Silence gêné
Ce n’est pas le grand enthousiasme dans la gbagbosphère après la rencontre entre Laurent Gbagbo (à d.) et Pascal Affi N’Guessan (à g.).
Les 3 et 4 janvier 2020, à Bruxelles, ces deux adversaires politiques dans la fracture du FPI se sont entretenus. Depuis l’arrestation, le 11 avril 2011, et le transfèrement de l’ancien chef de l’État devant la CPI, c’est la première fois.
Mais les réactions ne paraissent pas à la hauteur de l’attente de la réunification du parti. D’une part, contrairement aux autres audiences de Laurent Gbagbo, un communiqué commun n’a pas été signé par les deux parties.
D’autre part, si les Affidés ou partisans d’Affi ont produit un communiqué officiel seulement le lundi 6 janvier exprimant clairement que « le président du FPI Affi N’Guessan a été reçu par le président Laurent Gbagbo », les Gbagbo ou Rien (GOR, soutiens de Gbagbo), eux, observent un silence de cathédrale. Ils n’en font pas tout un plat de sorte que Le Temps, un journal proche de cette tendance, a ignoré l’information.
Il ne s’est agi, sans doute, que d’une simple prise de contact pour déblayer le terrain en vue d’aborder les vrais sujets de discussion portant sur le lourd contentieux politique à l’origine de la crise au FPI.
Cependant cette donne montre une évolution des relations entre Gbagbo et Affi. L’ancien chef de l’État et fondateur du FPI émettait des réserves ou posait des conditions quant à une éventuelle rencontre avec l’ancien Premier ministre et président statutaire du parti.
Durant sa détention à la prison de Scheveningen, quartier pénitentiaire de La Haye, Gbagbo a exigé que Affi fasse partie d’une délégation comprenant Abou Drahamane Sangaré, aujourd’hui décédé, et Hubert Oulaye, président du Comité de contrôle, condamné le 26 décembre 2017, à 20 ans de prison sans mandat de dépôt.
À sa libération conditionnelle, il a posé comme préalable la reconnaissance des résolutions du 4è Congrès ordinaire de Moossou (4 août 2018). Celles-ci non seulement font de lui le seul président du FPI, mais entérinent l’exclusion d’Affi du parti décidée au Congrès extraordinaire du 30 avril 2015 à Mama, village de Gbagbo.
C’est pour cette raison que la rencontre du 21 mars 2019 a avorté; Affi ayant refusé de se faire hara-kiri à Paris sur les antennes de RFI. Beaucoup d’eau semble avoir donc coulé sous les ponts avec l’abandon apparent de ces préalables à l’issue de multiples négociations en sous-mains.
Cependant, le silence gêné qui accueille fraîchement cette nouvelle indique que « le serpent n’est pas encore mort ».
Nombre de gbagbophiles se tiennent toujours sur leurs gardes et observent la partition que vient d’engager leur mentor Laurent Gbagbo.
F. M. Bally
SILENCE DE CATHEDRALE ET ESPRIT DE MILIT FRONTISTE
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Mon cher FMB,
On te sait bon analyste pour nous contenter d’aussi peu sur un sujet dont tu en connais plus que les officiels sachant. Ne nous laisse pas sur notre faim.
Et c’est pourquoi on doit t’aider à dire ce que tu as dans la ventre sur la question, la mode étant aux aveux circonstanciés ou aux confidences prudentes…
Silence de cathédrale ? Non !
Dans les cathédrales les pensées même silencieuses sont au pardon, à sa propre humiliation afin d’entrer en communion avec Celui qui annonce :
« ..Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi; et rien ne pourra vous nuire ». LUC 10,19.
Que le serpent soit mort ou agonisant, peu importe alors ! Qu’il soit venimeux ou pas, la capacité de marcher sur lui en fait un faible obstacle.
Là s’arrête le jeu de mots.
L’échiquier politique est un vaste territoire de non dits et de duperies savamment entretenues. Un marché où les vendeurs sont des hyènes, les clients des araignées et les marchandises des illusions !
