(note éditoriale) Ouattara coupe l’herbe sous les pieds de Gbagbo et Bédié en Côte-d’Ivoire: Voici pourquoi il s’auto-élimine maintenant

Par Connectionivoirienne

Pour attendue qu’elle était par la classe politique, la communauté des investisseurs, femmes et hommes d’affaires, l’opinion nationale, la décision d’Alassane Ouattara, prise ce jeudi devant le congrès, est une décision majeure.

Comme un ballon de baudruche en peine, la pression est retombée ce soir et le pays peut se projeter dans un futur prometteur.
L’annonce a créé la surprise, l’onde de choc, chez partenaires et adversaires de Ouattara. Non pas parce que sa déclaration est une renonciation qui était improbable mais simplement parce que la confusion qu’entretenait le président sur cette candidature posait un problème de droit et les adeptes des sciences politiques avaient du mal à s’accorder sur la problématique d’un troisième mandat de Ouattara. Là-dessus, les puristes du droit eux-mêmes se contredisaient et l’on était vraiment dans l’expectative. Le pays en était grippé.

Le 6 novembre 2019, en conférence de presse, c’est le candidat déclaré Dr Abbas Yaya Bamba qui mettait les pieds dans le plat et le cours de l’histoire semble s’accomplir dans le sens qu’il avait souhaité.

«Le préalable est que M. Ouattara dise publiquement qu’il n’est pas candidat à l’élection présidentielle. Dès lors qu’il va faire cette déclaration, cela va apaiser les esprits. Ce sera une déclaration capitale de rupture, une déclaration qui va donner le souffle à la Côte d’Ivoire. Cela va déblayer les esprits. Il aura une responsabilité historique de remettre en place ce qu’il a dérangé », soutenait cet aspirant à la magistrature suprême qui réside aux Etats-Unis.

Bref. Alassane Ouattara qui s’efface de gré ou sous la pression, n’a peut-être pas dit son dernier mot même si ce geste du moment est à saluer. Pour qui connaît Alassane Ouattara depuis son entrée en politique, ce président qui a forcé son destin ne prend jamais de décision s’il n’a dans son sac une qui la compense.

Il est clair qu’en prenant cette décision maintenant alors qu’il avait donné rendez-vous en juillet, le chef de l’Etat qui s’est lancé dans un chantier de réforme constitutionnelle va régler certaines questions cruciales liées à la présidentielle 2020.
L’une des premières idées derrière cette nouvelle option pourrait être la mise à l’écart des ‘’gens de sa génération’’. Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié en l’occurrence. Au moment où il se retire, il voudrait voir les deux anciens présidents suivre son exemple ou à défaut, les y contraindre.

Un amendement qui introduit la limitation de l’âge par le haut ne serait-ce qu’à 75 ans élimine de facto ces deux personnalités. Et selon les rumeurs qui circulent, parmi les mesures envisagées par le président de la République, figure bien cette réforme.
Ici, le président a joué un peu tactique en commençant par lui-même de sorte à rendre moins amère la nouvelle quand Bédié et Gbagbo apprendront dès la fin mars qui ne sont plus concernés personnellement par la future élection. Ouattara pourra alors rétorquer à ceux qui l’accuseront d’avoir écarté des adversaires que, lui-même, s’est sacrifié alors qu’il pouvait encore se lancer dans la course.

Le faisant, il aura le mérite non seulement de permettre un environnement serein mais également d’éloigner la psychose d’un affrontement violent autour de l’élection.

Ce mérite lui reviendrait encore plus s’il solde définitivement les mauvais comptes autour de l’organisation du scrutin. Sa décision de ce jour serait incomplète si la question de la transparence de l’élection n’est pas réglée.

Il s’agit d’un meilleur enrôlement que ce que nous voyons maintenant, l’équilibre de la Commission électorale, le retour de Laurent Gbagbo, le retour de Blé Goudé, le retour des derniers exilés et la libération des prisonniers politiques dont les partisans de Guillaume Soro.

Il devra aussi, dans un geste ultime mettre fin à l’exil forcé de Soro Guillaume, afin que lui aussi, participe à l’élection.

Sans cela l’on aura l’impression d’une symphonie inachevée, pipée, et l’on percevra cette décision du président Alassane Ouattara, en première lecture historique, comme un acte calculé qui visait à installer dans le fauteuil un poulain sans coup férir, après avoir éliminé ses plus sérieux adversaires.

