Le réalisateur annonce qu’il prépare une suite à son film, qui sort en salle mercredi et représente la France aux Oscars. Avec cette trilogie, il veut raconter une histoire de la banlieue sur trente ans.
Propos recueillis par Clarisse Fabre
Ladj Ly est épuisé. Le grand gaillard de 39 ans tient à peine assis sur la banquette du distributeur Le Pacte, à Paris. Tout s’emballe dans la vie du réalisateur des Misérables, né en France de parents maliens. Récompensé du Prix du jury à Cannes, en mai, son premier long-métrage représente la France aux Oscars – on saura en janvier 2020 si le film fait partie des cinq nommés pour l’Oscar du meilleur film international. Ce film-choc montre les rapports sous haute tension entre trois policiers de la brigade anticriminalité (BAC) et les jeunes de la cité des Bosquets à Montfermeil (Seine-Saint-Denis), où Ladj Ly a grandi.
Le Pacte a projeté le film à des policiers de la BAC, tandis qu’Emmanuel Macron aurait été « bouleversé par sa justesse », selon le Journal du dimanche du 17 novembre. C’est l’ébullition, et l’autodidacte Ladj Ly, qui a appris à filmer avec ses amis du collectif Kourtrajmé – « court-métrage » en verlan –, nous annonce qu’il prépare une suite aux Misérables.
Vous revenez de Los Angeles, où « Les Misérables » a été projeté au festival de Colcoa. Comment a réagi le public ?
Une dame est sortie de la salle, vraiment choquée. Elle pensait voir une comédie musicale sur Les Misérables… Elle m’a fait de la peine, elle m’a dit : « Je ne pensais pas que la France était pire que Chicago. » Le film parle beaucoup aux Américains car ils ont à peu près les mêmes problèmes, avec les ghettos, etc.
Que dites-vous aux votants de l’Académie des Oscars ?
Je leur dis que Les Misérables est un film important, universel. Il parle à tout le monde, sur la misère sociale, et la misère est présente partout. C’est un film qui veut rassembler, alors qu’aujourd’hui on a l’impression que les gens font tout pour diviser et créer le conflit. Les Misérables est un film patriote sur la France multiculturelle, qu’on l’accepte ou pas. La première image montre des gamins qui soutiennent l’équipe de France. On va se battre pour que le film soit aux Oscars.
Avant ce film, vous aviez refusé toutes les offres de producteurs…
J’ai acheté ma première caméra à 17 ans et, depuis, je n’ai pas arrêté de filmer avec mes amis de Kourtrajmé. J’ai fait plusieurs documentaires, et à chaque fois c’était pareil : on voulait tout me censurer en télé, et je repartais avec mes films. Je ne voulais pas de préachat des chaînes, je voulais faire mon film, le monter et le vendre une fois qu’il est fini. Mais on voulait m’imposer des conditions, sur la fin, le message qui ne leur plaisait pas, etc.
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