Objet: Interpellation
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes le jeudi 31 octobre 2019, exactement à un an, soit 365 jours du 31 octobre 2020, deadline constitutionnel pour la tenue de l’élection présidentielle de 2020. Dans ma volonté obstinée d’honorer les charges du devoir attaché à la mission de réconciliation dont je me sens investi, je me suis assez souvent permis l’honneur de m’adresser à mes compatriotes, à la classe politique et notamment aux gouvernants. Après mes récentes lettres ouvertes au Président de la république, c’est à vous, que dis-je, c’est à nous, Mesdames et Messieurs de l’opposition civile et politique, que je destine la présente tribune dont le but n’est nullement de donner une quelconque leçon mais plutôt d’éveiller notre conscience sur la gravité de la situation qui menace notre pays, en questionnant le niveau et la qualité de notre réponse actuelle. Si je m’adresse spécialement à vous ce jour, c’est que j’ai le sentiment, à présent que la volonté du régime de reporter la question de la réconciliation aux calendes grecques est manifeste et sans ambages, que l’espoir de réconciliation et de paix sociale ne reposent plus que dans le camp de l’opposition civile et politique. En effet, les derniers développements de l’actualité avec les arrestations, emprisonnements, condamnations et poursuites des opposants, ajoutés à la longue liste de décisions étranges, anti démocratiques et anticonstitutionnelles au nombre desquelles on peut citer :
– l’instauration de la carte nationale d’identité (CNI) à 5000 FCA ;
-le passage en force à une Commission Electorale Indépendante (CEI) non consensuelle ;
– le curieux projet de modification de la constitution à quelques mois de la présidentielle ;
– l’éventuelle candidature pour un 3e mandat au mépris de la constitution ;
– le maintien en détention des prisonniers militaires de la crise postélectorale ;
sont des messages forts qui ne laissent aucun malentendu sur l’intention du régime et sur son hostilité désormais avérée à la réconciliation nationale et donc à la paix comme le confirme si éloquemment son opposition au retour de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé.
Il s’ensuit qu’à ce jour, à 365 jours du 31 octobre 2020
– Personne ne sait avec exactitude le cadre juridique qui régira les prochaines élections (la constitution étant appelée à évoluer) ;
– Aucun ivoirien ne sait avec quel titre d’identité il pourra s’inscrire sur la liste électorale ;
– Nous n’avons toujours pas la CEI consensuelle pour aborder les points essentiels à la préparation d’élections équitables et justes (découpage électoral, environnement sécuritaire, recensement électoral, listing électoral etc…).
Manifestement et de toute évidence, le pouvoir rhdp semble avoir définitivement opté pour la conservation du pouvoir par tout moyen et à tout prix y compris par la force et le mépris de la volonté du peuple, de la constitution ivoirienne et des lois et traités supra nationaux.
Mesdames et messieurs,
Face à ce projet funeste, quelle attitude devrions-nous adopter pour éviter à la nation l’implosion ?
Dirions-nous oui à l’invitation à l’affrontement que semble nous préparer le rhdp ou devrions-nous plutôt lui présenter l’autre joue ? En d’autres termes, devrions-nous nous laisser entraîner sur le terrain de l’affrontement et de la guerre ou les attirer plutôt sur l’autre terrain, le terrain de la paix ? Là se trouve, me semble-t-il, le véritable enjeu des joutes actuelles et à venir. L’autre joue, c’est le terrain de la paix, le terrain de la paix, on y accède par le terrain de la réconciliation. La réconciliation, c’est le consensus national qui passe par le dialogue et la concertation nationale inclusive. A présent que le masque est tombé, il nous appartient de nous emparer de la responsabilité d’imposer la paix par la réconciliation. Si d’aventure, le régime prépare la guerre, les opposants doivent préparer la paix. Si d’aventure, le rhdp veut nous imposer la guerre, toute l’opposition civile et politique et toute la Côte d’ivoire doivent lui imposer la paix. Toute autre attitude serait de fait une complicité et une aide à la destruction de la Côte d’ivoire. Cela passe par une concertation de toutes les forces civiles et politiques pour une position commune ferme et claire ainsi que par une cohérence au niveau des actions et du langage. Evitons les erreurs tac tic qui pourraient nous desservir par leur mauvaise interprétation. Soyons fermes et conséquents.
En déclarant par exemple ‘’malgré les tares de cette CEI, nous irons aux élections et nous les gagnerons’’, nous envoyons l’impression que nous en prenons acte. De même, si nous disons ‘’si Ouattara veut il n’a qu’à être candidat mais nous allons le battre’’ nous envoyons le message qu’il peut se présenter. Nous serions bien ridicules de désapprouver par la suite que l’UE et autres, communauté internationale, accourent pour adouber la CEI et certainement demain, la candidature de Ouattara. Nous ne devons pas transiger avec les conditions d’une élection juste et équitable, la paix sociale en dépend.
Nous devons clairement marteler à l’attention du rhdp et de l’opinion nationale et internationale que nous voulons aller aux élections mais pas avec cette CEI non consensuelle et inféodée au pouvoir.
Nous devons clairement marteler à l’attention du rhdp et de l’opinion nationale et internationale que nous voulons aller aux élections mais que pour la paix sociale nous voulons la réconciliation d’abord.
Nous devons clairement marteler à l’attention du Président Ouattara et de l’opinion nationale et internationale que le peuple à travers la constitution du 08 novembre a réaffirmé clairement sa volonté de ne pas concéder plus de 2 mandats successifs à qui que ce soit. Que par conséquent, Monsieur Ouattara, comme ses propres experts et conseillers l’ont solennellement et publiquement déclaré à juste titre, ne peut briguer un 3e mandat.
Nous devons clairement marteler à l’attention du rhdp et de l’opinion nationale et internationale que si par faute d’avoir réuni les conditions, la présidentielle n’a pu se tenir à la date du 31 octobre 2020, une période de transition consensuelle devra s’ouvrir dans un cadre non partisan dès le 01 novembre pour réunir les conditions de la réconciliation nationale et de l’organisation d’élections démocratiques, justes et équitables.
Telle me parait être l’attitude claire et responsable que le peuple attend de nous pour faire échec au projet d’affrontement du rhdp.
Tels sont, me semblent il, les messages forts et sans équivoques que nous devons tous emboucher à l’unisson pour imposer la réconciliation et la paix au régime Ouattara.
Faisons-le avec fermeté, détermination et gravité mais avec respect, courtoisie et AMOUR pour chacune et pour chacun.
Pour une Côte d’ivoire à nouveau réunie, fraternelle et paisible,
J’ai humblement suggéré.
Fait à Abidjan, le 31 octobre 2019
Konan Kouadio Siméon (KKS)
Candidat aux présidentielles 2010 et 2015
Président de Initiatives Pour la Paix en CI (IPPCI)
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