Notre trésor « Asec-Africa » en Côte-d’Ivoire, le retour de la ferveur (par Nasser El Fadel)

Une contribution de Nasser El Fadel, anciennement journaliste et chroniqueur sportif à Radio Nostalgie à Abidjan.

« À près de 7000 km de mon lieu de naissance, Abidjan, je perçois une ferveur, un frétillement. La résurgence d’une caractéristique première du « savoir être » Ivoirien.

Les sentiments sont exprimés naturellement, crûment, fièrement, avec cette franchise enfantine qui nous manque tant.
Les élans, les uns vers les autres, deviennent spontanés, les alliances se lient, les rapprochements s’inversent.

LE DÉNOMINATEUR COMMUN devient transrégional , transethnique, transnational, transpolitirque, transreligieux, transculturel…
 » Vert Rouge  » OU  » Jaune Noir » , point à la ligne . Tout le reste est toléré et relégué au second plan.

L’agressivité fait place à l’enthousiasme, la méchanceté s’évapore face à la passion, les différences disparaissent face au but , la recherche de ce moment d’extase inconscient: le ballon dans les filets.

Grâce à « Africa- Asec », sous la bannière « Vert Rouge », un « rhdp » de Sinématiali se retrouve avec un « Gor » de Bogrényoa.

Côte à côte dans la tribune se retrouvent un « adventiste » de Jacqueville, un « animiste » de Zuenoula, un « wahabite » de Sokorodougou.
Il en est de même sous l’apatam « jaune et noir » où un « fpi » de Paris peut retrouver le sourire avec un « dozo » de Niakara .

Chez les nouvelles générations de résidents en Côte d’Ivoire, c’est le même élan spontané les uns vers les autres,  » Oyé » OU  » Mimos » selon les descendances , accointances, influences de l’histoire ou de la légende .
Il faut reconnaître que les IDENTITÉS étaient plus marquées si l’on remonte plusieurs dizaines d’années en arrière.

« Le Cercle Sportif Bhété » à l’origine de l’Africa Sports est une cause , un esprit , un combat .
Le « Vert Rouge » était plus localisable géographiquement, à l’ouest, avec comme épicentre la cité du Goh. L’esprit est »résistant », indépendantiste, il refuse la pensée unique, le parti unique…il y a une saveur « originaire » du terroir, une identification des autochtones.

L’ Asec était plus cosmopolite et constituée de groupes allogènes ou étrangers , provenant du Dahomey, Togo , Haute Volta …se joignant à la grande famille Ivoiriennne Akan du centre.

Aujourd’hui, avec l’explosion démographique, les grands mélanges ethniques et communautaires, la transformation d’une société devenue plus « dur » avec moins de temps et de moyens pour les loisirs sains , il est erroné de tracer des frontières types, « Asec » ou « Africa ».

Deux grandes exceptions me viennent à l’esprit : la communauté frère de Guinée complètement « Vert Rouge », alors que nous écrivions que les communautés étrangères étaient plutôt  » ASEC » .

Et les « Mimos » les plus endurcis sont ceux qui viennent du pré carré sacré de l’Africa .
C’est bien l’enfant de Gadoukou , Gadji CELI qui chante les Mimosas en Bhété mélangé au français. Alors que Lago Liadé Emile, lui, fait exclusivement vibrer en Bhété pur sang.

C’est bien cela la préciosité de notre trésor Africa-Asec !

L’Asec des « Baoulés » Konan Yobouët, Laurent Pokou, M’Bahia Blé Kouadio, Thérèse Houphouët Boigny emmenée par les virtuoses Bhétés , Sokoury André, Bazo Christophe, Alphonse Yoro , Aléré Bouazo Valentin, Théophile Guedé, Zagbaï Bawa Paul …pour rester dans ma belle époque de 1970 à 1980 .

Et l’Africa Sports de Séry Mogador, Léon Blé, Pascal Bailly, Pépé Paul , Sery Wawa , Baba Joseph, épaulés par la grande diversité de la famille Ivoiriennne ou étrangère, Fanny Ibrahima, Losseni Diomandé, Kouamé Lucien, Kouassi N’dri, Ben Kuffi , Sampah Louis, Samir Zarour…

RACONTER LES ASEC – AFRICA NE PEUT ÊTRE QUE PARTIEL, OU INCOMPLET, tellement la légende est riche , tellement les détails par époque sont nombreux et mystérieux.

