mienne d’énoncer ce qui peut paraître comme écorner la stature du commandeur symbolisée par Ehivet Gbagbo. Les images indécentes des arrestations du Président Gbagbo et de son épouse par la soldatesque étrangère pour installer Dramane, demeureront à jamais gravées dans le conscient collectif des ivoiriens comme une tache indélébile.

AFFI N’GUESSAN

Que des personnes comme Affi N’guessan considèrent les propos de Ouattara de ne pas briguer un 3ème mandat et de transférer le pouvoir à une jeune génération comme un acte fort, qu’il faut saluer ne peut étonner personne. Il demeure dans son rôle. Dans son esprit, il se voit déjà calife à la place du calife. Il croit incarner la nouvelle génération en question. Gbagbo hors jeu, Affi sur orbite. Rien n’a changé dans son attitude.

Car depuis sa sortie de la prison de Bouna, et à la surprise de ses camarades du parti, il a posé un certain nombre d’actes qui n’ont fait que torpiller le FPI, son parti d’origine. Même s’il en a été exclu, il ne renonce pas, avec ses déclarations récentes, à servir la soupe au pouvoir duquel il dépend étroitement et surtout pécuniairement.

SIMONE EHIVET GBAGBO

Mais que des cadres du FPI et non des moindres, notamment Madame Ehivet Gbagbo puissent déclarer que « « Cette décision (de Dramane Ouattara) est très importante, (…) très courageuse (…) salutaire (..) va (…) consolider la démocratie (…) le respect de nos textes fondamentaux (…) la paix des cœurs », trahit et anéantit le sens de la lutte menée par les patriotes ivoiriens, soutenus par les intellectuels de tous horizons pour dénoncer et combattre la manière dont ce personnage s’est accaparé du pouvoir en 2010 et la manière dont il l’a exercé. Au nom de votre foi, puisque vous en faites étalage sur la place publique, vous pouvez à titre personnel pardonner sans aller dans l’excès. De là à féliciter son bourreau comme initiateur d’une démocratie consolidée, on croit rêver.

La démocratie a bon dos. Le fait d’avoir été vaincu militairement et arbitrairement n’oblige pas le vaincu à glorifier son oppresseur. De quelle consolidation démocratique parle-t-on ?

Ils sont nombreux les exilés dans les pays limitrophes à vivre dans des conditions misérables. Ils y meurent, parce que le régime qui a « consolidé la démocratie » refuse qu’ils retournent dans leur pays, la Côte d’Ivoire. Madame, ils croupissent et meurent dans les prisons de ce régime qui a « consolidé » selon vous la démocratie.

Les militaires qui bravement ont accompli leur devoir en défendant la patrie, le régime du Président Gbagbo légalement élu en 2010 en référence au respect des textes fondamentaux qui régissaient lesdites élections. Les Dogbo Blé, Séka Séka et bien d’autres se consument à petits feux dans les prisons de celui qui a « consolidé » la démocratie. Jusque là il était constant pour dire que le régime de Dramane Ouattara n’avait aucune légitimité parce qu’il n’avait pas gagné les élections de 2010. D’ailleurs de nombreux enfants de la Côte d’Ivoire sont morts, ont été tués au nom de cette vérité. Des villes entières ont été anéanties. Cf. Duekoué – Guizotron …

***

La décision de ne pas briguer un troisième mandat ne vient pas de Dramane Ouattara. Elle lui a été imposée par son employeur. En d’autres termes c’est un licenciement disons à l’amiable. Alors n’y voyez pas, Affi et vous même Madame Ehivet Gbagbo, de grandeur de quelqu’un qui aurait posé un acte fort et « consolidé » la démocratie.

Dramane Ouattara a vite fait le constat des forces en présence. Le peuple ivoirien ne lui est pas acquis dans sa grande majorité. La rébellion qui l’a amené à la tête du pays a compris comment elle a été dupée et s’est liguée contre lui. D’ailleurs il en a emprisonné une bonne partie. Et la communauté internationale, gênée par les actes qu’il a posés, (emprisonnements sans cause réelle des opposants, des petits procureurs aux ordres…), s’est éloignée de lui.

Pour sauver les meubles et préserver un semblant de dignité, il a transformé la sanction de ses employeur en démission. C’est ainsi, qu’il a réuni dans une cérémonie grandiose, ses vassaux, ses valets et ses courtisans à Yamoussoukro pour leur annoncer ne pas briguer un 3ème mandat. Naturellement il a omis de leur dire que les ordres de mettre un terme à son contrat de travail venaient de ses vrais employeurs.

N’offensez pas Locke et Montesquieu. qui s’appuient sur la séparation des pouvoirs pour caractériser un régime démocratique, en faisant de Dramane Ouattara un parangon de la démocrate.

Contribution de T. Briga

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1 réflexion au sujet de « Côte-d’Ivoire: Simone Gbagbo et Affi ont-ils raison de féliciter le président Ouattara ? »

  1. « – ADO pissanci, amagni deh ! Pissanci !
    – ADO pissanci, amagni deh ! Pissanci !
    – ADO pissanci, amagni deh !Pissanci ! « 
    écrivait quelqu’un sur ici sur un autre sujet.
    Certainement que l’argent est passé par là car de la misère morale à la misère financière il y a juste un petit pas à franchir.
    Quoi Koïta depuis Château Rouge.
    À chacun sa lorgnette !!

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