La dette par tête d’habitant en Côte-d’Ivoire a augmenté de 453% entre 2012 et 2019 (rapport)

Face au gouvernement qui annonce une augmentation du PIB par habitant à 1704 dollars US en 2019, les critiques rétorquent que dans le même temps le pays s’est considérablement endetté sur la même période. Encore que ce PIB de 1704 dollars par habitant reste très largement inégalement réparti.

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RAPPORT SUR LA DETTE PUBLIQUE A FIN SEPTEMBRE 2019

Le présent rapport porte sur les données de la dette publique au 30 septembre 2019. Il met en relief le
service dû, le service payé, les arriérés ainsi que l’encours et les stocks de la dette extérieure et intérieure
de l’Administration centrale et la dette garantie par l’Etat. Les chiffres y sont exprimés en milliards de
F CFA, sauf indications contraires. Le Produit Intérieur Brut (PIB) est estimé à 25 955,08 milliards.

Le stock de la dette s’élève à 12 628,76 milliards, comprenant 8 360,67 milliards de dette extérieure
(66,20% du stock) et 4 268,09 milliards de dette intérieure (33,80% du stock). Ce stock de dette
correspond à 48,7% du PIB, ratio largement en dessous de la norme communautaire (UEMOA) de
70%, relative au critère de convergence multilatérale sur l’endettement.
Le service prévisionnel annuel de la dette publique suivant le collectif budgétaire s’élève à 1 773,14
milliards, répartis entre 751,86 milliards de dette extérieure dont 147,59 milliards au titre des
échéances du C2D, et 1021,28 milliards de dette intérieure dont 920,29 milliards de titres publics.
Ce service a été honoré à hauteur de 1 288,6 milliards (72,67%), soit 498,73 milliards de dette
extérieure, 789,89 milliards de dette intérieure. En outre, les règlements comprennent au total 31,71
milliards de frais et commissions avec 6,94 milliards sur la dette extérieure et 24,77 milliards sur la
dette intérieure (dont 7,33 milliards d’intérêts précomptés sur les bons de trésorerie).
Il convient de noter que le service de la dette n’enregistre aucun arriéré à ce jour.

A fin septembre 2019, l’encours de la dette extérieure s’élève à 8 360,67 milliards, soit 32,2% du PIB.
Les décaissements reçus au titre des ressources d’emprunts extérieurs ressortent à 909,36 milliards et
se composent essentiellement de tirages sur prêts projets basés sur les avis de décaissement du bailleur
de fonds. Ces ressources se répartissent par catégories d’investisseurs comme indiqué dans le tableau
ci-dessous :

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La dette commerciale (64,1%) a été le principal instrument de financement extérieur au 30 septembre
2019.
Le Gouvernement a honoré tous ses engagements relatifs au service de la dette extérieure à fin juin
2019. A cet effet, les échéances courantes d’un montant de 498,73 milliards ont été entièrement réglées.
Les prévisions correspondantes s’élèvent à 516, 85 milliards. Les paiements sont répartis entre les
créanciers privés 236,49 milliards (dont Eurobond 215,95 milliards), les bilatéraux (154,65 milliards) et
les multilatéraux 100,65 milliards (dont FMI 48,73 milliards) et la BOAD (14,35 milliards). Il a
également effectué des paiements de charges exceptionnelles à hauteur de 6,94 milliards.
Le détail de la situation de la dette publique extérieure est présenté dans le tableau ci-après :

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L’encours de la dette intérieure s’élève à 4 268,09 milliards à fin septembre 2019, soit 16,4% du PIB.
Les ressources mobilisées au plan intérieur se situent à 758,85 milliards et concernent essentiellement
l’émission de titres publics sur les marchés monétaire et financier de la sous- région. Le montant des
conversions sur les emprunts obligataires (TPCI) au titre de la gestion courante se situe à 31,23
milliards.

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En ce qui concerne le service de la dette intérieure, évalué à 789,89 milliards, il a été entièrement payé
au 30 septembre 2019.
En outre, un montant de 24,77 milliards a été réglé pour divers frais et commissions sur la dette
intérieure domestique (dont 17,13 milliards d’intérêts précomptés sur les émissions courantes de titres
publics).