Chacun d’entre nous a son vécu, sa période,
« sa consommation » partielle et son apport, dans ce que j’appelle cette » théâtralisation par excellence » de l’esprit Ivoirien.

Au delà du jeu et des acteurs, il faut souligner que cet antagonisme majeur au sein de notre société peut s’exprimer totalement et pacifiquement, par l’entremise de cette concurrence permanente et loyale : AFRICA- ASEC , NOTRE TRÉSOR.

Grâce à cet échappatoire unique, ce sport collectif génial qu’est le jeu de football.

Ainsi, c’est au « Félicia » (la plus part du temps,car on n’oublie pas les affrontements à Man , à Bouaké) que les Ivoiriens de toutes origines et de toutes catégories confondues,
et les résidants en Côte d’Ivoire de toutes provenances, s’expriment librement, et surtout se mettent dans un camp face à un autre, selon un penchant inné naturel, ou selon un critère de goût artistique.

Dans un duel intense entre Laurent Pokou , « l’empereur Baoulé », le loyal porte flambeau du régime ,et Joseph Niankoury, « feu rouge », défenseur infranchissable de sa cause, l »enfant chéri d’une région insoumise, il y avait…TOUT!

Et des images fortes comme celle-ci, chaque époque, en a produit.

Je cite pêle-mêle, les duels, Séry Wawa – Eustache Manglé ; Gnégnéry Denis – Laurent Pokou; Blé Téty – Bawa Paul ; Lebry Manahoua- Adjoukoua Gaston ; Lago Patrice -N’diaye Aboubakar ; Fallet Vilasco- Rachidi Yekini ; Miezan Pascal – Zaré Mamadou; Lué Rufin- Abdoulaye Traoré ; Gnahoré Depié – Youssouf Fofana…

Je pourrais parler longuement de cette riche histoire , mais je me limite, à 24 h de cet énième derby Ivoirien, à constater la bonne humeur , l’ambiance de moqueries et de « chambrages », cette atmosphère qui caractérise l’Ivoirien que nous sommes toujours en train d’essayer de définir après 60 ans d’indépendance .

Le regain de dynamisme et de gaieté perçu dans les échanges soulagent le coeur de la majorité des Ivoiriens pas du tout habitués au « méchant », au « cynique » , aux « mensonges », au « deuil » permanent .

JE TIENS À REMERCIER DU PLUS PROFOND DE MON COEUR TOUS CEUX QUI M’ASSOCIENT À CETTE BELLE FÊTE DE LA NATION IVOIRIENNNE .

Croyez moi, ces années de communion et de victoires passées ensemble furent les plus belles pages de ma vie . J’avais ce rêve depuis l’enfance : partager avec vous ce que j’avais au plus profond de moi ,et rendre à ma famille adoptive Ivoiriennne toutes les valeurs qu’elle m’a données ». Nasser El Fadel

#OCSports

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2 réflexions au sujet de “Notre trésor « Asec-Africa » en Côte-d’Ivoire, le retour de la ferveur (par Nasser El Fadel)”

  1. DE GRANDS JOUEURS POUR FAIRE DE GRANDS JOURNALISTES ou
    DES GRANDS JOURNALISTES POUR FAIRE D’UNE PIETRE PRESTATION UN ÉVÉNEMENT ?
    ==============================

    Il y a 22 ans nous quittait ici a Abidjan dans des conditions effroyables feu Boubacar KANTE.

    Il.y aura toujours un « avant Bouba » et un « après Bouba » quand on contera les grands moments du football ivoirien.

    Meme les arbitres sur le terrain voulaient l’entendre ! Koudou Paul et Grah Bernard étaient ils des arbitres OYES ? N’CHO un fervent mimos ? Qui le saura vraiment un jour ?

    Kanté a laissé une empreinte indélébile dans le monde de la communication sportive en Côte d’Ivoire. Un professionnel ACCOMPLI.

    BOUBA préparait minutieusement ses reportages. Il excellait à l’antenne par la suite avec tous les dossiers patiemment décortiqués. AVANT GOOGLE SVP !

    Boubacar était un.livre ouvert du football mondial. Un talentueux reporter qui poussait le public à venir au stade avec son.poste de radio et les joueurs à faire enregistrer chez eux le reportage de Kante.

