Si j’étais Laurent Gbagbo, faisant l’analyse que je suis un otage et que le but de guerre de ceux qui me maintiennent en otage est la neutralisation de l’opposition à leur poulain Alassane Ouattara, j’aurais rendu vaine leur tactique en… passant la main et en appuyant sincèrement mon successeur.
J’aurais pris acte du fait que tous ces mois d’attente sont l’allié suprême d’un adversaire qui s’organise pendant que mes soutiens sont dans l’expectative ; pendant que mon entourage le plus proche tire ouvertement ou pas sur la personne la mieux préparée à livrer cette bataille de 2020 pour mon camp politique.
Je dis « si j’étais Gbagbo » mais ce n’est en réalité qu’une tournure rhétorique parce que je ne le suis pas et que j’ai moi même mes propres affects qui auraient limité mes marges de manœuvre politique si j’étais à sa place.
Et j’imagine fort bien qu’il est conscient que nombreux sont ceux qui l’entourent qui disparaîtraient s’il cessait d’être leur « marchandise politique », donc leur moyen de survie.
Analyser la vie politique sans prendre en compte les affects, penser que ceux qui sont élevés ne sont pas sujets aux passions et angoisses qui nous étreignent nous-mêmes, les voir en demi-dieux capables de commander au réel, c’est s’illusionner lourdement.
Et pourtant, on est dans « ça », dans la vraie vie avec ce qu’elle comporte de grandeur et de petitesses.
Théophile Kouamouo
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