Abidjan le 14 janvier 2020
Les peuples de Côte d’Ivoire assistent avec anxiété à la crise socio politique en Côte d’Ivoire. En effet, le spectre d’une guerre civile réactionnaire est plus que visible à l’horizon des élections présidentielles d’octobre 2020. Le principal fauteur de cette guerre, le pouvoir Ouattara, parvenu en 2011 au perchoir de l’Etat néocolonial avec l’appui des impérialistes, a décidé de s’y installer durablement par la force. Ce pouvoir fait régner la terreur ; il empêche toute manifestation de l’opposition, réprime toute velléité de contestation et toute dénonciation de l’Etat de non droit, emprisonne les élus, les chefs des partis politiques d’opposition; il viole constamment la constitution autocratique qu’il a imposée à la Côte d’Ivoire en 2016 par la fraude; il infantilise la justice et le parlement ; il a mis en place un conseil constitutionnel et une commission électorale à sa solde ; bref il veut, par un passage en force, confisquer le pouvoir pour plusieurs mandats afin de couvrir tous les crimes politiques et économiques à son actif.
La Côte d’Ivoire, néo colonie française, est donc à nouveau au bord de l’éclatement comme en 2011. La France et les puissances impérialistes se jouent les maîtres du jeu et sont en état de vigilance accrue pour une issue toujours favorable à leurs intérêts.
Officiellement, la France et les puissances impérialistes, comme en 2011, « encouragent » les ivoiriens à aller à des élections apaisées. Elles souhaitent, comme l’a souligné le Nonce Apostolique dans son adresse au président de la république lors de la présentation de vœux du 2 janvier 2020, la participation de tous les acteurs politiques au processus électoral. Dans la pratique, elles entendent accompagner le processus électoral en cours avec une commission électorale contrôlée par le RHDP à 60% au niveau de la commission centrale et à 96% dans les commissions locales; elles sont prêtes à financer ces élections qui s’annoncent « calamiteuses » ; elles s’activent pour « encourager » les partis d’opposition à ne pas boycotter le simulacre de dialogue organisé par le pouvoir Ouattara sur le processus électoral ; elles « conseillent » ces partis à ne pas se laisser déborder par « les extrêmes ». Sans commentaires !
A la dernière visite de Macron en Côte d’Ivoire pour passer en revue l’armée d’occupation basée à Port Bouet et pour la signature de gré à gré de plusieurs contrats en faveur des multinationales françaises, la France et le pouvoir RHDP se sont accordés pour interdire toute manifestation de l’opposition le temps du séjour. Ils ont décidé ensemble le report du retour de Soro Guillaume candidat déclaré aux élections.
Ces actes signifient que la France soutient pour l’instant le pouvoir RHDP. Elle le soutiendra politiquement et militairement tant qu’une autre force de l’opposition ne montrera pas sa capacité à mieux servir ses intérêts néocoloniaux. Nous pouvons donc affirmer que la France suit de très près la crise socio politique qui secoue la Côte d’Ivoire. Elle agira à temps opportun pour imposer au peuple une issue en sa faveur, c’est-à-dire la survenue d’un pouvoir qui lui est soumis. Elle aidera à réprimer le mouvement révolutionnaire sans ménagement. Elle appuie pour l’instant le RHDP, mais elle peut aussi appuyer tout autre parti de hauts bourgeois pourvu que celui-ci montre sa disposition à la servir.
Le combat politique actuel est une bataille pour les libertés, la démocratie et la souveraineté. Il importe aux peuples, aux démocratiques, aux patriotes et aux révolutionnaires de se mobiliser, de ne laisser aucun répit à toute force qui s’opposera à cet objectif.
Achy Ekissi
Secrétaire Général
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