LIDER News | 20 novembre 2019
Lundi après-midi, la Conseillère Exécutive du Prof. Mamadou Koulibaly, Nathalie Yamb (LIDER), a pris part à une rencontre avec la mission d’évaluation de l’Onu conduite par Simon-Pierre Nanitelamio, directeur-adjoint de la division de l’assistance électorale au département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, faisant suite à une requête du gouvernement ivoirien qui réclame l’assistance de l’Onu pour l’organisation du scrutin présidentiel de 2020.
Lors des échanges, trois informations majeures ont été communiquées que le public est en droit de savoir: d’une part, il apparaît que le gouvernement envisage d’ouvrir l’enrôlement électoral en mars 2020, sans pour autant avoir précisé la durée de l’opération à ses interlocuteurs onusiens. Cela est déjà un scandale en soi, car cela signifierait que le gouvernement s’apprête sereinement à violer le code électoral et le droit des citoyens, en ne procédant à aucune mise à jour de la liste en 2019, comme l’article 6 du code électoral le prescrit pourtant.
La deuxième information, et non des moindres, concerne l’émission des nouvelles cartes d’identité. Le chef de la mission onusienne a ainsi évoqué le fait que l’Oneci (office national de l’état civil et de l’identification, qui a remplacé l’Oni, dissous par décret en conseil des ministres le 22 mai 2019) prévoit de commencer la distribution des nouvelles cartes d’identité aux 6 millions et demi de personnes qui possèdent déjà des cartes d’identité, laissant sur le côté les 7 millions de nouveaux majeurs qui ne disposent d’aucune pièce d’identification.
«Cela est inacceptable et dénote de la volonté du gouvernement de continuer d’exclure les jeunes de la liste électorale», s’est offusquée Nathalie Yamb. «L’Oneci doit commencer à distribuer les pièces d’identité à ceux qui n’en n’ont pas. C’est cela la priorité. Pour les autres, il suffit que le gouvernement proroge leur validité jusqu’à fin 2020 ou même 2021», a-t-elle poursuivi, approuvée par ses interlocuteurs.
Par ailleurs, c’est avec stupéfaction qu’a été accueillie l’annonce selon laquelle les nouvelles cartes d’identité, dont la production a été confiée à la très douteuse entreprise belge Semlex, ne correspondront pas au format Cedeao, contrairement à ce qu’avait laissé entendre les tenants du pouvoir.
En effet, les textes de l’organisation sous-régionale prévoient que la carte d’identité biométrique Cedeao fasse également office de carte d’électeur pour les citoyens inscrits sur les listes électorales, ce qui ne sera pas le cas de la carte émise par Semlex/Oneci, dont le timbre coûtera pourtant 5.000 fcfa, en dehors de tous les autres frais induits. La mention du lieu de vote n’apparaîtra donc pas au dos de la cni, comme cela est déjà implémenté au Sénégal, dont les ressortissants peuvent utiliser leur carte d’identité comme carte d’électeur.
Les discussions ont également porté sur le reste de l’environnement politique, juridique et sécuritaire des élections. Nathalie Yamb n’a pas été tendre avec l’organisation des nations unies, martelant que le fait que M. Ouattara fasse appel à elle est totalement en déphasage avec le discours officiel du gouvernement qui répète à l’envi que la Côte d’Ivoire est la 5e puissance mondiale en termes de croissance, que l’indice sécuritaire y est similaire à celui de la Suisse et que tout est «bouclé-géré» pour les élections à venir. «Nous pensons que la requête d’assistance émise par M. Ouattara est juste un prétexte pour permettre à ses complices de la communauté internationale de venir valider le braquage électoral qu’il prépare», a-t-elle assené calmement.
Pour LIDER, la plus grande urgence est la réforme du code électoral et l’ouverture de l’enrôlement. «Nous considérons la commission électorale mise en place unilatéralement par Ouattara comme nulle et de nul effet. Quelle que soit la décision du recours devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, la Côte d’Ivoire a une Constitution, et ce texte prescrit l’indépendance de la commission en charge des élections. L’assujettissement actuel de la commission est consacré par le code électoral. C’est donc par là qu’il faut commencer, en éliminant tous les liens de subordination à l’exécutif et en y inscrivant les modalités d’autonomie financière, logistique, organique et opérationnelle. C’est seulement lorsque cela aura été fait que l’on pourra mettre en place une commission électorale.»
A ce sujet, la Conseillère Exécutive a réitéré la position inchangée de LIDER, que le parti avait déjà communiqué par courrier au Conseil de sécurité de l’Onu en 2012 : «Pour nous, tous les partis politiques doivent sortir de la commission électorale. Nous sommes les joueurs et ne pouvons pas être en même temps les arbitres. A défaut de cela, chaque candidat à l’élection présidentielle doit avoir son représentant à la commission. Ou alors, chaque parti politique doit y être représenté. Il n’y a aucune raison que M. Ouattara-candidat y désigne son représentant qui occupe le siège de président, que M. Ouattara-président du rhdp y désigne son représentant qui occupe le siège de 1er vice-président, et que M. Koulibaly, qui a été investi comme candidat par LIDER depuis 2018, n’y ait aucun représentant. Ce n’est ni juste, ni équitable, ni transparent et ça ne passera pas.»
Elle a poursuivi en disant : «Aucun Ivoirien ne veut plus perdre la vie pour des élections, mais le peuple de Côte d’Ivoire ne laissera pas ce pouvoir et ses alliés étrangers braquer leur choix, comme cela a été le cas par le passé. Dites à votre Conseil de sécurité que si M. Ouattara s’entête, nous allons droit vers une crise pré-électorale, qui sera beaucoup plus ravageuse que 2011».
Pour conclure, Nathalie Yamb s’est faite la porte-voix des appréhensions des populations concernant l’environnement sécuritaire des élections. «Vous-même, aux Nations Unies, avez produit des rapports dévoilant que 300 tonnes d’armes de guerre sont stockées illégalement par ce gouvernement en Côte d’Ivoire. Nous avons tous vu M. Ouattara, que les textes consacrent comme chef des armées, se coucher à plat ventre devant quelques mutins et courir endetter les générations futures pour leur offrir un butin de 100 milliards de fcfa, sans pour autant leur retirer leurs armes. Alors, je vous pose la question : Comment est -ce que l’Onu voit le contexte sécuritaire de l’élection présidentielle à venir ? Comment pouvons-nous rassurer les électeurs et leur certifier qu’ils ne finiront pas étouffés dans des conteneurs, mitraillés, estropiés ou découpés à la machette pour avoir voulu choisir librement celui qui les conduira à la prospérité ?»
Commentaires Facebook