CERCLE VICIEUX. Dans la nuit du jeudi 21 au vendredi 22 novembre 2019, aux environs de 3h30, la Commission des Affaires économiques et financières a adopté le projet de budget 2020. Qui s’élève à 8.061 milliards de nos francs.
Le principal enseignement est le suivant: l’État ivoirien vit au-dessus de ses moyens. Dépensant plus que ses possibilités, il s’engage dans les dettes et vit aux crochets des partenaires au développement (bailleurs de fonds, ONG, pays développés) dont le poids est important dans l’exécution du budget.
En attendant un probable PPTE, cet endettement effréné flatte légitimement l’orgueil de certains qui soutiennent que l’on ne prête qu’aux riches. Alors que le pays s’enfonce dans un cercle vicieux avec une dette qui atteignait, selon des sources, 12.105,3 milliards de FCFA en juin 2019.
Les recettes du budget 2020 sont estimées à 4.379,5 milliards de nos francs. Les ressources propres se répartissent en recettes fiscales (3.940,8 milliards de FCFA) et recettes non fiscales (79 milliards).
L’assistance financière extérieure pour compléter l’enveloppe a été rangée sous le vocable Dons. Son montant s’élève à 359,7 milliards de FCFA.
Ainsi, il y a les dons-programmes provenant notamment de l’AFD et de l’UE. Leur montant est de 169,3 milliards de nos francs dont 5.059.570.000 F sont destinés à l’appui à la réinsertion des militaires démobilisés. On réalise que le DDR n’est pas encore fini.
D’autre part, il y a les dons-projets. Sollicités entre autres auprès de la Banque mondiale, des gouvernements chinois et japonais, du PAM et de la BAD, ils se chiffrent à 190,4 milliards de francs.
Quant aux dépenses, elles sont de 5.807,3 milliards de nos francs. Elles couvrent notamment:
– les charges salariales qui sont de 1.770,1 milliards de francs dont 1.265,9 milliards pour la gestion de la solde (fonctionnaires et agents de l’État en administration publique et à l’étranger), 94,9 milliards pour la Police nationale et 153,8 milliards au titre de l’Armée;
– les achats des biens et services qui s’élèvent à 747,9 milliards dont 110,2 milliards pour les dépenses d’abonnement (consommation d’eau, de téléphone, d’électricité);
– les charges financières de la dette qui sont de 643 milliards de francs pour le remboursement des intérêts de la dette intérieure (252,6 milliards) et de la dette extérieure (390,4 milliards);
– le financement des « pouvoirs publics, de la souveraineté et de la gouvernance » d’un montant de 741,2 milliards avec 29 milliards aux organes législatifs, 162,6 milliards aux organes exécutifs, 24 milliards aux organes consultatifs et 18,4 milliards aux organes juridictionnels;
– la lutte contre la pauvreté et les disparités sociales d’un montant de 2.754,9 milliards avec la part du lion qui revient à l’Éducation qui s’en tire avec 1.342,7 milliards de francs pour acquérir les manuels, les kits scolaires, construire et équiper les infrastructures scolaires.
Pour combler la déficit de 1.427,7 milliards de francs entre les ressources insuffisantes et les lourdes charges, l’État prévoit les emprunts sur les marchés monétaires et financiers à hauteur de 1.494,4 milliards, les emprunts-programmes en appui budgétaire d’un montant de 321,8 milliards du FMI, de la BAD, de l’AFD, de la BAD…
Mais si ce budget survole les différents budgets de souveraineté, sans entrer dans les détails, il ne prévoit explicitement aucun chapitre sur l’important rendez-vous électoral d’octobre 2020: la présidentielle.
F. M. Bally
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