Par Connectionivoirienne
A peine rend-t-il le tablier au Crédit Suisse que le jeune banquier Tidiane Thiam ancien ministre du plan de Konan Bédié est convoité par des groupes constitués sur les réseaux sociaux pour qu’il brigue la présidentielle d’octobre prochain.
Le jeune banquier ne s’est pas encore officiellement prononcé sur la question même si dans certaines de ses conférences il évoque sa méthode de management en faisant des allusions aux dirigeants politiques. Comme au cours de cette conférence dont une vidéo circule sur la toile et où il déclare : ‘’Mentir c’est mal. On ne peut pas diriger une communauté humaine en mentant. Il faut dire ce qui est’’. Tidiane Thiam fait une brillante carrière de banquier, lui qui a dirigé, résultats probants à l’appui, le Crédit Suisse, l’une des puissantes banques de Suisse et du monde. C’est un polytechnicien qui s’adapte facilement aux situations comme il se définit lui-même. Il peut donc être à l’aise comme dirigeant politique tout comme il l’est en tant que dirigeant de banque.
Mais du milieu financier au marigot de la politique ivoirienne, il y a surement une transformation voire une transfiguration à faire tant les choses ne sont plus aisées et la probabilité d’y réussir après une brillante carrière de banquier n’est pas donnée d’avance.
On a sublimé l’ancien Dga du Fmi, Dr Alassane Dramane Ouattara, les résultats de sa gouvernance au moment où il prépare sa retraite sont mitigés. Le fruit n’est pas à la hauteur de l’abondance et de la beauté de la fleur.
Il est vrai que Thiam a pour lui, sa capacité d’adaptation mais après avoir quitté la Côte d’Ivoire suite au coup d’état de 1999, il y a 21 ans en arrière, les réflexes ivoiriens ont changé. La façon de faire la politique aussi. Non pas qu’il y a des paradigmes nouveaux de gestion de la chose politique mais le débat a davantage perdu en richesse. Ici, on ne parle plus programme, on ne parle plus vision et avenir de la jeunesse. Le communautarisme s’est accentué et le vote en est largement tributaire. Que peut Tidiane Thiam dans un pays où la corruption financière, morale et spirituelle est devenue un mode de gouvernance ? Que peut Thiam dans un pays où le débat est dominé par l’ethnie, le népotisme et la peur du lendemain qui amène le régime à se durcir et à ne laisser aucune once de liberté ?
Sa prestance, son charisme, son air débonnaire qui sont ses atouts sont encore à la sauce européenne. Il lui faudra une dose de tropisme. C’est un atout nécessaire pour qui veut conquérir le pouvoir. Ici, on ne regarde pas vos belles idées sinon Mamadou Koulibaly de Lider caracolerait en ce moment en tête des sondages. On veut le confort de votre portefeuille parce que ce qui importe ici c’est le ‘’manger’’. Créer des clubs de soutien pour ‘’manger’’. M. Thiam peut-il délier la bourse quand on sait qu’il pèse des milliards de FCFA ? En quelque huit mois, il devra alors accepter de saigner financièrement s’il veut faire la différence et vite remonter dans les sondages. C’est tout cela que nous qualifions de tropisme. S’adapter à la façon ivoirienne de faire la politique.
Sinon de notre point de vue, Tidiane Thiam doit d’abord vouloir la présidence de la République et non être quelqu’un qui est poussé vers un objectif qui n’est pas le sien. Une fois cette condition remplie, il devra venir se faire connaître de la masse dans son pays en parcourant légions et régions, hameaux et campements. Il pourra se donner 5 ans pour le faire. Alors seulement, il pourra être un candidat sérieux pour le quinquennat 2025-2030. Le pays aura alors fait sa mue après l’effacement du trio infernal Bédié, Gbagbo et Ouattara.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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