Par Grah Ange Olivier, magistrat ivoirien, exilé aux États-Unis
En parcourant les titre des journaux de la presse écrite de ce jour ; nous avons été interpellé par celui du quotidien « l’Intelligent d’Abidjan » qui s’interrogeait sur le point de savoir s’il fallait «brûler le Conseil Supérieur de la Magistrature coupable d’avoir choisi à l’unanimité Ibrahim Kuibiert Coulibaly»?
Avant de répondre à une telle question, il convient de s’interroger d’abord sur le modus operandi du choix du représentant du Conseil Supérieur de la Magistrature.
La représentation du Conseil Supérieur de la Magistrature au sein de la CEI ne se fait pas sur la base d’un appel à candidatures ou de propositions émanant d’autres organes ou organisations professionnelles de magistrats, mais résulte du choix discrétionnaire de cet organe qui peut se porter, soit sur un des magistrats la composant ou sur tout autre magistrat professionnel.
Quand on connaît la tradition très ancrée de refus de la Commission d’avancement et du Conseil Supérieur de la Magistrature de faire la promotion des magistrats qui ne servent ni dans les juridictions, ni au sein de l’administration du ministère de la Justice ; on a du mal à concevoir qu’alors que le choix dépend de lui, le CSM ait pu librement préférer à la pléthore de magistrats à sa disposition éligibles à ces fonctions, pour porter son choix Coulibaly Ibrahim. Ce dernier exerçait en effet comme secrétaire Général du Conseil Constitutionnel, juridiction de contrôle des décisions de l’organe où il se proposait de le désigner comme son représentant.
Par ailleurs le rang de ministre dont il bénéficiait en cette qualité, en ajoutait à son inéligibilité.
Enfin pour une question de bon sens, si tout n’était pas arrangé d’avance et la place de président de la CEI acquise pour monsieur Ibrahim Kubiert, qui peut croire que le CSM puisse envisager un seul instant proposer à une personne qui a rang de ministre dans une Institution d’abandonner cet avantage pour devenir un simple membre de la CEI, puisque c’est là que s’arrête normalement son pouvoir de décision.
On en déduit qu’Ibrahim Kuibiert Coulibaly a été imposé au CSM avec la certitude qu’il irait à la CEI pour en être le Président.
On se serait interrogé sur l’identité de celui ou de ceux qui avaient l’influence nécessaire pour arriver à l’imposer au CSM et à la tête de la CEI si nous ignorions la singularité de ses liens avec son mentor le très écouté par Alassane Ouattara, président du Conseil Constitutionnel, Koné Mamadou, très influent dans les nominations opérées au sein de l’appareil judiciaire et devant lequel le très affaibli CSM dont le fonctionnement n’obéit à aucune loi organique indiscutable ne fait aucunement le poids.
C’est la seule explication valable pour justifier que ce dernier en sa qualité de Président, de l’organe principalement en charge de garantir l’intégrité juridique et morale du processus électorale, attribution hautement délicate ; très certainement conscient de ce que le respect des apparences en général et de l’éthique en particulier, est une exigence fondamentale du succès de la mission de la CEI, ne se soit pas opposé au choix de son secrétaire général alors que cela ne pouvait que desservir l’Institution en suscitant la suspicion comme nous le constatons actuellement.
Cela démontre à suffisance que c’est celui qui prétend détenir le magistromètre c’est-à-dire l’instrument qui permet de mesurer si une personne a ou n’a pas les qualités pour être magistrats, qui est à la base de la nomination son poulain.
Ce n’est guère rassurant pour l’intégrité du processus électoral quand on connaît la dévotion de Monsieur Coulibaly Kubiert pour son mentor, qui va jusqu’à l’imitation de sa manière de s’exprimer.
Nous pouvons affirmer qu’en réalité, les deux organes intervenant dans le processus électoral sont dirigés par Monsieur Koné Mamadou.
Lorsque nous savons à qui on a affaire, nous prévenons que des jours sombres s’annoncent pour la Côte d’ivoire avec celui qui est plus magistrat que tous les autres magistrats ivoiriens.
Il résulte de tout ce qui précède que la désignation du Président de la CEI contrairement aux apparences n’a obéi à aucun processus démocratique et que les élections qui ont eu lieu n’étaient en réalité qu’une véritable farce.
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