L’opposition propose un « parrainage citoyen et non politique » a la prochaine présidentielle en Côte-d’Ivoire

Edwige FIENDE

La coalition de l’opposition Ensemble pour la démocratie et la souveraineté et ses alliés de la plateforme Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix (CDRP, opposition), initiée par le leader du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) Henri Konan Bédié ont proposé jeudi un « parrainage citoyen et non politique si le principe du parrainage » des candidatures devait être adopté pour la présidentielle d’octobre.

Mercredi, les partis politiques ont été conviés pour une rencontre avec le gouvernement dans le cadre des discussions pour la réforme du code électoral.

« Nous avons estimé que si le principe du parrainage des candidatures doit être adopté, il ne peut s’agir que de parrainage citoyen et non politique comme le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti au pouvoir) tente de le faire adopter », a affirmé le vice-président de EDS, Jean Gervais Tcheidé, faisant le point de cette deuxième rencontre avec le gouvernement.

Pour lui « la majorité des intervenants » ont souhaité que les partis n’ayant pas d’élus ne soient pas écartés, par le parrainage politique.

« Le parrainage citoyen est un plébiscite avant l’heure du candidat par les populations directement, c’est ce que la majorité a demandé », a-t-il insisté.

Au cours de la rencontre, ces opposants ont aussi suggéré que la Commission électorale indépendante (CEI), contestée par une partie de l’opposition, « assujettie au pouvoir exécutif à travers les dispositions du code électoral, soit affranchie de toute forme de dépendance ».

Jean Gervais Tcheidé a estimé que le gouvernement « devrait être gêné que sur les 549 commissions locales mises en place, 529 soient dirigées par le RHDP ».

« Il est à craindre que si la CEI n’est pas dissoute, le peuple ait des comptes à demander au RHDP », a prévenu Henri Niava, président de l’USD, parti de l’opposition membre de la CRDP qui coanimait la conférence de presse.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

Dialogue politique – Voici les observations et propositions concrètes de l’opposition

• Un parrainage citoyen
• Libération des prisonniers et dégel des avoirs
• Une Cei réellement indépendante (propos liminaire intégral)

CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE DES PLATEFORMES POLITIQUES ENSEMBLE POUR LA DEMOCRATIE ET LA SOUVERAINETÉ (EDS)
COALITION POUR LA DEMOCRATIE, LA RECONCILIATION ET LA PAIX (CDRP) ET LEURS ALLIÉS

DECLARATION LIMINAIRE

Abidjan le 16 janvier 2020

Mesdames et messieurs les journalistes,
Mesdames et messieurs les professionnels de la communication et des médias en ligne,

Au nom des directions des plateformes politiques Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (EDS), Coalition pour la Démocratie, la Réconciliation et la Paix (CDRP) et leurs alliés, je voudrais vous saluer et vous remercier pour votre présence effective, suite à notre invitation.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Le vendredi 10 janvier 2020, à l’occasion de la conférence de presse conjointe organisée par EDS et le PDCI-RDA, l’opposition significative, que le pouvoir, par des subterfuges, avait écartée des discussions sur la CEI, a pris soin de passer trois messages importants :

1- Nous avons réaffirmé notre position sur la nouvelle CEI : l’opposition récuse et rejette la nouvelle CEI mise en place par le gouvernement suite à un passage en force. Cette CEI, à travers sa commission centrale et ses commissions locales, est scandaleusement déséquilibrée au profit du pouvoir RHDP. Les discussions doivent donc être entièrement reprises afin de doter la Côte d’Ivoire d’un organe électoral consensuel, véritablement indépendant..
2- Tout en continuant de marteler que la CEI actuelle, si grossièrement inféodée au pouvoir ne peut pas raisonnablement organiser des élections crédibles et apaisées, nous avons aussi clairement affiché notre détermination à prendre une part active et constructive aux discussions sur le code électoral.
3- Nourrie de l’expérience de la première phase du dialogue où le pouvoir a manœuvré pour nous écarter et ensuite nous accuser de partiquer la politique de la chaise vide, l’opposition a décidé de tenir l’opinion publique régulièrement informée du déroulement des discussions avec le gouvernement, afin que nous soyons tous au même niveau d’information. C’est la raison de la présente rencontre que nous avons souhaité avoir avec vous.

