Par Connectionivoirienne
Ceux qui croyaient en la volonté du pouvoir Rhdp de clarifier le jeu électoral en prélude au scrutin présidentiel de 2020 peuvent, encore une fois, déchanter. Le régime se prépare, en effet, à porter un autre grave coup à l’indépendance et à la crédibilité de l’outil en charge de l’organisation des élections. A savoir la Commission électorale indépendante. A en croire nos sources, le pouvoir manœuvre pour porter à la tête de la Cei, un homme acquis à sa cause.
Il s’agit du magistrat Coulibaly Kuibert.
Le juge hors hiérarchie, nommé pour le compte du conseil supérieur de la magistrature, se trouve être non seulement le Secrétaire Général du Conseil Constitutionnel mais aussi et surtout l’homme de main de l’actuel président du Conseil constitutionnel, Koné Mamadou dont il est d’ailleurs le ‘’bon petit’’. C’est le secrétaire général de l’institution chargé de valider les résultats de l’élection présidentielle. Il apparait clairement que Coulibaly Kuibert, même si sa compétence n’est pas mise en cause, son indépendance l’est. Comment pourrait-il s’affranchir du devoir de gratitude vis-à-vis de son mentor et bienfaiteur ? Les signaux inclinent à dire que ce n’est pas possible.
Ainsi, le conseil constitutionnel et la CEI seront toutes les deux aux mains du Rhdp. On comprend alors nettement la thèse ‘’tout est bouclé et géré’’. L’on avait reproché à Paul Yao N’dré, l’ancien président, sa proximité avec Laurent Gbagbo. L’issue de l’élection présidentielle de 2010, avec le rôle joué par le Conseil constitutionnel dans la crise a bel et bien démontré jusqu’où le devoir de gratitude pouvait conduire au cataclysme. Eu égard à cette expérience, l’on a pensé que le pouvoir Rhdp qui se prépare à organiser la prochaine présidentielle pouvait tirer toutes les conséquences de la mainmise sur une institution comme la CEI ou le Conseil constitutionnel.
Dans cette affaire, c’est Affi N’guessan à qui le pouvoir a promis la présidence à une personnalité apolitique et la société civile qui doivent se mordre les doigts. Les deux entités se retrouvent roulées dans la farine et pris au piège du discours à la fois prometteur e trompeur tenu par les hommes d’Alassane Ouattara. Dans les habits de magistrat, Coulibaly Kuibert ne sera que l’homme du Palais et devrait personnellement veiller sur les intérêts du clan, c’est-à-dire la volonté du régime de s’arroger la victoire sans coup férir en 2020. La société civile prise au piège d’une roublardise sordide, n’a aucune chance d’avoir la présidence. Si Salimata Porquet, qui est 417ème membre du comité des sages du Pdci et actuellement en rééducation après des soins à la clinique Farah suite à une crise, se retrouve forclose, les 3 autres représentants des réseaux et coalitions, à savoir Yoli Bi Marguérite, Adjoumani pierre et Julien Gauze, en dépit de leurs expertises, vont être mis en minorité lors du vote. « Le pouvoir avait l’occasion de montrer pour une fois, sa bonne foi, en laissant le jeu se faire. Ce n’est pas le cas. Il a son homme qui va passer. Sans parrain politique, quelle que soit leur expertise en matière électorale ici et ailleurs, bien qu’étant en position médiane, aucun représentant des réseaux et coalitions de la société civile qui apportent un gage de crédibilité, d’indépendance, n’a de chance d’être élu », se convainc un proche du dossier. Ainsi, le pouvoir qui s’est taillé, comme le dénonçait l’opposition crédible, la grosse part du lion, va remporter l’élection. Et la personne de son choix sera président de la Cei. N’en déplaise à ceux qui se sont laissés prendre aux songes et mensonges du pouvoir RHDP. Quid de la promesse faite de donner la présidence à un vrai visage de la société civile ? Revenez après 2020, le Rhdp va vous répondre.
Côté corps diplomatique et bailleurs de fond, va-t-on laisser faire et prendre le risque de voir s’éloigner de la Cote d’Ivoire les principes d’une élection crédible et démocratique, ouvrant la voie à la paix durable et au développement ? La question du genre et la garantie de neutralité seront-elles sacrifiées ?
Un autre épisode de contestation et de tension
Avait-on encore besoin d’un tel scénario qui fait planer un vent de contestation, de réprobation et de tension sur le pays ? Si depuis la fin du scrutin de 2010, les organisations nationales et internationales ont fini par avoir la tête de Youssouf Bakayoko, il reste que sur le chemin de la cohésion et d’une élection sans bruit, on est encore loin de l’objectif. La liste des personnalités nommées en conseil des ministres mercredi dernier n’a pas suffi à calmer le landerneau politique tant les récriminations fusent de partout pour remettre en cause le principe de la neutralité et d’indépendance des nommés. A cette contradiction, quand s’ajoute le désir du pouvoir de positionner un de ses pions à la tête de l’institution, le cocktail d’une nouvelle déflagration issue des élections est bien en place. C’est pourquoi, dans cette société ivoirienne fortement politisée, où les uns et les autres se connaissent suffisamment, il aurait été vital pour le pouvoir d’opter pour la solution de moindre mal. Dans une institution handicapée par la non-participation des partis significatifs comme le Pdci et le Fpi-Eds, la solution de moindre mal, serait d’avoir une personnalité de la société civile pour contrebalancer un tant soit peu, la forte représentativité des démembrements du pouvoir.
Ci avec TM
Commentaires Facebook