Opinion de Estelle Tra-Lou
Nommé en grande pompe à la tête du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, les acteurs du système étaient bien loin de s’imaginer que celui qui s’apparentait à un sauveur, deviendrait un bourreau de la pire espèce. Mal leur en prit, le rêve a vite tourné au cauchemar ! En effet, sous son air débonnaire trompeur, se cache en réalité un champion, toutes catégories, de fausses promesses. Mabri Toikeusse, puisque c’est de lui qu’il s’agit, excelle dans l’art de la diversion et de l’esquive. Spécialiste du double jeu, il est capable de vous faire tourner en bourrique sans que vous ne vous en rendiez compte, juste avec son sourire anesthésiant. Ce ne sont pas les composantes du système d’enseignement supérieur qui diront le contraire, eux qui font les frais de l’expertise du ‘’maître de l’illusion’’. Que ce soient les enseignants, les étudiants ou le personnel administratif et technique, tout le monde a déjà fait l’amère expérience de sa ‘’politique d’enfarinement’’ ; de la roublardise à l’état pur ayant transformé le noble département de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique en un ‘’Ministère wouya wouya’’ où on ment comme on respire. Voilà un Ministre qui, au lever du jour annonce une chose et qui, avant le coucher du soleil, remet en cause sa parole, déroutant en permanence ceux qui lui font confiance naïvement. Incapable qu’il est de résoudre le moindre problème, il n’hésitera pas un seul instant à vous faire rêver debout, avec un cynisme dont il a seul le secret.
Le constat est tout simplement honteux. Car, depuis que Mabri Toikeusse a fait irruption dans ce Ministère, les problèmes ne font que s’empiler, sans le moindre début de solution. Les enseignants de la CNEC qui ont eu maille à partir avec Pr Abou Karamoko, président de l’Université Félix Houphouët Boigny, continuent de vivre un calvaire, privés de plusieurs mois de salaire, dans l’indifférence totale du Ministre de tutelle. Que dire de l’affaire des 5 mille étudiants non-inscrits, menacés d’exclusion de la même université, qui défraie la chronique en ce moment ? Là encore, point de Mabri au créneau pour tenter de ramener le calme. Il préfère se la couler douce au pied des cascades de Man, ville qu’il rallie de manière régulière, voire intempestive, tous frais payés, en désertant le cabinet avec son armée mexicaine de ‘’mangeurs’’. Qu’est-ce qu’il a à foutre avec ces enseignants et étudiants ? Qu’Abou Karamoko se débrouille tout seul !
Cette situation s’apparente à un manque d’autorité de la part de Mabri qui, visiblement, semble dépassé par les événements. C’est à croire que le costume de Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique est trop grand pour lui. Disons que la tenue qui lui va à merveille, c’est celle du boulanger-pâtissier prenant plaisir à rouler tout le monde dans la farine. C’est son passe-temps favori. Si Mabri Toikeusse tente lâchement de se réfugier derrière l’argument selon lequel l’espace universitaire relève de la gestion exclusive du président d’université, pour justifier son inaction, sa mauvaise foi par contre est mise à nu au sein de l’administration centrale, sa ‘’cour royale’’. Que de fausses promesses ! Que d’espoirs déçus! Autant le dire, les agents de l’administration centrale censés être les plus heureux de ce Ministère aux recettes faramineuses se chiffrant à plusieurs milliards de francs CFA, sont paradoxalement les plus démunis et les plus malheureux. Dégoûtés et révoltés par l’attitude égocentrique de leur Ministre et son clan, préoccupés par leur enrichissement rapide que par l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel, les agents n’ont que leurs yeux pour pleurer. Car, Mabri leur a vendu des illusions. De la promesse des primes trimestrielles, notre spécialiste du tango est passé à la promesse des primes transitoires, sans effets financiers, qui semblent s’être transformées en mirage. Un gros canular datant de mars 2019, actualisé en juin 2019 et pendant jusqu’en septembre 2019. Il paraît que Papa Mabri Noel qui a plus d’un tour dans son sac, a même prévu un gros cadeau le 24 décembre 2019. Encore des promesses, toujours des promesses…sans suite.