Le mercredi 15 janvier 2020, nous avons participé aux discussions du comité restreint de haut niveau sur le code électoral mis en place par le gouvernement. A cette rencontre qui concernait exclusivement les partis politiques, nos échanges avec le gouvernement ont porté sur les sujets suivants

A- Sur les questions de méthodologie

• Que le secrétariat de séance soit composé de représentants du gouvernement et des partis politiques
• Que le gouvernement, qui a recueilli les propositions des partis politiques nous donne à son tour ses propositions sur le code électoral, par souci d’équilibre et pour des échanges dynamiques
En réponse à ces préoccupations préalables le gouvernement a répondu ceci :
– C’est le ministère de l’intérieur qui va assurer le secrétariat de séance. Le procès-verbal de chaque rencontre sera soumis à l’approbation des participants à l’entame de la réunion suivante
– Le gouvernement nous a fait savoir qu’il n’avait pas de propositions sur le code électoral à part l’existant mais qu’il présent à ces discussions justement pour prendre nos propositions ; en conséquence c’est ce que décideront les partis politiques qui sera adopté.

Sur cette base nous avons levé nos préalables et sommes passés aux différentes thématiques.

En tant que groupements et partis politiques d’opposition nous avons égrené les sujets que souhaitons soumettre à discussion avec le gouvernement. Ce sont :
1) Les pouvoirs de décision de la CEI
La quasi-totalité des intervenants ont estimé que dans le code électoral actuel, sur des questions majeures telles que le découpage électoral, la liste électorale, les dates des élections et bien d’autres, la CEI propose et le gouvernement décide par décret en conseil des ministres. L’organe électoral qui est censé être indépendant et autonome est donc assujetti, en réalité, au pouvoir exécutif. Notre souhait est que la CEI soit totalement affranchie de tout pouvoir, et qu’elle puisse librement travailler et décider, dans le respect des lois, bien entendu.
2) La question des procédures de révision ainsi que la fiabilité de la liste électorale
3) L’environnement électoral : des intervenants ont demandé la libération des prisonniers politiques, l’arrêt des poursuites judiciaires politiques, et le dégel des avoirs des opposants
4) La question du parrainage des candidatures et du cautionnement ; la quasi-totalité des participants ont déclaré que si le principe du parrainage doit être adopté il ne doit s’agir que de parrainage citoyen. Et cela a été repris dans la synthèse faite par le gouvernement
5) Le phénomène de la transhumance et du convoyage des électeurs : les discussions approfondies qui vont suivre devraient nous permettre de trouver solution pour enrayer totalement ce phénomène.
6) Le mode opératoire et les questions techniques liées à l’organisation pratique du scrutin : des propositions concrètes ont été faites concernant le statut et le rôle des représentants des candidats dans les bureaux de vote ; le dépouillement des votes par bureau de vote ; l’affichage des résultats dans les bureaux immédiatement après leur proclamation etc.
Au terme de ce premier jour de discussions nous avons convenu de nous retrouver le mercredi 22 janvier pour aborder les différentes thématiques en profondeur.

A cette fin, les plateformes EDS, CDRP et leurs alliés ont mis en place un comité technique afin d’affiner ensemble nos propositions, dans l’intérêt supérieur de notre pays.

Nous continuons d’affirmer que les discussions sur le cadre juridique et institutionnel doivent se dérouler dans la sérénité, sans précipitation. La Côte d’Ivoire organise les élections pour elle-meme et non pas pour faire plaisir à quiconque.

Merci de votre aimable attention.

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