Insécurité à Daloa en Côte-d’Ivoire: Quand les adolescents mènent la vie dure aux habitants

À Daloa, quand le soleil est sous notre horizon, c’est un moment privilégié pour décompresser : on sort avec des amis et connaissances, on organise des soirées… Avec la sensation très agréable d’être plus libre, mais de nos jours, cette activité expose les honnêtes citoyens à un véritable danger. Les nuits dans la capitale du Haut-Sassandra sont de plus en plus terrifiantes. Et pour cause, des bandes d’adolescents composés d’une dizaine de personnes au plus, dont des mineurs, sèment la terreur dans les rues et ruelles.

ORGANISÉS POUR LE CRIME

Si vous avez déjà fait une nuit dans un espace de divertissement de la Cité des antilopes, vous avez sûrement dû apercevoir ces bandes d’adolescents aux environs des maquis et bars. Juste en face, vous les verrez là à vous observer. Ils rôdent jusqu’au matin guettant un malheureux à déposséder. Pour d’autres, ce sont les petites rues à l’intérieur des quartiers où les lampadaires sont la plupart du temps en souffrance, qui constituent le terrain de chasse : tous ceux qui s’y aventurent par mégarde sont dépouillés.
<>, s’indigne T. Martin, un habitant du quartier Belleville.
Plus qu’indigné, disons même excédé par le comportement lugubre de ces jeunes gens, A. S., manager de maquis explique :
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Ainsi, ces enfants en conflit avec la loi n’ont aucun scrupule à violer la loi au vu et au su de tous. Au point qu’aujourd’hui, il ne se passe pas une nuit sans qu’un cas d’agressions ne soit signalé.

VENTE ET CONSOMMATION DE DROGUES À OUTRANCE

Lorsque le crépuscule tombe et que les lampadaires, au bord des grandes voies, commencent à s’allumer, les gros quartiers de Daloa et leurs maquis commencent peu à peu à s’animer. Dans un quartier que nous avons visité, à environ 100 mètres du goudron, nous les avons trouvés dans un bistrot tenu par une jeune dame qu’ils appellent « La vieille mère ». Les adolescents noctambules se préparent pour la nuit.
<< Il y a du gbêlê (liqueur artisanale), du tremol et du kali (drogues durs) ici. Nous, c'est ici qu'on se met bien (se met en jambes) avant le brobroli (les agressions) >>, avons-nous entendu de passage près de ce débit d’alcool.
Ainsi démarrent presque toutes les nuitées dans les quartiers animés de la ville de Daloa pour ces jeunes délinquants.
<< On se connait entre nous. Si toi comme cela tu t'en vas, ils ne vont jamais te donner kali là. Peut-être que c'est gbêlê que tu vas boire >> s’est inquiété Ismo, membre d’un gang avec qui, nous avons échangé une nuit et à qui nous avons proposé de nous aider à nous procurer une dose de drogue.
Parfois, c’est dans une concession familiale, tout ce qu’il y a de plus normal, que ces désœuvrés viennent se mettre à l’aise pour être plus inspirés dans le mal qu’ils font subir aux honnêtes citoyens.
<< Ils se décalent dans le couloir qui séparent nos deux cours et l'odeur prend tout le coin mais personne n'a le courage de dire quoi que ce soit >>, témoigne un voisin de la cour où se trouve le fumoir.

QUE FAIT LA POLICE

<< Les populations sont approchées et des séances régulières de prise de contact sont organisées pour voir comment la vie se passe en cité et pour être plus près des populations. Lorsqu'il y a une nouvelle forme de criminalité, nous portons cela à la connaissance des populations par le biais des Comités Consultatifs et d'Éthique (CCE) >>, a indiqué M. Lacina OUATTARA, commissaire divisionnaire et Préfet de police de Daloa.

Expliquant que la situation sécuritaire de la ville est stable, il a néanmoins affirmé que la police, avec l’aide des autres forces de défense et de sécurité installées dans le Haut-Sassandra, continuait de maintenir la pression.
Parlant des enfants en conflit avec la loi, le commissaire OUATTARA Lacina dit compter sur la citoyenneté des parents d’enfants et de toute autre personne, les invitant ainsi à signaler toutes les infractions à la police. Concernant les causes de ce phénomène, le chef de la police a pointé du doigt les grands criminels qui utilisent ces enfants pour se couvrir et contourner la loi.

<< Des délinquants qui savent que les enfants ont la minorité pénale (jusqu'à 13 ans, l'enfant est considéré comme pénalement irresponsable) et qui ne veulent pas se resocialiser peuvent utiliser ces enfants pour leurs activités de vente de drogue, de vol, ou de toutes autres activités répréhensibles >>, a-t-il indiqué tout en précisant que chaque nuit la police patrouille et fait parfois des rafles ciblées pour montrer sa présence.
Accusée par la population de ne sillonner que les grandes artères et de ne jamais visiter l’intérieur des quartiers, le Préfet de police a justifié cela par la difficulté d’accès de certains secteurs qui fait que la police met du temps à réagir. Poursuivant, il a appelé les différents responsables des quartiers à se rapprocher des commissariats de police pour dénoncer afin de mieux orienter les patrouilles.

<< Au niveau de Daloa, nous avons une antenne de la police des stupéfiants et des drogues et cette équipe à déjà détruit plusieurs fumoirs avec le concours de la police urbaine et du Groupement mobile d'intervention >>, a indiqué le securologue, quant aux sites d’approvisionnement de ces enfants en conflit avec la loi. Il a également soutenu que les cédants (vendeurs de drogue) changent constamment de méthodes et donc la population doit s’impliquer et informer la police sans crainte car leur identité est protégée.

Même si la police a fait beaucoup d’efforts pour améliorer la sécurité de la population, force est de constater que dans la capitale de la cité des antilopes, dans certains quartiers, le sentiment d’insécurité est bien présent et les populations ne ressentent guère d’améliorations notables.
Infrastructures routières insuffisantes ou inexistantes, peur de la population de dénoncer, réactions tardives ou non réaction de la police à l’intérieur des quartiers, lampadaires défaillants ou même détruits etc… constituent un cocktail de circonstances favorisant l’expansion et le développement de la pègre dans notre belle cité verte. Les autorités administratives et cadres de la ville ne font jamais cas de ce phénomène pour trouver des solutions.
Petit à petit, ces enfants en conflit avec la loi gagnent en confiance et récupèrent de nouveaux terrains au grand désarrois des citoyens qui ne demandent qu’à vivre et circuler librement.

Z. Alain à Daloa pour connectionivoirienne

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