LE MALHEUR DES UNS FAIT…LE BONHEUR DES AUTRES
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La guéguerre Soro-Ouattara est à l’évidence une grosse fenêtre d’opportunités pour les adversaires STRUCTURÉS. On imagine bien que 70% des Soroïstes sont issus du camp des supporters de ADO. On sait combien cette population des ex MPCIstes est très remontée contre Amadou Gon pour lui laisser un boulevard tranquille…
Soro bouclé, Blé Goudé géré, tous les deux avec la Justice, le PDCI hésitant et incapable de faire une transition générationnelle, il y a à l’évidence une véritable opportunité de repositionnement.
Qui pourrait être le larron qui en profiterait pour reconquérir du terrain ? Simone Gbagbo et Mamadou Koulibaly ! Est il possible que les deux fassent alliance ? Rien n’est impossible en politique… Koulibaly apporterait les idées et la fréquentabilité, Simone le bataillon de combattants qui manque tant à Lider tout seul. Mais surtout la légitimité du combat politique et la capacité d’aller au charbon. La fille du gendarme après avoir souffert la martyre est désormais aguerrie plus qu’aucun autre leader de la scène nationale. Mais n’allons pas vite en besogne.
En tout état de cause, reconnaissons qu’un tel scénario enterrerait pour longtemps Gbagbo et Affi s’ils restaient sur leur éloignement actuel l’un de l’autre. Ne parlons pas d’Assoua ADOU qui malgré ses multiples voyages en aller-retour à la Haye, n’arrive pas à se départir de l’image condescendante d’un simple porteur de messages pour ne pas dire de valises. L’âge a eu raison du vieux syndicaliste.
Ma « prophétie » depuis belle lurette était connue. Tôt ou tard, Gbagbo jouerait la carte de AFFI qui tient entre ses mains le sceau de la légalité du FPI. Alors avec une caution de Gbagbo, AFFI le temps de terminer son mandat jusqu’au prochain Congrès se verrait enfin couronné, légalisé et surtout LEGITIMÉ. Une gloire derrière laquelle il semble courir depuis bien longtemps. Le manque de reconnaissance interne au FPI lui a fait plus de mal que la prison de Bouna.
Il ne reste aujourd’hui qu’à sauver les formes, à arrondir les angles pour que les uns et les autres acceptent d’avaler la pilule. Le FPI qui n’est pas une cathédrale contient aussi son centre d’élévage de serpents et de scorpions. Demandez à Lida KOUASSI. A chaque meeting il ne manque jamais de rappeler la douleur de la suspicion dont il a été l’objet de la part de ses « frères » du parti. Des gens à qui il avait accordé une confiance sans bornes et qui dans ses moments de détresse n’avaient pas manqué de donner des cordes supplémentaires et plus solides à ceux qui voulaient le pendre haut et court.
Mais Gbagbo n’est pas que la vision. Il n’est pas que le boulanger pour les adversaires disent certaines mauvaises langues. Il trouvera la forme pour qu’un pacte fut-il momentané soit conclu entre les GOR et le FPI de AFFI.
Quid de Simone ? Le silence suffira. Au FPI on connaît la musique. Quand le chef ne dit rien, c’est qu’il a parlé dit on dans les bastions incontrôlables de Yopougon ! On n’a pas besoin de tout dire avec des paroles… La dernière sortie de Simone sur la vision et le savant ou cynique jeu de mots autour, a été jugée suffisamment osée pour que son sort soit scellé. Le temps d’une période de repentance ou de la reconquête du coeur perdu ?
Que vaut AFFI comme chef de file même avec la caution de Gbagbo ? L’essentiel est d’abord d’éviter la politique de la chaise vide. Dans ce mois critique de Janvier oû des négociations vitales se jouent avec le pouvoir, le FPI doit être qualitativement représenté. L’attelage sera vite remodelé en cours de route si besoin est.
Après tout d’ici octobre 2020, le temps est court mais très long. Qui sait qui sera encore de ce monde ? Le jeu en vaut la chandelle. Rien n’est impossible avec tous ces malades qui nous gouvernent. Ces malades qui entretiennent par leur incapacité à se départir du pouvoir, le bruit d’un poison ambulant, distribué au gré des adversités. Voici pourquoi tous les calculs sont permis.
Frère FMB, dis nous le reste ! Tu en sais plus.