En Côte-d’Ivoire, la jeunesse scolaire catholique déplore l’assassinat de 3 élèves

Trois élèves ont été tués dans des violences commises début décembre par leurs condisciples qui veulent se mettre unilatéralement en congés de Noël.

Face à cette situation, les associations religieuses d’élèves et étudiants appellent à plus de responsabilité.

Plusieurs associations chrétiennes et musulmane d’élèves et étudiants ivoiriens ont déploré, jeudi 12 décembre, la mort de trois élèves dans des violences causées par certains de leurs camarades qui veulent partir en congés, avant le 20 décembre, date prévue par le calendrier scolaire.

« C’est le cœur étreint par la douleur que nous avons appris le décès de ces élèves, a confié Marie Ella Kouakou, la responsable nationale de la jeunesse étudiante catholique (Jec). C’est une situation effroyable qui émane de l’indiscipline. Nous présentons nos condoléances aux familles et à l’ensemble des acteurs du système éducatif. »

Des méthodes de plus en plus violentes

La JEC, l’association chrétienne des élèves et étudiants protestants de Côte d’Ivoire (Aceepci), l’association des élèves et étudiants musulmans de Côte d’Ivoire (Aeemci), et le groupe des élèves et étudiants des assemblées de Dieu de Côte d’Ivoire (Geeadci), sensibilisent depuis quelques années contre la violence à l’école. « Nous nous sommes prononcés assez tôt sur ces questions, mais hélas le pire est arrivé, assure Lionel Anicet M’bra, le président du Geead.Conformément à notre rôle d’acteur spirituel et social, nous avons toujours initié des sensibilisations et des formations pour que tous comprennent les conséquences de tels actes. »

Des élèves qui décident unilatéralement d’aller en congés, le phénomène est vieux de plus d’une décennie en Côte d’Ivoire. Au fil des années, les méthodes pour y arriver sont devenues de plus en plus violentes. «  À notre époque, fin 1990 ou début 2000, on utilisait les pétards pour perturber les cours quand on voulait aller plus vite en congés de Noël, reconnaît Jean Christian Amoikon. /Aujourd’hui, les affrontements entre élèves sont plus violents, à coups de pierres et d’objets contondants. »

Des forces de l’ordre déployées dans certains établissements

Face à ces violences récurrentes à l’approche de congés scolaires, les responsables académiques apeurés ont du mal à réagir. « Nous essayons parfois de les raisonner mais ils nous menacent/, explique Serge Kra, un enseignant. L’année dernière, l’un d’eux m’a dit qu’ils savaient où j’habitais. ».

La ministre de l’éducation nationale, Kandia Camara, tente d’apporter une réponse. En début d’année scolaire, une tournée de sensibilisation contre ce fléau est organisée par le ministère. Il y a deux ans, elle avait même fait déployer les forces de l’ordre pour ramener le calme dans certains établissements.

Mercredi 11 décembre, Kandia Camara a réuni, à Abidjan, des parents d’élèves, des policiers, des chefs
traditionnels et des ministres pour une concertation. Elle a annoncé la radiation des élèves responsables de ces troubles.

Transmettre les bonnes valeurs

Dans la recherche de solutions, l’association des élèves et étudiants musulmans de Côte d’Ivoire souhaite plus d’implication des parents. « Nous appelons tous les parents d’élèves à nous aider davantage à la transmission de bonnes valeurs, plaide Souleymane Cissé, son président. Nos actions n’auront d’impact que si les parents jouent le premier rôle d’éducateur. »

C’est toute la société ivoirienne qui y gagnerait, renchérit Max-Arnold Djoman, le président de l’Aceepci. Car, « ce phénomène ternit l’image du système éducatif de notre pays et détériore peu à peu la valeur de nos diplômes à l’international ».

Les parents d’élèves assurent jouer leur rôle d’éducateur. « On ne peut pas toujours savoir ce qu’ils font en dehors de la maison et les influences qu’ils peuvent subir, explique Franck Kanga. Il y a sûrement une responsabilité à notre niveau, mais elle n’est pas exclusive.»

Guy Aimé Eblotié

Africa.la-croix.com

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