Par Connectionivoirienne
Le 8 mars de chaque année, la femme est célébrée partout dans le
monde. Au delà de l’aspect festif, c’est une occasion pour évaluer la
condition féminine dans la société et de se projeter. La Côte d’Ivoire,
à l’instar des pays du monde ne passe pas sous silence cette journée.
Pour notre part, nous nous pencherons sur la place de la femme dans
les Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI), mais plus précisément
dans les unités d’élite, et les avancées notables en matière du genre.
En clair, quel est l’état des lieux depuis 2011 ?
Longtemps dévolu aux hommes, le métier des armes s’est ouvert avec
le temps et avec la volonté politique à la gent féminine.
Progressivement, l’intégration de la femme au sein des FACI s’est
faite et depuis 2011, avec la volonté politique du régime d’Abidjan,
qui a fait de la parité du genre un des piliers en matière des droits de la
femme, a pris des mesures concrètes . Ainsi ,depuis 2015 le concours
d’entrée à la gendarmerie nationale est ouvert aux candidats de sexe
féminin. C’est une décision inédite puisque ce corps était jusque-là
réservé exclusivement aux hommes. Le 25 Juillet 2015, la 54 ème
promotion des officiers comptait dans ses rangs quatre femmes
officiers ouvrant ainsi la voie à la gent féminine ivoirienne.
En dépit des réfractaires à cette idée , les femmes ont désormais leur quota.
Brisant tous les préjugés qui ont longtemps entouré la femme sur la
gendarmerie, elles vont s’affirmer en intégrant par exemple les unités
d’élite. C’est le cas du lieutenant Aka Adjoua Laurence une des six
officiers de la gendarmerie nationale. Elle est désormais inscrite au
panthéon de cette profession comme la première femme officier
commando de la gendarmerie nationale depuis le 13 décembre 2019
après avoir été encadreur à l’école de gendarmerie de Toroguhé. Ce
titre est l’étape de la consécration de l’égalité du genre dans cette unité d’élite à la solide réputation. « Il n’y avait pas de femme au commando là-bas, il fallait qu’elle le fasse et on lui a fait confiance », fait savoir
une camarade de promotion. Le lieutenant Aka et trois autres femmes,
toutes ivoiriennes avaient obtenu le brevet des techniques commandos
d’Akandjé en 2016. Le lieutenant Touré Kognoba est la première
officière chef de section du Bataillon des commandos parachutistes
(BCP) une unité d’élite de l’armée de terre. «Elle a choisi cette unité
pour découvrir le mystère des para-commandos, et comme ils(les
commandos) disent pour venir avec nous pas besoin d’être gros, il
suffit d’avoir du culot. Pour venir avec nous pas besoin d’être grand,
il suffit d’avoir un peu de cran ». Elle a à son compteur 8 sauts dont 1
saut de nuit et 1 saut d’entretien sanctionné par deux brevets (ivoirien
et français). Quant à mademoiselle Coulibaly Tiéwa Noel, elle intègre
l’unité d’élite des fusiliers commandos de l’armée de l’air. Pour elle,
« La femme est en retard sur le plan de son intégration dans les
Armées », assure t’elle.
Un autre symbole de progrès en matière
d’intégration , la Générale de brigade Roselyne Johnson.
Cette officière d’infanterie est la première femme officier à être recrutée
pour le compte des forces spéciales ivoiriennes où elle occupait le
poste de chef de cellule recherche et exploitation. Aujourd’hui, elle
est le commandant en second de l’ENSOA, l’école nationale des sous-
officiers d’active qui a, à charge la formation et le renforcement des
capacités des sous-officiers de l’armée nationale.
Une autre égérie Adjaratou Bamba [photo de couverture], sous-officière de la marine de guerre, première
femme membre des fusiliers marins commando (FUMACO), ce corps
d’élite de la marine de guerre. Cette excellente manœuvrière brevetée
fusilière de la 12ème promotion, brevetée également monitrice des
techniques d’autodéfense par l’armée française et par ricochet la
première femme brevetée commando parachutiste des FUMACO à ce
jour. Adjaratou Bamba a même été désignée meilleure tireuse aux M
16,AK 47 et pistolet automatique 99 millimètres parmi les hommes.
Depuis 2019, la police nationale ivoirienne compte dans ses rangs la
première femme Contrôleur Général de l’histoire de cette corporation.
Il s’agit de la Générale Kambilé épouse Palé Élie. En amont, les
choses ont également bougées dans le bon sens. L’école de prestige
des enfants de troupes, l’EMPT de Bingerville a, elle aussi, brisé les
barrières des préjugés et depuis l’année scolaire 2013-2014, elle
accueille les filles. Elles sont 128 inscrites pour cette année scolaire
2020 et certaines sortent du lot surclassant les garçons.
C’est le cas de l’enfant de troupe, Koffi Akoua Grâce Esmeralda de la classe de 1 ère A
qui s’est qualifiée pour représenter la Côte d’Ivoire aux olympiades
internationales d’allemand qui se tiendront en juillet prochain à Dresde
en république fédérale d’Allemagne.
Les femmes ont brisé toutes les barrières qui entravaient leur
recrutement au sein des unités d’élite des armées et leurs bonnes
performances en leurs sein confirment l’idée que la femme est un
soldat comme les autres. Mais, leur nombre au sein des unités d’élite
reste insignifiant. Par exemple, pour le stage-commando de 2019 de la
gendarmerie, on comptait une seule femme sur un total de 33
stagiaires. En raison de la ténacité des préjugés à la fois culturels et les
rudes conditions de passage, les unités d’élite regorgent moins de
femmes.
En définitive, les femmes en plus d’avoir réussi leur intégration au sein
des Forces armées de Côte d’Ivoire ont pu arracher le respect des
hommes en s’imposant dans les unités d’élite. C’est un grand bond qui
mérite d’être salué. Toutefois, la marche pour l’égalité du genre est
longue au regard du nombre encore insuffisant des femmes dans les
unités d’élite.
NamidjaTouré avec Hervé Coulibaly
Écrivain
Spécialiste des questions de Défense
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