Le régime en Côte d’Ivoire a emprunté dangereusement le chemin qui mène à la guerre et au chaos.
Excellence Monsieur le Président,
La Côte d’Ivoire se dirige inexorablement vers une crise sociale et institutionnelle voulue et entretenue par le pouvoir en place à travers des choix et des options aussi exclusifs qu’impopulaires.
A dix mois de l’élection présidentielle prévue en octobre 2020, le risque d’un embrasement est bien réel. Notre pays, la Côte d’Ivoire, est entré dans une nouvelle zone d’incertitudes politiques, sur fond de renaissance des tensions intracommunautaires, de tribalisations du pouvoir, de mesures tendant à orchestrer un braquage électoral à la présidentielle de 2020, d’une répression brutale et systématique de toute activité de l’opposition, dont certains leaders ont été frappés d’illégalité, condamnés et contraints à l’exil sur fond d’accusations fallacieuses par une justice aux ordres.
Au plan social,
Notre pays connait une série de régressions qui a fini par saper les bases de son unité nationale et de son développement. Ce qui se traduit par :
– le taux de pauvreté autour de 50% ; le taux de chômage entre 70 et 90% et la cherté de la vie décriée par tous ;
– la baisse des prix d’achat des matières premières appauvrissant de plus en plus les paysans ;
– la dépossession de nombreuses familles de leurs biens et les déguerpissements de leurs domiciles sans le moindre respect de la dignité humaine ;
– le phénomène de l’immigration clandestine qui touche plus de 10 000 de nos compatriotes chaque année et pointé du doigt par un récent rapport de l’Union européenne ;
– la recrudescence du phénomène des orpailleurs clandestins entrainant des conflits sanglants entre les populations dans certaines régions ;
– la répartition inégale des ressources du pays et la pratique dite de « rattrapage ethnique » tendant à favoriser les ressortissants d’une partie du pays (le Nord), au détriment d’autres régions ;
– les nombreux et récurrents conflits fonciers, sources d’affrontement des populations dans les zones rurales ;
– la grande insécurité avec la propagation du phénomène des « microbes », groupe de jeunes délinquants armés, agressifs et dangereux infiltrés au sein de la population ;
– la décrépitude du système éducatif et du système de santé.
Au plan politique,
– les velléités de modification et d’interprétation de la constitution par le régime à la veille de l’élection présidentielle ;
– la mise en place d’une Commission Electorale non Indépendante et non consensuelle ;
– la confection de cartes nationales d’identité à des coûts exorbitants hors de portée des citoyens excluant du coup ceux qui n’en auront pas les moyens ;
– les délais non appropriés de révision de la liste électorale inclusive ;
– les violations de la liberté d’expression caractérisée par une répression brutale et systématique de toute activité de l’opposition, et même de la société civile ;
– la caporalisation des médias d’Etat au service du pouvoir en place ;
– les poursuites judiciaires et l’emprisonnement des militants des partis de l’opposition sur des motifs fallacieux.
Au regard de toutes ces violations des droits constitutionnellement reconnus aux Ivoiriens, Le régime en Côte d’Ivoire s’est inscrit dangereusement sur le chemin qui mène à la guerre et au chaos.
Ce régime est à bout et a démontré son incapacité à rassembler les Ivoiriens autour d’un projet de paix, de cohésion sociale et de développement inclusif.
Face à ce délabrement au péril potentiel, le PDCI-RDA, parti historique héritier du président Houphouët-Boigny positionné à la droite de l’échiquier politique, le FPI, parti socialiste, le COJEP et le MSD (mouvement de la société civile), ont décidé de se rapprocher en Europe dans l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire à travers l’Union de la Diaspora pour la Côte d’Ivoire (UDCI).
Depuis plusieurs mois, l’UDCI n’a de cesse d’interpeller la communauté nationale et internationale sur les dérives du gouvernement et les risques qu’il fait prendre à la Côte d’Ivoire.
Excellence Monsieur le Président,
La France, pays reconnu des Droits de l’Homme et des libertés, étant un partenaire privilégié, traditionnel et stratégique pour la Côte d’Ivoire, ne saurait rester spectatrice devant ce drame qui se profile à l’horizon.
C’est pourquoi, au moment vous vous rendez en Côte d’Ivoire, l’Union de la Diaspora pour la Côte d’Ivoire (UDCI) voudrait vous voir vous entretenir avec les partis de l’opposition, notamment le PDCI-RDA et le FPI, les plates-formes CDRP et EDS, en vue de mieux cerner la situation qui prévaut et contribuer à un retour à la normalisation de la vie politique.
Pour les Ivoiriens, une démarche équilibrée à l’endroit des différents acteurs politiques et sociaux serait d’une impérieuse nécessité, à l’occasion de votre prochain séjour en Côte d’Ivoire.
L’Union de la Diaspora pour la Côte d’Ivoire (UDCI), pour sa part, appelle à l’instauration d’une passerelle démocratique comme solution à mettre tout le monde autour d’une table avant 2020.
La passerelle est une assurance de paix parce qu’elle permettrait de lever tous les obstacles à la réconciliation nationale, en vue d’organiser dans la sérénité une vraie élection, qui se veut, démocratique, pluraliste, inclusive, apaisée et transparente.
La passerelle démocratique est une pause au service du dialogue afin de se donner tous ensemble, en toute bonne foi, le temps de bâtir un consensus sur l’essentiel, le temps de sceller une vraie réconciliation autour des points suivants :
– La réconciliation nationale (le retour et l’insertion de tous les exilés ; le retour du Président Gbagbo et de Charles Blé Goudé, acquittés par la CPI ; la libération de tous les prisonniers politiques et militaire ; la libre circulation des personnes et des biens) ;
– Le consensus électoral (une commission électorale réellement indépendante et consensuelle ; la garantie de l’indépendance du Conseil Constitutionnel ; La révision de la liste électorale inclusive ; la révision du code électoral ; l’adoption d’un nouveau découpage des circonscriptions électorales) ;
– L’avènement d’un nouveau contrat social (le fonctionnement des institutions dans un Etat de droit ; la question du foncier ; l’état civil et la question de la nationalité ; la gestion de l’immigration ; le désarmement et la collecte des armes, les conditions de la sécurité).
Tel est l’engagement du peuple de Côte d’Ivoire pour l’avènement d’un Etat de droit et une nation réconciliée unie, prospère résolument orientée vers le développement inclusif.
Fait à Paris, le 18 décembre 2019.
Le Porte parole de l’UDCI
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