Dans une note d’information datant du 25 février, le directeur de
l’École supérieure d’agronomie de l’Institut national polytechnique
Félix Houphouët-Boigny (Inphb) informait les étudiants de
l’interdiction du port du voile intégral ou partiel.
La décision a suscité de nombreuses réactions et relancé le débat sur la laïcité dans les espaces scolaires et universitaires en Côte d’Ivoire.
À l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny (Inphb) de Yamoussoukro, la capitale de la Côte d’Ivoire, les étudiants de l’école supérieure d’agronomie (ESA) ont été informés, mardi 25 février, que « le port du voile intégral ou partiel est formellement interdit ».
Dans sa note d’information, Siaka Koné, le directeur de l’ESA, prévenait en outre que « tous les élèves qui ne respecteront pas cette consigne s’exposeront à des sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu’à l’exclusion définitive. »
Avant cette note d’information, le secrétariat général de l’Institut menaçant d’exclure les contrevenants, avait rappelé – dans une note de service datant du 4 février – aux élèves que, conformément aux dispositions de l’article 12, alinéa 1 du règlement intérieur des résidences universitaires, il est interdit de faire des zones communes des lieux de prière.
Étudiante renvoyée
Dans cet établissement supérieur d’excellence, plusieurs décisions et sanctions ont été prises pour le respect de la laïcité. Selon d’anciens étudiants contactés par La Croix Africa, une étudiante qui portait le voile intégral et refusait de se conformer au règlement avait été exclue en janvier 2003. « On était en pleine guerre, se souvient l’un d’eux qui a requis l’anonymat. Donc l’administration a argumenté en utilisant les questions sécuritaires liées à l’incapacité d’identifier les étudiants. Le règlement stipule en effet que pour avoir accès aux salles de classe les étudiants doivent être identifiables. »
L’histoire de cette élève renvoyée est bien connue des anciens de l’Institut et sert parfois d’exemple pour prévenir les nouveaux sur les conséquences du non-respect du règlement. « Quand nous étions en classe préparatoires, en 2013, on nous parlait de filles qui avaient refusé d’enlever le voile intégral et qui avaient été exclues, raconte ainsi Fabrice, un ancien élève de l’établissement. Dans notre promotion, nos camarades voilées intégralement ou partiellement étaient menacées de renvoi mais jusqu’à la fin de notre formation en 2018, elles ont porté le voile sans être inquiétées ».
Une pratique tolérée
La récente note d’interdiction du voile partiel ou intégral à l’Esa largement partagée sur les réseaux sociaux ivoiriens a relancé le débat sur le principe de la laïcité et la neutralité dans l’espace universitaire, dans un pays où sont tolérés l’aménagement d’espace de prières et la présence d’objets religieux dans les établissements et administrations publics.
Pour certains internautes, la décision d’interdire le voile est conforme au principe de la laïcité. « On est libre de son appartenance religieuse mais pour le bon fonctionnement de la vie sociale, on n’est pas libre de la pratiquer dans certains endroits, soutient Jay Nanan. Ce directeur qui interdit aujourd’hui le voile est le même qui a interdit, dès sa prise de fonction en 2011, les cellules de prières dans les amphis. »
Dans une chronique intitulée «dévoile-toi ou barre-toi ! », la blogueuse ivoirienne Tchonté Silué, invite quant à elle à « laisser les lois et être logiques et humains. »
« Je sais par exemple que c’est interdit de fumer en public parce que la fumée aura un impact sur la santé des autres, écrit-elle. Mais j’ai beau me triturer les méninges, je n’arrive pas à comprendre en quoi mon choix de porter le hijab porte atteinte à la liberté d’autrui ou au fonctionnement d’une organisation. »
Guy Aimé Eblotié, à Abidjan
Africa.la-croix.com
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