Et là, le prochain président qui sera élu dans ces conditions, souffrira d’un déficit de légitimité, nouvelle source de tensions dans le pays.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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3 réflexions au sujet de “(note éditoriale) Ouattara coupe l’herbe sous les pieds de Gbagbo et Bédié en Côte-d’Ivoire: Voici pourquoi il s’auto-élimine maintenant”

  1. Dans tous les cas même s’il faisait tout ce que l’auteur de cet article suggère les gens trouveraient toujours à redire. L’article demande une mise à jour car les articles de la constitution objet de modifications sont connus donc mettez les likes du Pr on va avancer.

  2. SI TU ES CANDIDAT, JE LE SERAI AUSSI.
    ET DONC SI JE NE SUIS PLUS CANDIDAT, TU NE LE SERAS JAMAIS !
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    Bédié (une fois de plus) a été pris de court. D’aucuns diront qu’il s’est fait avoir à nouveau. Comme un débutant. Comme de (triste ?) mémoire également en 1999, où Bédié n’a rien vu venir ! Les méchantes langues une fois de plus attribueront ce retard à l’allumage à son palais extraordinaire qui fait de lui un des meilleurs goûteurs de vins rares sous nos tropiques.

    Pris de court par l’annonce du Président de la République mais également par l’ordonnance modifiant la loi sur la CEI et qui permet l’attribution d’un siège dans la Commission électorale indépendante au parti de l’opposition dont la représentation au parlement est la plus significative (LE PDCI aujourd’hui). Cette dernière décision qui serait consécutive à l’examen des doléances formulées par l’opposition, la société civile ainsi que la rencontre du président du FPI avec le Vice-Président de la République.

    L’historique déclaration du 5 Mars 2020 du Président de la République vide désormais toutes les tergiversations déclaratives au sein du PDCI de toute utilité. De Gnamien Yao à Maître BLESSY Jean Chrysostome en passant par Jean Louis Billon et autres Maurice Kakou Guikahué.

    La décision N° 001/2020/PP/CAB du 04 janvier 2020, qui consacre la nomination des membres du Comité d’Organisation (pléthorique !) de la Convention d’Investiture du candidat du PDCI-RDA, à l’élection présidentielle d’octobre 2020, a-t-elle toujours la même portée ? On voudrait le croire quand bien même la comédie était annoncée.

    Je laisse le soin à mon voisin de Yop-City, Maître BLESSY Jean Chrysostome de mûrir la réflexion pour son mentor !

    Quoiqu’il en soit, Le véritable Maitre du Jeu n’est plus le Président du Parti le PDCI ! ADO va proposer sa vision au Comité d’experts qui examinera et formulera les meilleures recommandations. Le SENAT et l’ASSEMBLEE NATIONALE statueront. Et La CEI décidera pour que le PDCI constate…

    Faute de cette grandeur d’âme qui fait les grands hommes d’Etat, il restera la solution de la chaise vide pour la dernière élection présidentielle sous les regards intéressés de Bédié ! Car le choix d’un candidat autre que lui-même est un dilemme cornélien pour le sphinx de Daoukro, chef Akan par ses origines et propriétaire du PDCI par …héritage !

    A moins que pour sauver les apparences d’un parti démocratique on pousse vers les devants de la scène un faux pion dont l’utilisation dans une élection où il a peu de chances de victoires ! Pour son éviction rapidement dès 2025…DJEDJE Mady peut donc rechausser les crampons.

    Du reste, Bédié cheval non partant pour 2020, ce ne serait pour beaucoup de nos concitoyens que la conséquence de la malédiction de Jean Konan Banny qui a recommandé « qu’on ne devrait plus confier un deuxième canari de bandji (le pays) à celui qui a cassé un premier canari. ». La belle formule !

    Pris au piège de la nouvelle (future) Constitution, Bédié a donc cependant une dernière carte en mains : Faire de la décision N° 001/2020/PP/CAB du 04 janvier 2020, LE PREMIER PAS VERS DES PRIMAIRES DIGNES DE CE NOM AU PDCI. Des Primaires qui verraient entrer en piste tous ces jeunes pousses de moins de 70 ans, qui ont écrit les heures de gloire du MEECI, des mouvements de soutien genre « Cercles BEDIE » ou des courants PDCI-Rénovation.

    L’histoire le lui rendrait grandement à coup sûr. Une victoire possible contre la sanction impitoyable d’un « Si tu es candidat, je le serai aussi. Et donc si je ne suis plus candidat, tu ne le seras jamais ! » intelligemment traduit en loi de succession intergénérationnelle.

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