Au Royaume-Uni écrasante victoire des Conservateurs, alliés du PDCI-RDA aux législatives anticipées

Au soir de ses jours et à l’orée de la «féroce» bataille pour la présidentielle de 2020, Henri Konan Bédié doit avoir un très grand sourire en ce 13 décembre après la victoire écrasante de ses alliés Conservateurs britanniques aux élections législatives anticipées tenues hier 12 décembre. Le vieux parti, sous impulsion du Grapa-PDCI, entretient en effet depuis plusieurs années des relations solides avec le parti du Premier ministre Boris Johnson.

Photo: Bédié avec Philippa Broom, directrie du Bureau international du parti conservateur, conseillère du Premier ministre

Le Brexit aura bien lieu le 31 janvier, promet Johnson après sa victoire

Les conservateurs remportent au moins 364 sièges sur 650, selon les résultats presque définitifs des législatives, soit une majorité sans précédent depuis l’ère Thatcher.

Boris Johnson a réussi son pari. Les conservateurs se sont dotés hier d’une écrasante majorité, sans précédent depuis l’ère Thatcher. Ils remporteraient au moins 364 sièges (contre 317 lors du précédent scrutin en 2017) sur 650, selon des résultats encore incomplets au petit matin. Cela lui donnerait une majorité de plus de 70 sièges. Le Labour s’effondrerait à 203 sièges, contre 262 auparavant. Le SNP écossais récolterait 48 sièges, les Libéraux-démocrates 13 sièges quand le Brexit Party de Nigel Farage n’en aurait aucun.

Les tories remporteraient au moins 364 sièges sur 650. Service infographie

La voie est donc ouverte pour le Brexit. Devant ses partisans, Boris Johnson a promis vendredi de réaliser le Brexit «à temps» le 31 janvier. Le premier ministre avait besoin d’une majorité absolue pour faire adopter par le Parlement l’accord de divorce négocié avec Bruxelles fin octobre. « On nous a donné un mandat fort pour unir ce pays et réaliser le Brexit » a déclaré Boris Johnson, depuis sa circonscription d’Uxbridge, dans l’ouest de Londres, où il a été réélu. Son slogan de campagne tenait en trois mots : « Get Brexit done » (Finissons le Brexit). Cela devrait être fait à l’échéance du 31 janvier. « C’est définitivement la fin de l’idée que le Brexit pourrait être évité, a commenté Sara Hobolt, professeur de sciences politiques à la LSE (London School Of Economics), c’est la fin du Royaume-Uni dans l’UE et la fin de l’incertitude. »

Nuit rude pour les conservateurs frondeurs

Des têtes importantes sont tombées. La patronne des Libéraux-démocrates, Jo Swinson, a été battue dans sa circonscription d’East Dunbartonshire, dans l’ouest de l’Ecosse, par le candidat indépendantiste écossais du SNP. Au niveau national, son parti, qui se présentait comme le seul réellement déterminé à stopper le Brexit, a échoué à séduire les europhiles des camps conservateur et travailliste. Leur promesse d’annuler le divorce sans nouveau référendum a été jugée antidémocratique, même parmi les europhiles. Les Lib-Dems étaient pourtant arrivés à la deuxième place aux élections européennes de mai dernier, obtenant 20,3% des voix. La nuit a été rude aussi pour les députés conservateurs frondeurs, qui s’étaient levés contre Boris Johnson en septembre. L’ancien ministre de la Justice David Gauke ou l’ex-attorney general Dominic Grieve, qui se présentaient comme candidats indépendants, ont ainsi été battus. Tout comme Sam Gyimah et Antoinette Sandbach, qui avaient fait défection chez les Lib-Dems. Seuls les frondeurs qui avaient retrouvé l’investiture, comme Greg Clark et Stephen Hammond, ont été réélus.

Boris Johnson a réussi un double pari. Il a rassemblé derrière lui tous les partisans du « Leave » alors que le camp du « Remain » est resté divisé. Et surtout, sa stratégie de conquête d’un nouvel électorat sur les terres travaillistes du Nord-Est et du centre de l’Angleterre a été payante. Ces bastions « rouges », peuplés notamment d’anciens mineurs et ouvriers que les questions d’immigration et de sécurité préoccupent au premier chef, ont souvent voté massivement pour le Brexit. Dans ce « mur rouge », les travaillistes ont perdu jeudi des fiefs très symboliques, comme les villes de Workington ou de Blyth Valley.

Déroute historique du Labour
Le Labour subit sa pire déroute depuis 1935. Le principal parti d’opposition paye l’ambiguïté persistante de Jeremy Corbyn sur le Brexit ainsi que sa ligne « gauchisante », consacrée par le dernier programme radical du parti travailliste. Enfin, les accusations de mollesse dans la lutte contre l’antisémitisme rampant ont terni son image. Après avoir été réélu à Islington, dans le nord de Londres, Corbyn a annoncé qu’il renonçait à mener d’autres campagnes électorales et qu’il quitterait la tête du parti, mais seulement « après une période de réflexion ». On voit mal pourtant comment il pourrait se maintenir à la tête du Labour.

L’autre grand gagnant de la nuit est le SNP, le parti indépendantiste écossais, qui aurait engrangé 49 des 59 sièges réservés à l’Ecosse à Westminster. Cette victoire va renforcer la demande d’un deuxième référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, avec le risque d’un éclatement du Royaume-Uni. « Boris Johnson a peut-être reçu un mandat pour faire sortir l’Angleterre de l’Union européenne. Il n’a absolument pas le mandat de faire sortir l’Écosse de l’Union européenne. L’Écosse doit avoir le choix de son propre avenir » a déclaré Nicola Sturgeon, la patronne du SNP. L’élection a été moins souriante pour les unionistes nord-irlandais du DUP, qui avaient lâché Boris Johnson en refusant son accord. Ils ont perdu du terrain et le numéro 2 du parti, Nigel Dodds, a été battu.

La livre sterling a salué la victoire conservatrice en faisant un bond de plus de 2% contre le dollar et l’euro. Profitant du décalage horaire, Donald Trump a été le premier dirigeant international à féliciter le Premier ministre britannique pour sa « grande victoire ». Sur Twitter, le président américain a écrit que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne allaient maintenant être libres de conclure « un accord commercial massif » après le Brexit.

Par ARNAUD DE LA GRANGE
Lefigaro.fr

(avec BBC et Lefigaro.fr)

 

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