Le tableau ci-après, présente la situation de la dette publique intérieure à fin septembre 2019.
Tableau 4 : Situation de la dette publique intérieure (hors charges exceptionnelles) arrêtée au 30 Septembre 2019

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Photo: Souleymane Diarrassouba , ministre du commerce et de l’industrie

Source: Trésor public Cote-d’Ivoire

 

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3 réflexions au sujet de “La dette par tête d’habitant en Côte-d’Ivoire a augmenté de 453% entre 2012 et 2019 (rapport)”

  1. ECONOMISTE MAIS HELAS OPPOSANT
    =================================

    Or selon le très pertinent adage labellisé @Coigny : « L’opposition n’a AUCUNE obligation de bonne foi, quand on a compris ça, tout s’éclaire d’un jour neuf. Au Surinam, en Indonésie, en Suisse, au Mexique, au Gabon, en Tanzanie,… et surtout à Boignykro, l’opposition n’a AUCUNE obligation de bonne foi… ».

    On excusera donc cette appréciation mécanique de la dette du Professeur Koulibaly.

    Interrogez plutôt la population de Bettié sur les bénéfices immédiats et à long terme de son pont.

    Comme Bettié, des nombreuses localités ont vu leur vie changer du jour au lendemain. Est ce que le retour sur investissement du Pont de Bettié ou de celui de Jacqueville est prévu pour 1, 2 ou 30 ans ? Or la dette associée est elle immédiatement intégrée au stock existant.

    Pourquoi en 1906, le cher Donaldson Brown eut l’ingénieuse idée d’intégrer et de formaliser dans les modélisations et les réflexions sur la rentabilité des projets, la notion du calcul du retour sur investissement ?

    Pourquoi le débat de la soutenabilité de la dette des États Africains appelle t il aujourd’hui une autre lecture plus souple et je dirais même intelligente ?

    Fallait il faire entre 2011 et 2019 un maximum de deux ponts dans l’arrière pays avec 100km de nouvelles routes bitumées et pour Abidjan 0 nouveau pont et 1 seul échangeur de nouvelle génération, aucun établissement de sante refectionné ni construit, aucun centre universitaire redimensionné pour ressembler à une vraie université, bref rester dans l’état actuel de Bangui la capitale de la RCA dont le premier tour des élections générales (présidentielle et législatives) a été fixé au 27 décembre 2020, pour avoir des taux confortables d’augmentation de la tête par habitant de l’ordre de 30 à 50% pour plaire à MamKoul ?

    MamKoul on ne reconstruira pas subitement de 7è voire 8è pont sur Abidjan avant 15 ans. On ne reprendra pas chaque année à venir des investissements lourds aux mêmes endroits. C’est tout l’intérêt d’avoir boosté sur une période relativement courte oû nos capacités de négociations à l’international étaient consistantes (car fréquentables et avec une gouvernance crédible) un maximum de grands projets structurants.

    Les gouvernements à venir pourraient attaquer d’autres nouveaux pans du développement dans un environnement économique et politique aseptisé.

    Enfin pour terminer certains esprits retors ont réexaminé les dotations du Plan Marshall en faisant l’hypothèse qu’elles aient été des prêts aux pays bénéficiaires au taux de marché en 1945. En clair supposons que les 13 milliards de dollars (autour de 150 milliards d’euros aujourd’hui) de prêts, mais surtout de dons, en nature ou en argent aient été des prêts aux États européens. Question à MamKoul quels auraient été les ratios de l’endettement ?

    Car c’est bien ce que ADO a fait en 9 ans : UN PLAN MARSHALL POUR LA COTE D’IVOIRE !

    L’émergence porte bien son nom.

    C’est aussi vrai que « L’opposition n’a AUCUNE obligation de bonne foi.. » !

