Pr Prao Yao
Au lieu de prôner l’apaisement, le régime Ouattara joue à l’épuisement en côte d’ivoire
En 2011, la communauté internationale a imposé le président Ouattara à la Côte d’Ivoire. Pour faciliter la tâche à ses soutiens, il avait juré réconcilier les ivoiriens. Mais transcendé par sa volonté d’humilier les ivoiriens, il n’a jamais cherché l’apaisement en Côte d’Ivoire. Au contraire, le régime Ouattara joue à plein tube à l’épuisement dans un pays meurtri et déchiré. A sa place, un bon président devrait œuvrer à l’apaisement et ce, de plusieurs manières. En premier lieu, œuvrer au retour de tous les réfugiés. En effet, la Côte d’Ivoire a besoin, pour son développement de tous ses enfants. Chacun de nous possède un trésor qui lui a été légué par ses ancêtres. Il doit le préserver mais pas comme un avare qui le dissimule. Le talent de chaque ivoirien doit profiter au pays, c’est pourquoi nous devons œuvrer au rassemblement de toutes les filles et tous les fils de ce pays. Il nous faut revenir aux enseignements du Père fondateur afin d’exploiter l’héritage qu’il nous a légué. En second lieu, un bon président allait tout mettre en œuvre pour le retour au pays du président Gbagbo et de Blé Goudé.
En effet, notre intime conviction est que les Ivoiriens doivent revenir à leur premier amour. Dans la situation actuelle de notre pays, la libération de Laurent Gbagbo constitue l’acte fort en faveur de la réconciliation. Le président Ouattara lui-même était en exil en 1999. Quant à Bédié, le coup d’Etat de 1999 l’a éloigné du pays pendant deux années. Et c’est sous Laurent Gbagbo que ces deux personnalités sont rentrées au pays. Laurent Gbagbo n’a pas cherché à châtier ses adversaires politiques. Au contraire, à la faveur du forum de réconciliation, Bédié et Ouattara sont rentrés de leur exil parisien pour participer à cette messe de la paix. En troisième lieu, la justice pouvait être équitable pour tous, participant ainsi à l’apaisement. Or, à la suite de la crise post-électorale et de la prise du pouvoir par le président Ouattara, certaines personnalités politiques et des Ex-FDS étaient jetés en prison. Pour les Ex-FDS, la chasse à l’homme a été systématique et la traque silencieuse. Les prétextes de cette «purge» au sein des éléments des Forces de défense et de sécurité, étaient entre autres : «tentative de déstabilisation », «complot contre l’Etat», «tentative de coup d’Etat», « racket et contusion », « détournement de fonds », « faute administrative »…. Le régime Ouattara a transformé la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) et la Maison d’arrêt Militaire d’Abidjan (MAMA) en camps militaires. Pendant ce temps, les éléments du camp adverse sont en liberté. Avec toutes ces frustrations, on voit qu’il n’a jamais recherché l’apaisement dans notre pays. Au lieu de travailler à l’apaisement dans notre pays, le président Ouattara joue à l’épuisement. Son premier acte hideux reste le rattrapage ethnique. Il a créé la division dans le pays d’Houphouët en instaurant une république nordiste. Il a exclu de cette façon, une grande partie des ivoiriens de la république. Le second acte indigne du président Ouattara est son refus de la réconciliation. En effet, il n’a jamais écouté le peuple ivoirien depuis qu’il est au pouvoir.
Par exemple, la création de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) est née sans associer le peuple comme en Afrique du Sud. En effet, la CDVR a été officiellement instaurée en septembre 2011 et c’est l’ordonnance n°2011 -167 du 13 JUILLET 2011 qui spécifie les attributions, organisation et fonctionnement de la CDVR. En Côte d’Ivoire, la CDVR n’a pas eu l’onction du peuple mais d’un homme : le président Ouattara. La CDVR était dépendante du Président de la république et la suite on la connait, elle a lamentablement échoué. Le troisième acte répréhensible du président était d’aller à une nouvelle république sans un minimum de consensus. Et pourtant, la constitution n’est pas une chose banale, c’est l’âme d’un pays, c’est à la fois le concentré de l’histoire d’un peuple et la plateforme de ses espérances. Le quatrième acte suicidaire est la tentation de modifier la constitution votée en 2016.
Pendant la cérémonie de présentation des vœux de nouvel an de la nation au président, il annonçait que « Dans le courant du premier trimestre cette année, je proposerai au Parlement des modifications de la Constitution pour la rendre plus cohérente et pour consolider davantage l’État de droit et rapprocher les institutions de nos concitoyens ». La démarche actuelle du régime Ouattara est incompréhensible. Cette volonté de vouloir s’éterniser au pouvoir et écarter ses adversaires par un bidouillage constitutionnel n’est pas acceptable.
Alors en campagne pour un deuxième mandat, le président Ouattara assurait qu’il n’était pas habité par le démon du troisième mandat. Le cinquième et vilain acte du régime Ouattara est l’endettement excessif du pays. En 2011, le stock de la dette, qui était de 6.373,9 milliards F. Cfa, a été réduit par le programme Ppte, à 2.283,9 milliards F. Cfa en 2012, avec un produit intérieur brut (Pib) courant de 13.804 milliards F. Cfa. Depuis cette date, le régime Ouattara a régulièrement endetté le pays. A titre d’exemple, à la fin de l’année 2018, cette dette était estimée à 11.607,77 milliards F. Cfa et le Pib à 23.899,78 milliards Cfa. Le taux de croissance annuel moyen du Pib est de 9,7%, tandis qu’il est de 31,12% concernant la dette. Le financement des infrastructures par l’endettement est une façon pour le régime de surfacturer et détourner les ressources de l’Etat.
Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, le risque de surendettement est très élevé car les vulnérabilités économiques sont en hausse dans de nombreux pays, comme la Côte d’Ivoire, qui tardent à assainir leurs finances publiques.
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