Le village de Sassako Bégnini a son sanctuaire marial et va certainement une attraction pour le tourisme religieux. Il devient par la même occasion un patrimoine, un lieu de convergence pour les catholiques ivoiriens en quête de quiétude et de prière à Dieu. Le monument de 12 mètres de haut exactement est un don du maire de Jacqueville, Joachim Beugré qui a expliqué les raisons fondamentales de cet acte de foi lors de l’inauguration de l’édifice, le jeudi 24 octobre 2019.
Le maire explique dans son allocution que tout est parti de la crise postélectorale de 2011 qui a vu se manifester chez lui, la puissance de la vierge Marie. Quand survint la crise, le maire était en poste au ministère de la construction en tant que chef de cabinet. Comme certains qui ont évité de sortir d’Abidjan, il s’était terré avec sa famille dans sa résidence de Marcory, zone 3. Il raconte que son domicile a été assiégé par des hommes armés. Face à eux et la peur au ventre, il aurait supplié ceux-ci, genoux à terre, d’épargner sa femme et ses 3 enfants. Pendant ce temps, madame qui est dans un endroit de la maison avec les enfants marmonnait des prières avec son chapelet. Entre temps, le chef du gang qui ne voulait pas se laisser conter, découvre dans un autre coin de la cour une grotte mariale pendant qu’il déambulait. Il s’écrie : ‘’hé les gars ! La vieille mère est ici !’’ (parlant de la vierge Marie). La suite est heureuse. Les bandits changent d’option, attendrissent leur cœur et renoncent à leur mission. D’ennemis, ils deviennent sur place amis de la famille et se proposent même de garder la cour pour parer aux attaques d’autres bandes de miliciens. Sous leur surveillance un ouvrier appelé à la rescousse fait la réparation des dégâts occasionnés par l’attaque.
C’est depuis ce temps qu’ayant réalisé l’amour de la vierge Marie, le maire de Jacqueville et sa famille ont décidé de poser un acte de reconnaissance à la vierge Marie dont acte. En plus de ce sanctuaire, ils ont offert un terrain d’un hectare où seront bâtis la ‘’paroisse Notre Dame de Cana’’ et une école primaire catholique. Quant à la résidence des Beugré qui jouxte le terrain, elle a été offerte au diocèse pour servir de presbytère.
A cette célébration qui a réuni les croyants du diocèse de Yopougon, Mgr Salomon Lézoutié a dit une homélie pour répondre à ceux des humains qui reprochent aux catholiques l’adoration des statues alors que la bible proscrit cela dans les dix commandements de Dieu : ‘’Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque…Tu ne te prosterneras point devant elle…’’ (Exode 20 : 4-5). Pour Mgr Lézoutié, il faut situer les choses dans un contexte précis. ‘’En fait les statues ne posent pas de problème. C’est l’intention derrière qui pose problème et c’est l’intention que Dieu regarde. Si ce n’est pas pour adorer mais pour se représenter Dieu, il n’y a pas de problème. Josué s’est prosterné devant l’arche du matin au soir. Il n’est pas un idolâtre’’, a expliqué le prélat. Puis de poursuivre avec l’évocation des défunts par les catholiques. ‘’Comment se fait-il que les catholiques évoquent les défunts comme Marie ? Mais le premier à l’avoir fait c’est Jésus… Ce n’est pas tellement l’invocation des défunts mais l’intention qu’il faut voir. C’est une communion avec les saints. Dieu fait des miracles à travers ses saints. Qu’ils soient vivants, présents ou absents. Selon lui, des témoignages existent où de telles représentations ont sauvé des croyants de situations désespérées. Il donne le témoignage d’un croyant qui ayant affiché la photo d’un pape au chevet de son lit a été totalement guéri de son cancer après l’avoir prié d’intercéder en sa faveur. A l’église catholique, nous invoquons les saints et nous évoquons les anges’’, a-t-il coupé court sans toutefois mettre fin au débat. Pour beaucoup les catholiques s’investissent beaucoup plus dans les représentations de Dieu et de la vierge Marie que de prier Dieu lui-même.
SD de retour de Sassako
sdebailly@yahoo.fr
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