Serge Alain KOFFI
Connu jusque là pour sa pondération dans ses rares sorties médiatiques, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié, multiplie, depuis sa rupture d’avec son allié, le chef de l’Etat Alassane Ouattara, les piques contre le Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti présidentiel et ses dirigeants avec un sens de la repartie qu’on ne lui soupçonnait pas auparavant.
Jamais Henri Konan Bédié, 86 ans, n’a paru si offensif dans le verbe en presqu’un demi-siècle de présence sur la scène politique. Entre accusations, contre-attaques et insinuations, l’ex-chef de l’Etat, qui ambitionne de revenir au pouvoir, multiplie les punchlines à moins d’un de la présidentielle ivoirienne. Au risque, parfois, de flirter avec les dérapages.
Le 14 novembre, au siège de son parti à Abidjan, à une réunion du bureau politique élargie au comité des sages, Henri Konan Bédié se fend d’un discours dans lequel il accuse le RHDP d’avoir fait du nombre en convoyant des fidèles musulmans maliens à sa rentrée politique du 02 novembre au Palais des congrès de Montreuil, à Paris, en leur promettant chacun “100 euros’’.
Depuis, adversaires politiques, analystes politiques et même certains de ses propres partisans ne cessent de condamner ces propos, accusant son auteur de vouloir ramener les questions identitaires au cœur du débat politique en Côte d’Ivoire, où ces thèmes sont toujours explosifs.
Toutefois, la polémique née de ces propos devrait certainement se poursuivre encore quelques jours avant que le soufflet ne retombe comme cela l’a été après d’autres précédentes sorties de l’ancien chef de l’État qui ont fait autant de bruit.
Le 26 janvier, recevant la jeunesse de son parti à Daoukro, son village, le chef du parti historique avait décoché des flèches en direction au RHDP qui organisait au même moment à Abidjan son congrès constitutif, présenté comme un “folklore qui frise l’assemblée des militants manipulés et enrôlés de force pour servir les rassemblements des détourneurs de deniers publics’’.
“Au moment où nos adversaires du RHDP unifié se réunissent avec pour bagages de l’huile, du riz, des chiffons et du pain, sans lesquels ils ne pourront faire du nombre. Ici à Daoukro, rien de tout ce folklore’’, avait-il ajouté.
Sur le même ton, le Sphinx de Daoukro avait poursuivi : l’esprit de Félix Houphouët-Boigny “est à Daoukro et nulle part ailleurs, surtout pas avec les fils adultérins’’
Des mots durs, forts et sans équivoque, qui avaient irrité plus d’un au RHDP dont des cadres avaient, en réponse, multiplié les déclarations pour le descendre en flammes.
“Si Bédié descend dans la poubelle, ça ne sera pas bon pour lui’’, avait alors prévenu la ministre de l’Education nationale Kandia Camara, en laissant entrevoir la possibilité d’éventuelles poursuites judiciaires contre l’ex-chef de l’Etat.
Le 19 octobre, lors d’un grand rassemblement de son parti à Yamoussoukro, en hommage à Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire et fondateur du PDCI, il a remis de nouvelles couches.
Saluant la forte mobilisation de ses militants, ce jour-là, il a en profité pour moquer les travaux de réfection de la voirie de la ville, lancés en grande pompe par Alassane Ouattara, un mois plus tôt, en marge d’un conseil des ministres.
“Vous êtes venus de toutes les contrées, malgré les routes chaotiques, malgré les routes biodégradables’’, avait-il déclaré.
Autre charge, le RHDP qu’il a qualifié de “nain hypophysaire’’ comparé au PDCI et ses alliés. ‘’Un nain qui ne nous arrive même pas à la ceinture’’, avait-il raillé encore.
En réaction, le porte-parole du RHDP Kobenan Kouassi Adjoumani a adressé des questions au président du PDCI : “Le bitume qui a changé le visage de Daoukro grâce au président Alassane Ouattara est-il aussi biodégradable ? Comment le président Bédié peut-il accepter un bitume biodégradable dans les rues de sa résidence à Daoukro ? Et que dire du bitume qu’il a emprunté pour se rendre à Yamoussoukro ? Est-ce aussi biodégradable ?’’
Pour le Journaliste-écrivain, André Silver Konan, par ces piques qui “mêlent autant le vrai que le faux’’, le chef du parti historique donne de plus en plus de lui l’image d’ “un populiste’’.
“Ces dérapages noient le message lui-même’’, analyse-t-il.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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