    Un.match de football était il décousu et Pierre spectacle ? Kanté enchaînait alors les commentaires sur l’actualité mondiale de football, multipliant les anecdotes, à tel point que la radio était sacralisée.

    Boubacar grâce à qui chaque joueur a eu un surnom de gloire, repose à jamais à Dabola sur sa terre natale. Après un long exil à Abidjan au cours duquel il a fait des émules dont particulièrement Jean Louis Fara Touré !

    La CAN 1984 et le carré D’AS du championnat 1983 restent les dernières cassettes audio que j’avais conservé de lui. Avec les révélations de Ouga Bi Toh Zan Germain, Drey Moïse et autres dans un championnat de feu qui avait tenu en haleine le public ivoirien. Un championnat en formule coupé avec un carré d’AS composé de l’ASEC (bien entendu), du Stade, d’un surprenant Reveil Club de Daloa et peut être de l’Africa Sport…

    Un.exemple de commentaire Boubacarrien….
    « ..GNAHORE Dépie Émile, l’enfant de Krikoréa, la forteresse qui a bouclé Olusegun Odegbami le géant nigérian dans l’enfer de Surulere Stadium de Lagos, va t il tomber ce soir dans la bonbonniere du Felicia, face au Diamant Noir venu tout droit de Mankono, la perle Youssouf Falikou Fofana ? Rien n’est moins sûr … »

    Avec une telle introduction, on imagine bien pourquoi, emportés dans leur élan, certains faisaient monter le drapeau OYE sur des mâts dans des villages …

    Merci KANTE ! RIP.

  2. Retour de la ferveur ? Je veux bien le croire; mais c’est difficile.S’il n’y avait pas eu l’article sur connection je n’aurais pas su qu’il y avait un Asec -Africa..
    Avant depuis au moins une semaine le pays s’arrête..tout le monde donne le onze de départ de son équipe et celui de l’adversaire..
    Asec Africa c’est aussi en 95 l’affaire BAMBA LADJI ou Bamba Souleymane au choix ,victoire de l’africa 3-0 mais victoire sur tapis vert et titre pour l’Asec ..
    Super division 83 @grand frère wara je te confirme que l’africa en faisait partie et a eu le titre cette année…
    Match aller ,l’africa mène rapidement deux à zéro et l’asec réduit la marque ..
    Ouverture de Charles oppong sur Kassy Kouadio Lucien qui efface Lago grogbo Patrice alias le ministre de la défense…Billy Jean Paul le gardien oyé sort kassy le met dans le vent mais au lieu de botter pousse juste la balle ..Lago Patrice venu de je ne sais où ( jusqu’à présent je me pose la question ) enlève la balle sur la ligne.
    rentrée de touche de monguehi Guehi François ,Charles oppong récupère la balle devant le banc de touche Africa ( celui qui est proche du virage côté Assemblée nationale) il lève la tête et adresse de cette position une frappe de malade en banane ;Billy s’envole mais le filet est plein…Un but à l’étranger comme on disait en référence avec la séquence BUTS À L’ETRANGER que la RTI ( seule chaîne TV à l’époque) nous montrait les lundis soirs lors de l’émission de sport du lundi ( de mémoire Eugène kacou ,Moussa kamagaté n’garamoko ( RIP) ..ensuite François Kouakou ,Brou Felix ,Brou aka Pascal….) ..L’arbitre Akponou Toussaint ( si je me souviens bien ) voit un hors-jeu de N’diaye Aboubakar…but annulé ..Défaite amère de l’asec..
    Match retour dernière journée du carré d’as ..un nul suffit à l’Asec pour être championne
    Lasec rentre avec un survêtement noir, en dessous un super maillot blanc manches longues short blanc ,bas blancs…victoire de l’africa 3-0 ..un but de brima camara,un but de lebry manahoua Jérôme et pour boucler un but de Miezzan Pascal « pascalino » qui lors de sa célébration montra avec ses bras que tout était fini….Koffi Kouadio « Dino Zoff» ce soir là n’a rien vu ..Adieu le titre ..
    Le stade d’Abidjan grâce au retour salvateur de Zahoui Madou Laurent ( revenu d’une éphémère tentative professionnelle à …..Rodez, sud ouest de la France ) finit deuxième et est qualifié pour la coupe Ufoa..
    Asec-Africa on peut écrire des encyclopédies.

    Mantape Maïga depuis le Château Rouge

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