Côte d’Ivoire: Blé Goudé accuse Ouattara «d’instrumentaliser la justice» et l’invite à un Linas-Marcoussis bis

Blé Goudé accuse Ouattara d’ “instrumentaliser la justice pour satisfaire son agenda politique’’

Serge Alain KOFFI

Quatre jours après sa condamnation par contumace à 20 ans de prison et 10 ans d’inéligibilité, l’ancien leader des Jeunes patriotes ivoiriens Charles Blé Goudé, a accusé vendredi le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire Alassane Ouattara d’ “instrumentaliser la justice pour satisfaire son agenda politique’’, dans un entretien sur RFI.

“Au lieu d’établir un Etat démocratique tout à son honneur, il passe son temps à instrumentaliser la justice pour satisfaire son agenda politique’’, a affirmé Blé Goudé, interrogé par RFI.

Lundi, la justice ivoirienne a condamné Charles Blé Goudé par contumace à 20 ans de prison, 10 ans de privation de ses droits civiques, 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts à verser aux victimes. Il était accusé d’ “actes de torture, homicides volontaires et viol’’ que ses partisans et lui auraient commis en 2010 et 2011,

Pour le président du Congrès panafricain pour la Justice et l’égalité des peuples (COJEP, opposition), en liberté conditionnelle à La Haye après son acquittement par la CPI, cette condamnation par contumace “est tout sauf une décision de justice’’.

“C’est une décision politique qui revêt un vernis judiciaire’’, a estimé Blé Goudé, voyant derrière sa condamnation la main du pouvoir, qui affiche “des signes extérieurs d’une fébrilité’’.

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“Cette instrumentalisation de la justice ridiculise le pouvoir en place et infantilise la justice. C’est malheureux’’, a-t-il indiqué.

L’annonce de la condamnation de Blé Goudé survient un an après celle de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo à 20 ans de prison et 329 milliards FCFA d’amende, dans le “braquage’’ de l’Agence nationale de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant la crise post-électorale et huit jours après le début de l’affaire Guillaume Soro.

Candidat déclaré à la prochaine présidentielle d’octobre 2020, l’ex-chef de la rébellion et ancien président de l’Assemblée nationale, actuellement en France, est visé par un mandat d’arrêt international de la justice ivoirienne, qui l’accuse de “complot’’ et d’avoir préparé “une insurrection civile et militaire’’ pour s’emparer du pouvoir.

Pour Blé Goudé, le pouvoir est dans une “stratégie’’ qui consiste à “écarter des adversaires redoutables’’ dans la perspective du prochain scrutin présidentiel.

Il a, toutefois, appelé à “laisser la justice faire son travail’’ dans l’affaire Guillaume Soro.

Dans la même interview l’ancien leader des jeunes patriotes a aussi invité l’actuel chef de l’État ivoirien a une table-ronde.

« Je voudrais inviter le Chef de l’Etat ivoirien à nous rejoindre dans le processus de paix. Il ne faut pas qu’il affiche une fébrilité qui humilie la Côte d’Ivoire (…) tout dépend du gouvernement ivoirien.
Si tel est que nous recherchons la paix, d’un claquement de doigts, le président Alassane Ouattara a le pouvoir de nous réunir pour que nous puissions discuter. N’est-il pas vrai qu’il y a eu une table ronde à Linas-Marcoussis et que les ivoiriens ont quitté Abidjan pour venir se réunir en France? Nous étions en 2003.
Aujourd’hui que Laurent Gbagbo et charles Blé Goude sont ici en Europe, pas de leur fait. Si le président Alassane Ouattara veut vraiment discuter, il sait comment nous réunir et moi je le supplie, je lui lance encore cet appel là de réunir les acteurs politiques ivoiriens pour vider le dossier post électoral. Il faut éviter de remuer le couteau dans une plaie à peine cicatrisée. »

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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