  2. @Wara,
    Oui, l’opposition reste dans son rôle critique et de critique, permettant d’interroger et de prospecter autrement l’avenir, entrevoir d’autres horizons. Bonne foi ou pas, la matérialité des données est là et clairement accessible, et la « mauvaise foi » serait de ne pas épouser le paradigme de Ouattara ? Attention à l’absolutisme et au rigidisme de la réflexion économique, parce qu’il existe en toute chose une voie médiane, voire une autre possibilité que celle présentée. Je me souviendrai toujours de cette déclaration d’Alain Juppé, alors tout-puissant premier ministre de France qui déclarait, toujours aussi cassant, « il n’y a pas d’autre politique » alors qu’il remettait en cause les acquis sociaux de plusieurs décennies de politique sociale. Et la cohabitation emporta celui que la Droite présentait comme « le meilleur d’entre eux ». Il sera remplacé, et aux manettes économiques, s’installera Dominique Strauss Kahn qui fera faire à son pays des excédents encore jamais vus depuis plus de 30 ans, avec une autre politique. Oui, une autre politique était possible.

    La voie que trace Ouattara n’est pas la seule possible, il n’a pas la science infuse. Je crois qu’il est même le genre de personnes dites expérimentées (mais ne dit-on pas de l’expérience qu’elle est une lanterne qui éclaire le passé ? ) qui agissent plus par réflexe que par réflexion. Nourri de ses convictions héritées de son passé au FMI dont la raison d’être est le crédit, Ouattara a-t-il la sagesse et l’humilité nécessaires pour s’interroger ou se remettre en cause ? Son logiciel n’intègre ni doute, ni interrogation, c’est connu. Il n’a, comme Juppé, que des certitudes. Le Japon est l’un des pays les plus endettés au monde, mais ce pays est endetté… auprès de sa population, pas auprès des institutions de Bretton Woods. Cela fait déjà une différence, quand l’on sait qu’il n’y a que 2 moyens d’asservir un peuple : par la guerre, ou par la dette. La guerre et l’humiliation de l’occupation, les Japonais ont déjà connu, alors ne comptez pas sur eux pour s’asservir par la dette.

  3. @Warra2020 @Coigny
    Tout d’abord bravo pour la tenue de vos échanges et la hauteur de vue de vos postes.
    Cela est tellement rafraichissant.

    Ceci dit, mes positions se rapprochent d’avantage de celles de Wara.
    Coigny, je suis contente que vous invoquiez l’exemple de Jupé. Certes il fut conspué en son temps mais vous conviendrez avec moi que le temps lui aura donné raison ?
    Les excédents de l’ère DSK étaient portés par un contexte mondial de forte croissance dont la France a tiré avantage, relativement moins d’ailleurs que ses concurrents Européens.
    Cependant, les défauts structurels de l’économie française on fini par la rattraper.
    Toutes les réformes voulues par Jupé à l’époque se sont imposées aujourd’hui comme indispensables et sont en train d’être déployées dans la douleur, avec 20 ans de retard sur l’Allemagne.

    Certes il y a plusieurs modèles de développement possibles mais chacun arrive avec ses inconvénients. Je ne pense un seul instant qu’ADO pas plus que n’importe quel économiste digne de ce nom soit persuadé d’avoir la science infuse et de détenir la panacée. C’est même la première chose que l’on apprend en faculté d’éco: les sciences économiques ne sont pas une science exacte et tous les modèles sont bien mieux calibrés pour analyser le passé que pour faire de la prospective.

    Toutefois, il n’empêche que par empirisme, nous savons qu’un seul modèle se détache du lot dans sa capacité à générer de la croissance et a tirer un nombre important de personnes de la pauvreté. Ce modèle n’est pas parfait, et dans les économies matures fini par creuser les inégalités plutôt qu’à les réduire.
    Tous les pays aujourd’hui industrialisés sont arriver à ce stade de développement en utilisant massivement le levier de l’endettement: intérieur, extérieur, financements sur les marchés, plans Marshall etc.
    Citez moi un seul exemple de développement purement endogène ?

    La CI n’a pas une histoire séculaire de population habituées à payer l’impôt. Les européens payaient la soulte déjà au moyen âge. La CI a un niveau de bancarisation ridicule. Les financements internes sont impossibles à trouver. Comment fait on ?
    Les pro Gbagbo se targuent d’avoir réduit le niveau d’endettement, d’avoir créé le budget sécurisé, très bien mais pour quel résultat ? 10 ans sans le moindre investissement structurant et un état décati ?

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