Les agents, eux, peuvent chialer, voire même crever. Mabri reste de marbre, insensible à la souffrance quotidienne de ses collaborateurs. La boutade est bien connue dans le milieu et demeure plus que jamais d’actualité : « Si tu n’es pas capable de régler le problème de 400 personnes, ce ne sont pas les problèmes nationaux de 25 millions d’habitants que tu pourras résoudre ». Et dire que ça rêve d’être Président de la République en 2020 ! Soyons sérieux, cette candidature ne peut qu’amuser la galerie ! Comment confier la présidence de ce respectable pays à quelqu’un qui est incapable de respecter ses engagements ? Comment les ivoiriens peuvent-ils prendre le risque de faire confiance à un faiblard qui manque visiblement d’autorité et de poigne ? Au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, tout le monde sait qu’aucune de ses décisions n’est suivie d’effet. Car, en réalité, aucun Directeur ne le prend vraiment au sérieux. Résultat, on ne sait plus qui fait quoi dans ce Ministère où la pagaille règne en maître-mot.
Qu’a-t-il apporté concrètement à ce département ministériel ? Absolument rien du tout ! A part bien-sûr, son sourire anesthésiant et soporifique. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à se référer à l’organisation calamiteuse des examens du BTS 2019, aux résultats catastrophiques et contestables. De mémoire de citoyenne, les résultats des examens en Côte d’Ivoire n’ont jamais été aussi bâclés. Selon de nombreux agents frustrés interrogés, il fallait s’y attendre dans la mesure où ils ont été massivement écartés de l’organisation de cet examen au profit de ‘’bougnouls’’ qui ont l’air d’être sortis tout droit de la forêt de TAÏ. Avec cette horde de mercenaires analphabètes, des milliers de candidats ayant composé en bonne et due forme ne pouvaient qu’être pointés absents au finish quand des candidats n’ayant pu prendre part aux épreuves se retrouvent miraculeusement admis. Quel scandale ! Traumatisés et révoltés de voir ainsi leur avenir sacrifié sur l’autel d’une incompétence notoire, les milliers de candidats injustement lésés ont pris d’assaut la cité administrative le 02 septembre 2019 dernier pour crier leur ras-le-bol à Mabri dont plusieurs exigent la démission. Quelle honte !
Révoltées sont aussi les populations de Man, ville délabrée, sinistrée alors que le président du conseil régional du Tonkpi siège tout bonnement au Gouvernement depuis des lustres ; un certain Mabri, préoccupé à enrichir son curriculum vitae politique plutôt que de régler un jour, ne serait-ce que le moindre problème. Au juste, fait-il toujours partie du RHDP ? Si oui, pourquoi est-ce qu’on entend encore parler de l’UDPCI ? Si Mabri est toujours RHDP, pourquoi ne cesse-t-il de nous rabâcher les oreilles avec sa candidature à deux balles à la présidentielle de 2020 ? Pourquoi ses militants qui ne remplissent pas une cabine téléphonique s’agitent autant alors que le mandat du Président Ouattara n’est pas encore achevé ? Mabri Toikeusse, à lui seul, est-il en train de narguer le Gouvernement ? Ferme-t-on les yeux sur ses agissements déloyaux afin de préserver une apparente cohésion du RHDP ? Où est donc la solidarité gouvernementale et les valeurs républicaines consistant à ne pas défier ses chefs, en l’occurrence le Président Ouattara et le Premier Ministre Gon Coulibaly ?
Chut, pas le temps de se prononcer sur ces questions aux réponses évidentes ! Il y a mieux à faire au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique : continuer à s’engraisser en arnaquant les fondateurs des grandes écoles privées. Ah, les orientations des nouveaux bacheliers, ça nourrit vraiment son homme ! Bon appétit !
Estelle Tra-Lou Tratra
Madame la journaliste, montrez nous un seul ministre dans le gouvernement qui soit différent de tout ce que vous décrivez du ministre de l’enseignement supérieur. Ils sont tous pareils. Par ailleurs, en le nommant à la tête de ce ministère, croyez-vous que le souci du président de la république était la résolution des problèmes de l’enseignement supérieur? Pas du tout! Son seul souci c’était son rhdp (parce que le ministre Mabri fait le rhdp pour une grande part). Sinon le ministre Cissé Bacongo, la ministre Ly Ramata sont passés par là aussi sans pour autant régler les problèmes dont vous parler alors réveillez-vous un peu!