«20 ans après l’an 2000, comment entrer dans le 21e siècle ?» Tel était le thème de la conférence animée samedi 29 février 2020 par le Prof. Mamadou Koulibaly, qui a attiré 130 étudiants et enseignants des universités d’Abidjan à la villa Alfira, sise aux 2 Plateaux.
Il est 9 heures précises quand le conférencier entre dans la salle. La maitresse de cérémonie Laetitia Apko plante le décor en retraçant la biographie et la bibliographie de celui-ci: Mamadou Koulibaly est un homme politique, agrégé en économie à l’âge de 30 ans, il enseigne sans rémunération dans les universités publiques ivoiriennes depuis 2012 et est auteur de nombreux ouvrages dont, «la guerre de la France contre la Côte d’Ivoire», «la souveraineté monétaire des pays africains», et le «leadership et développement africain» etc.
Invité ensuite à aborder la thématique du jour, l’ex-président de l’assemblée nationale commence par saluer l’auditoire, remerciant particulièrement les enseignants qui ont fait le déplacement pour leur présence remarquable. Après quoi, il entame son exposé en interprétant un histogramme de l’histoire de l’humanité intitulé “le miracle moderne de la prospérité“ : «de l’an 1 après J.c, jusqu’à 1600, le Pib par tête était très bas, c’était la pauvreté globale, la misère globale».
Pour le candidat de LIDER à la présidentielle d’octobre 2020, il n’y a pas à se faire un complexe, lorsqu’on est taxé de pauvre, de sous-développé. Ce n’est pas fatal, selon lui, parce que l’humanité tout entière est passée par-là. Avec une bonne organisation de travail, on peut changer les choses. C’est pourquoi «le décollage, l’amorce, se passe au moment où on précise les règles du jeu. Nous sommes en société, on vit comment ? Est-ce qu’on vit comme des animaux, dans le cafouillage, dans le désordre, l’indiscipline complète, ou est-ce qu’alors on met en place des normes ? Qui a droit à quoi ? Et ça c’est l’Etat de droit, préciser la réglementation et respecter la réglementation. L’Etat de droit, c’est reconnaitre les droits des populations. Vous avez un champ, vous avez des droits sur cette terre. Vous avez une voiture, vous avez un droit…»
Par conséquent, le secret de la prospérité aujourd’hui, ce n’est plus l’esclavage, ce n’est plus coloniser les nations, forcer les populations, c’est simplement apprécier et respecter l’entreprise, l’entrepreneur, le businessman. Si on résume en sept éléments, selon #Mamkoul2020, ce qui va faire le succès de notre pays «ce n’est pas l’investissement que nous allons voir en premier lieu, ce sont les valeurs: la prudence, la tempérance, la justice, le courage, la conviction d’aimer ce qu’on fait, la foi en sa société, en l’avenir et l’espérance. Ce sont des valeurs, ce n’est pas le volume des investissements».
Ce sont ces valeurs qui ont fait que certains pays du monde sont sortis brusquement de la pauvreté. En effet, les idées influencent les performances économiques. Dans l’histoire des pays où les idées, les projets, les visions et les programmes politiques comptent, on voit qui a fait quoi au pouvoir. La différence des régimes est visible.
Relativement à la question de l’école et de l’emploi, l’ex-ministre de l’économie et des finances soutient que «l’Etat se désintéresse de la formation professionnelle. Le gouvernement forme plus de 2 millions de personnes dans l’enseignement général contre 46.153 élèves dans l’enseignement technique. On focalise toute notre attention sur l’enseignement général. Puis après, on se plaint que les entreprises n’embauchent pas les plombiers, les maçons, les mécaniciens, les couturiers… Il n’existe aucune formation pour ces métiers. Or, c’est dans ça que la Chine, la Malaisie, Singapour ont fait leurs meilleurs progrès. Vous voulez être mécanicien, vous allez à l’école pour être formé en mécanique et mécatronique.»
Le résultat d’un tel constat est catastrophique. Dans les emplois hautement qualifiés, nous sommes au plus bas de l’échelle mondiale. Par contre, dans les emplois faiblement qualifiés, nous sommes au sommet. Chauffeurs sans qualification, couturiers sans qualification, professeurs de lycées et collèges sans qualification. On se retrouve là où nous sommes : impossible de décoller dans ces conditions.
