Plusieurs distributeurs de Heineken (Brassivoire) en Côte-d’Ivoire dénoncent une « mafia » et menacent

« Brassivoire, qui est la représentation locale de Heineken, nous mène une concurrence déloyale. Les responsables de Brassivoire sont devenus eux-mêmes des distributeurs. Ils vont directement vendre leurs boissons aux sous dépôts et aux maquis. Alors que Brassivoire nous conseille de vendre le casier de la bière Ivoire 60 Cl à 4 600 F Cfa aux sous dépôts et à 5 000 F Cfa aux maquis, Brassivoire va directement vendre cette même boisson aux sous dépôts à 4 500 F Cfa et aux maquis à 4 750 F Cfa ».

Ces révélations ont été faites à la presse, jeudi 28 novembre 2019, à Abidjan, par plusieurs distributeurs de la société de fabrications de boissons en Côte d’Ivoire, Brassivoire.

« Cette concurrence déloyale nous affaiblit énormément. Cela fait que nous n’arrivons pas à atteindre nos objectifs. Et, quand nous n’atteignons pas nos objectifs, ils mettent fin à nos contrats et nous demandent de rendre immédiatement les emballages (les casiers de boissons). De plus, ils nous font signer des reconnaissances de dettes. Et demandent qu’on soit sous tutelle d’un autre distributeur qu’ils appellent partenaire. Aujourd’hui, cette situation a fait que presque tous les distributeurs sont endettés auprès des banques et de Brassivoire », ont-ils dénoncé sous le couvert de l’anonymat.

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« Mais même les partenaires dits stratégiques se plaignent de cette concurrence déloyale parce qu’éliminer un distributeur, c’est diminuer le volume du partenaire stratégique », relèvent-ils.

« Quand la société Brassivoire est arrivée en Côte d’Ivoire, nous nous sommes endettés auprès des banques pour faire la promotion de leurs boissons. Et, aujourd’hui, c’est comme ça, ils nous récompensent. Ce n’est pas sérieux. Avec l’ancienne équipe dirigeante, tout allait bien. C’était un partenariat gagnant-gagnant. Mais avec la nouvelle équipe qui est arrivée vers le dernier trimestre de 2018, il n’y a pas de communication. Cette équipe nous impose tout. C’est la mafia. Imaginez-vous au départ, il y avait 90 comptes de distributeurs ouverts. Aujourd’hui, on se retrouve à une quinzaine de compte. Vous voyez comment, on souffre », ont protesté ces distributeurs, qui menacent de se faire entendre bruyamment, dans les prochains jours, si Brassivoire n’arrête pas de leur mener cette concurrence déloyale avec « la vente directe » que la société pratique actuellement.
« Quand tu es incapable de promouvoir tes marques, comment veux-tu que les distributeurs atteignent les objectifs ? »
, s’interroge un distributeur.

Pour un autre ex-distributeur de Brassivoire, il est important que « l’Etat ivoirien et les impôts commencent à regarder de plus près, le partenariat entre les multinationales et les entreprises nationales avec cette vente directe ». « L’Etat doit regarder de près ces accusations en se rapprochant de certaines structures comme le Tribunal du commerce et l’Inspection du travail», a-t-il insisté.

De source proche de Brassivoire, on estime, entre autres, que ceux qui se plaignent n’arrivent pas à atteindre les objectifs commerciaux qui leur ont été fixés et que le plus souvent, ils n’ont pas de stock de sécurité qui peut couvrir plus de 7 jours.
Pour les distributeurs, qui sont vent debout présentement contre Brassivoire, avec les pratiques de cette société, ils ne peuvent pas atteindre leurs objectifs commerciaux.

« De près de 600 employés jusqu’à fin 2018, les employés de Brassivoire sont autour de 250 aujourd’hui. On préfère chasser 10 nationaux pour faire venir un expatrié, contrairement à la société concurrente qui fait la promotion des cadres nationaux », a fait savoir un ex-employé de Brassivoire qui était au côté des distributeurs mécontents.

Adiko E.

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