Africa Inside par Martin Poirier
C’est le 28 Mai 2018 que la commission des affaires générales et institutionnelles du parlement ivoirien a adopté, deux lois censées lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite. Plus d’un an après cette adoption, certains hauts responsables ivoiriens réussissent à passer entre les mailles du filet.
C’est le cas de Koné Mamadou, responsable des moyens généraux au CCDO.
Introduit et parrainé au sein du pouvoir ivoirien par les ministres Hamed Bakayoko et son « frère » Alain-Richard Donwai alias ARD, M. Mamadou est aujourd’hui appelé dans le petit milieu de la classe aisée ivoirienne, le petit prince. Un pseudo qu’il doit à un train de vie hors du commun pour un directeur des moyens généraux du CCDO au moment où les plaintes se font de plus en plus persistantes au sein de l’appareil militaire ivoirien avec des services encore sous-équipés.
Une fortune qui pose question !
Propriétaire d’une dizaine d’immeubles dans la capitale ivoirienne, et plus étonnant encore, d’un ranch à l’entrée de la ville de Bouaké, Koné Mamadou est aussi patron d’un hôtel à Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire. Mais ce n’est pas tout. Le responsable des moyens généraux a un goût immodéré pour les véhicules. Selon nos sources, son parc auto personnel, (une trentaine de véhicules ) serait plus fourni que celui du ministre d’Etat Hamed Bakayoko. Sa dernière acquisition, un véhicule Mercedes GLE dont la valeur varie selon les modèles, entre 68000€ et 71000€.
À Paris où il séjourne depuis le 15 Septembre, Koné Mamadou est un fidèle client de la maison Berluti, qui fabrique des souliers, articles de maroquineries masculins, désormais propriété du LVMH. Une maison qui a pour clients, des opérateurs econoqmies fortunes du monde entier, mais aussi de hauts dirigeants et chefs d’Etats africains comme Patrice Talon, Ali Bongo, Faure Gnassingbé, George Weah, Roch Kaboré et……Hamed Bakayoko.
Soutien au sommet de l’Etat ivoirien
Koné Mamadou dispose de solides entrées et soutiens à la présidence de la République ivoirienne, notamment auprès de l’Argentine M. Nanguin, collaborateur direct et proche de Téné Birahima Ouattara, du frère du président Alassane Ouattara.
Mais il reste au cœur d’une vaste enquête diligentée par le président ivoirien Alassane Ouattara alerté par ses services de renseignements sur le train de vie sulfureux du responsable des moyens généraux du CCDO. Un haut responsable de la présidence ivoirienne affirme sous anonymat que plusieurs véhicules destinés à renforcer les moyens roulants du Conseil national de sécurité seraient régulièrement détournés à des fins personnelles par Koné Mamadou au point de provoquer l’ire au plus haut niveau de l’état major ivoirien.
Persona non grata aux Etats-Unis
En charge des moyens généraux depuis la création du CCDO en Mars 2013, Koné Mamadou Centre est aussi conseiller technique chargé de l’équipement au ministère de la Défense. Preuve des lourdes suspicions qui pèsent sur lui, et de l’opacité qui entoure ses activités, son homme de main, expert en montage financier et surfacturations de tous ordres, M. Samer Ousseily s’est vu notifié depuis quelques semaines, une interdiction d’entrée sur le sol américain. Les Etats-Unis ont en effet annulé son visa, une mesure qui s’applique entre autres, à tous les citoyens ou représentants de gouvernements étrangers soupçonnés d’avoir commis de graves faits de corruption ou une violation flagrante des droits de l’homme.
Dans son rapport 2018, l’organisation de lutte contre la corruption Transparency International dresse un bilan sombre de la corruption en Côte d’Ivoire. Le pays occupe la 105è place sur 180. À un an de la prochaine élection présidentielle ivoirienne, le bilan d’Alassane Ouattara pourrait être grandement entachée par la corruption et l’enrichissement illicite instaurés par ses plus proches et plus fidèles collaborateurs. Il est important de préciser que, l’augmentation substantielle du patrimoine de tout agent public, de toute personne investie d’un mandat électif et de toute autre personne, qui ne peut être raisonnablement justifiée par rapport aux revenus légitimement perçus, est considérée comme un enrichissement illicite en terre ivoirienne.
À Abidjan notre correspondant Martin Poirier
Le poisson pourrit par sa tête, c’est connu. Et le pire dans tout ceci, c’est que tous ceux qui menacent de mettre à feu et à sang ce pays pour le pouvoir en 2020 ne le font ni par idéal politique, ni par désintéressement messianique éprouvé en direction du drapeau orange-blanc-vert. Ô que non ! La motivation est de reconduire le système et en changer les bénéficiaires. Quand donc les Ivoiriens comprendront qu’après avoir essayé le PDCI, les militaires (réputés rigoureux), le FPI, le RDR, il serait peut-être temps d’envisager de nouvelles pistes ? Koulibaly n’est pas exempt de défauts, mais lui au moins est porté par un idéal fort. Idéalisme naïf et candide diront certains, mais à un tel niveau de décrépitude avancée de la classe politique, il sera difficile de faire pire.