Que faire ? Selon Mamadou Koulibaly, «il faut s’organiser. Ce n’est pas notre nombre qui est le problème. Le souci est notre incapacité à s’occuper du peu que nous sommes. C’est pourquoi, premièrement, je propose qu’on légalise tous les mariages en Côte d’Ivoire. Que vous soyez passé devant le pasteur, l’imam ou le maire, tous les mariages se valent. Ça fait rentrer tout le monde dans les liens du mariage et entraine les parents à être responsables devant leurs enfants. Education responsable à la maison et instruction de qualité à l’école: c’est ainsi que nous allons élever nos enfants vers des lendemains meilleurs. Le deuxième élément, c’est la question foncière, source de conflits partout. Ce que je propose, c’est d’aller dans tous les villages, organiser des audiences foraines et distribuer les titres fonciers aux populations aux frais de l’Etat. Comme troisième proposition, la réforme du système financier. C’est pourquoi mon plaidoyer sur la zone franc ne change pas. Il faut sortir du franc cfa pour aller vers une monnaie flottante. Il faut donner aux banquiers leurs prérogatives, et aux financiers les moyens de leur politique pour aider ceux qui vont obtenir les titres fonciers à pouvoir améliorer leurs outils de production. Après, il faut régler le problème de la classe politique. Il ne faut pas donner tous les pouvoirs à une seule personne. Pour rompre avec ce système actuel, je propose de basculer dans le régime parlementaire avec mode de scrutin majoritaire à un tour.»
Pour le maire d’Azaguié, ces réformes sont au cœur du combat à mener: «Si on ne réussit pas à faire tout ça, et qu’on reste dans notre même logique d’Africain à plat ventre, nous contentant des petites magouilles, ce qui va arriver sera terrible. Dans l’histoire de l’humanité, lorsqu’il y a un grand gap technologique entre les peuples, un gap technologique où les uns vont sur la lune, et les autres prennent pour un cadeau de Dieu une bouteille de Coca Cola jetée d’un avion, la tendance est le massacre des peuples faibles par les peuples devenus forts grâce à la technologie. L’exemple des mayas, des aborigènes d’Australie, des Amérindiens est parlant.
Vous avez donc le choix entre rester chez vous et dormir, ou vous engager et foncer, en tout cas, moi je reste à votre disposition pour entreprendre ces réformes comme président de la République de Côte d’Ivoire, dès cette année si vous me votez».
C’est sur ces mots que le professeur d’économie termine son exposé, sous une pluie d’applaudissements, avant de répondre aux questions du public et de passer le micro au délégué national LIDER pour les arts, la culture et la communication, Dr. Paul-Hervé Agoubli, initiateur de la rencontre, pour son mot de fin.
Loin des vacarmes inutiles, le Prof. Mamadou Koulibaly consolide sa position de candidat majeur à l’élection présidentielle de 2020.
Lider News
La force de Gbagbo est d’avoir parcouru la Côte d’Ivoire, d’avoir visité plus de 8 mille sites habités, de parler simple et clair à la population, d’user du langage imagé et de l’analogie, en plus du proverbe. Résultat, son message a touché bien au-delà de sa sphère ethnique et tribale. Son « meilleur élève », Soro, a entrepris d’user de la même méthodologie pour des résultats ont plus que dérangé le RDR-RHDP en très peu de temps. Soutien inconditionnel de Koulibaly, la justesse de son propos entre en résonance parfaite avec moi. Mais quid du petit peuple des bas quartiers, des campements, des villages, des semi-lettrés et des analphabètes ?
Si la juste mesure de cette négligence n’est pas prise, j’ai bien peur que Lider ne connaisse le destin du PIT de Wodié, parti de « travailleurs » mais dans la pratique, groupement élitiste tourné vers la nouvelle bourgeoisie d’intellectuels et d’urbains. Y’a du monde dans le pays profond, au fin-fond de la brousse, et qui, plus, vote. Développez une stratégie pour lui rendre accessible le message de Koulibaly. Parce qu’au sein de la jeunesse scolarisée, c’est déjà calé-géré-bouclé pour Koulibaly grâce notamment aux réseaux sociaux.