Silence total. La nuit Ebony pour récompenser le meilleur journaliste de la presse nationale est ajournée sine die.
La commune abidjanaise de Yopougon est interdite à toute manifestation publique du 15 décembre 2019 au 5 janvier 2020.
Cette décision signe ainsi l’interdiction du meeting de l’Opposition prévue de longue date, comme Ébony, le 21 décembre.
Le pays doit, en effet, se mettre au pas et en rang.
Envers et contre tous. Comme au temps de Félix Houphouët-Boigny.
Le 20 décembre, il [le pays] accueille, en grande pompe, Emmanuel Macron, le chef de l’État français.
Chez lui pourtant, la rue ne cesse de gronder.
Après les Gilets jaunes, ses compatriotes, réclamant sa démission, manifestent bruyamment, depuis le 5 décembre, pour exiger le retrait de sa réforme sur la retraite.
Après François Hollande, Macron établit des records d’impopularité. Alors, pour ne pas en ajouter à sa chute libre dans le cœur des Français et autres préoccupations, l’État de Côte-d’Ivoire met les petits plats dans les grands.
Un pagne a été confectionné pour immortaliser son séjour (photo).
Mieux, le pouvoir Ouattara impose le silence total à tous afin que son hôte entende les mouches voler et oublie les clameurs publiques qui transforment la France en une pétaudière.
F. M. B.
De « Silence, on développe » à « Silence, on reçoit », la logique du silence demeure, n’en déplaise à notre regretté Jean-Marie Adiaffi. Cela me rappelle la consigne passée en classe d’EPP à la visite de l’inspecteur : silence. Même Aboulaye, grand batteur de tam-tam sur les table-blancs quand le maître mettait un orteil hors de la classe, toujours en tête sur la « liste des bavards », était menacé publiquement puis amadoué si je jour-là il se tenait à carreau. Et lors de la fameuse visite, on pouvait entendre les mouches voler. Cacophonie évitée, Ouf !.
A propos de cacophonie, je n’oublie celle-là contée par une amie dans son EPP : un maître mourut, et avant de l’emmener à sa dernière demeure, on décida de lui faire faire un tour d’honneur à l’école qu’il avait si bien servie. La veille, consigne est passée à tous les enfants : le cercueil viendra au drapeau, mais tous devront arborer la mine de circonstance, cérémonieuse et solennelle. Donc AU-CUN applaudissement, absolument aucun. Le lendemain, la procession a lieu à l’école et tous les gosses tirent la tronche demandée, jusqu’à ce que l’un d’eux pour une raison inconnue, décide d’applaudir. Par effet de contagion, applaudissements nourris de toute l’EPP, pour un corbillard. Bonne visite à Macron, et ne lui souhaitons pas l’effet contraire de la consigne de silence ! 🙂