par Karina Fofana
Vingt-et-un ans après avoir participé au coup d’État du 24 décembre 1999 du général Robert Gueï qui s’est soldée par la chute du président Henri Konan Bédié, Gaoussou Koné dit « Jah Gao » est l’un des ténors de la plus grande crise militaro-politique que la Côte d’Ivoire a connue en 1999.
Qui est cet ex-seigneur de guerre aujourd’hui, commandant de Bataillon de commandement et de soutien (BCS), l’un des rares encore en vie ?
Gaoussou Koné dit « Jah Gao », est originaire d’Odienné, au nord-ouest de la Côte d’Ivoire. Surnommé « Jah Gao », un pseudonyme dont ‘‘Gao’’ est le diminutif de son prénom Gaoussou et « Jah », de son ami d’enfance, le reggaeman Tiken Jah Fakoly. Il est un ex-Commando parachutiste. Il a servi à la première Compagnie aéroportée devenue, par la suite, la Force d’Intervention rapide para-commando (FIRPAC). C’est un ancien seigneur de guerre des Forces nouvelles (FN) qui fût un des acteurs clés de la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire.
Le 24 décembre 1999, Gaoussou Koné a fait partie de ceux qui ont pris part au coup d’État du général Robert Gueï qui s’est soldé par la chute du président Henri Konan Bédié. Dans une interview accordée à ‘’le mandat’’ en 2011, il affirme être, « l’initiateur de tout ce qui s’est passé depuis 1999 ». » J’ai nourri l’idée de faire un coup d’État en vue de libérer tous les prisonniers militaires et politiques ».
Gaoussou Koné dit « Jah Gao », l’un des ténors de la crise militaro-politique de la Côte d’Ivoire en 1999
« J’ai contacté Diomandé Souleymane dit la « Grenade », Oumar Diarrassouba dit « Zagazaga », Touré Issa, Touré Inza, Touré Jean-Marie, Aboudramane Ouattara, Keïta Moussa, Ben Laden et autres. Qui ont de fait donné leur accord. C’est chez moi, à Adjamé-Bracodi, qu’on tenait toutes nos réunions. Après, la Grenade et moi sommes allés en mission en Centrafrique. Donc le projet a été bloqué un moment. Mais quand nous sommes revenus, nous avons repris les activités et, cette fois, nous avons prétexté le non-paiement de notre pécule de mission en Centrafrique pour faire le coup d’Etat « , avait-il poursuivi.
Le 19 septembre 2002, il fait ainsi partie des rebelles du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) de Guillaume Soro, rebaptisés FN qui ont lancé l’offensive depuis Abidjan en vue de renverser le pouvoir de Laurent Gbagbo. » Ce qui nous a motivés en 2002, comme tout le monde le sait, c’était pour restaurer la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire. Au temps du général Gueï, il y avait beaucoup de dérapages. Etant dans l’armée en tant que commando parachutiste à la FIRPAC dans le groupe d’intervention rapide para commando, l’armée était divisée et même politisée ».
Gaoussou Koné dit « Jah Gao », l’un des ténors de la crise militaro-politique de la Côte d’Ivoire en 1999
« Ce qui n’était pas du tout normal. L’armée doit demeurer apolitique. Au sein de l’armée, régnait le vent de la discrimination et aussi du tribalisme. Les Nordistes étaient montrés du doigt. Tout cela se remarquait dans les patrouilles », avait dénoncé Gaoussou Koné. Pour lui, » (…) Quand Gbagbo est venu au pouvoir, on pensait qu’il allait appeler tous les exilés militaires pour revenir dans l’armée. Cela n’a pas été le cas. C’est en outre dans ce cadre que nous sommes organisés pour venir contre lui, le 19 septembre 2002. Avant ce jour, on avait déjà fait un mois à Abidjan » (…).
En 2006, il devient le commandant de zone (com-zone) de la zone 9 de Boundiali-Tengréla, située au nord-ouest du pays. Après la chute du régime de Laurent Gbagbo en 2011, il fût bombardé par le régime du président Alassane Ouattara, commandant en second du bataillon des commandos parachutistes à Abobo, puis promu par la suite Commandant plein du Bataillon de commandement et de soutien (BCS) en 2019, avec le grade de Colonel. En septembre 2016, il rappelait les hauts faits de guerre de Guillaume Soro, au moment où celui-ci était le chef rébellion.
Ainsi, après la fin de celle-ci, il affiche clairement sa reconnaissance à Guillaume Soro, dont il salue les qualités multiples. « C’est un homme de parole, c’est un homme digne et il ne trahit pas. Tous ceux qui l’ont trahi sont tombés. C’est le lieu de le dire. Le Président Soro connaît parfaitement ses chefs militaires. Nous avons d’ailleurs dormi ensemble dans les mêmes maisons. Nous étions délaissés en exil quant à son arrivée, il nous a réorganisés », avait témoigné l’ex-chef de guerre.
Précisons que Gaoussou Koné est pratiquement le seul survivant que l’on aperçoit auprès de Gueï au moment où celui-ci faisait sa première déclaration de prise de pouvoir en 1999. Une longévité que ce grand mystique croit tenir de ses gris-gris ainsi qu’autres amulettes dont il est fidèle. En somme, l’ex-rebelle a épousé la chanteuse de la musique mandingue, Assita Keïta dit Affou Keïta, née d’une mère griotte. D’ailleurs, celle-ci a même sorti un album qui avait pour titre « Commandant » pour rendre hommage à l’élu de son cœur à travers les louanges de celui-ci.
Le dimanche 2 mars 2014, Gaoussou Koné, alors lieutenant-colonel, créait la surprise en épousant dans la pure tradition musulmane Mariam Traoré, députée de Tengréla. « Je suis l’unique femme de Jah Gao. En termes de rapport, elle n’est pas mon amie. Affou Keïta n’est pas ma rivale », s’était marré Traoré en 2014 dans les colonnes de Linfodrome.
« Il parait qu’elle a dit n’importe quoi. Il y a des amies qui m’ont interpellée pour que je réponde mais je ne répondrai pas. Elle cherche à me narguer en déclarant qu’elle me connait à travers ma musique et qu’au cours des mariages, elle ‘’travaillait’’ sur moi. (…) Dans tous les cas, j’ai décidé de ne pas répondre à cette femme. Ce que je sais, c’est que je suis sereine », avait répliqué, la coépouse, Affou Keïta.
Afriksoir.com
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