Une fois de plus, la paix polarisera l’attention de la nation, ce 15 novembre 2019. Elle sera invoquée par certains dans les mosquées, temples et églises du pays. D’autres participeront à des débats ici ou là pour montrer combien elle est précieuse et (se) convaincre que, sans elle, aucun développement socio-économique n’est possible.
Importantes, ces prières et réflexions ne suffiront cependant pas à nous procurer cette paix à laquelle nous aspirons tous, individuellement et collectivement si nous ne percevons pas en même temps que nous avons à la construire quotidiennement. Une construction qui commence par la découverte de tout ce qui ne favorise pas la paix. Qu’il me soit permis ici de faire appel au quatrième évangile dans les Saintes Écritures. Saint Jean affirme en effet que les apôtres avaient verrouillé les portes de la maison où ils se trouvaient parce qu’ils avaient peur des autorités juives après la mort de Jésus mais qu’ils furent dans la joie quand Jésus ressuscité leur dit : “La paix soit avec vous !” (Jn 20, 19-23). Celui qui a peur ne peut connaître ni la paix ni la joie. Or que voit-on dans notre pays aujourd’hui ? Nombreux sont les Ivoiriens qui ont perdu la paix du cœur et de l’âme, qui vivent dans la peur. Et cette peur les rend, jour après jour, tristes et angoissés. Ils ont peur que les prochaines élections fassent encore des morts et des blessés, qu’elles débouchent sur des violences et que les armes tonnent à nouveau dans le pays. Ils ont peur de sortir et de circuler dans certains quartiers à cause des microbes qui agressent et tuent impunément ; ils ont peur de voyager d’une ville à une autre à une certaine heure à cause des coupeurs de routes. N’ayant pas d’assurance maladie, ils ont peur d’aller à l’hôpital où le malade n’est pas soigné tant que ses parents n’ont pas déposé la somme nécessaire sur la table du médecin ou de l’infirmier. Ceux qui sont en exil ont peur de rentrer parce qu’ils se disent qu’ils pourraient être jetés en prison pour un “oui” ou un “non”. Il n’est pas non plus en paix l’homme privé de pain, de toit ou de vêtement, l’homme qui ne peut pas penser et s’exprimer librement, l’homme qui manque de moyens pour scolariser sa progéniture, l’homme victime de mépris, d’injustice, d’exploitation, de discrimination ou d’oppression.
C’est dire que la paix n’est pas simple absence de guerre. Dieu merci, on ne se tire plus dessus dans notre pays pour le fauteuil présidentiel mais cela ne signifie pas nécessairement que le pays et ses habitants jouissent de la paix. Celle-ci doit être comprise aussi comme le fruit de la justice et de la sécurité. Car la paix ne peut exister là où les uns accumulent sans arrêt des biens matériels pendant que d’autres manquent du strict minimum, quand l’hévéa et la noix de cajou du planteur sont vendus à un prix dérisoire, là où on s’enrichit outrageusement sur le dos des pauvres, là où on refuse de partager avec les démunis les richesses dont le Créateur reste le vrai propriétaire, là où on recourt à la violence alors que la démocratie offre aux citoyens de débattre ou de dialoguer, là où le détournement et le gaspillage des deniers publics sont devenus un sport, etc. C’est en refusant de pactiser avec ces anti-valeurs que nous participerons à l’avènement d’un monde de paix.
Comme chacun peut le voir, vouloir la paix, ce n’est pas uniquement prier pour elle, ni discourir sur ses bienfaits ou avantages mais agir d’une manière qui honore et respecte les autres. Si nous nous engageons dans cette voie, alors “le désert se changera en verger et la droiture habitera dans le désert. Et la justice aura sa demeure dans le verger [car] l’œuvre de la justice est la paix, Et le fruit de la justice, le repos et la sécurité pour toujours. Et [notre] peuple demeurera dans le séjour de la paix, dans des habitations sûres, dans des asiles tranquilles” (Isaïe 32, 12-18).
Jean-Claude DJEREKE
La dernière escroquerie intellectuelle en vogue en Côte d’Ivoire, c’est la « PAIX ». Tout le monde se réclame de Félix Houphouët-Boigny, ci-devant « apôtre de la paix ». Il y a même des bagarres de chiffonniers pour déterminer qui est son vrai et digne héritier, son nom est devenu un puissant fond de commerce politique… Et pourtant PERSONE ne veux mettre en pratique sa plus célèbre citation (déformée depuis) qui était à l’origine : « la paix, ce n’est pas un vain mot ; la paix, c’est un comportement ».
Observez bien les acteurs politiques de premier plan et vous n’en verrez aucun adopter un COMPORTEMENT de paix. Et surtout pas ceux au pouvoir dont le sigle du nom de parti de décline de la façon suivante : Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et LA PAIX. Quelle forfaiture !!!!!
Et pendant ce temps, tout le monde fourbit ses armes dans la perspective de l’exact contraire de la paix, à savoir la GUERRE en 2020.