Lu pour vous
Un conflit foncier oppose les régions du Guémon et du Tonkpi à l’Ouest de la côte d’Ivoire depuis plusieurs années. Il s’agit de la délimitation de la frontière terrestre entre le département de Bangolo dans le Guémon et la Sous-préfecture de Logoualé dans la région du Tonkpi. Au menu des désaccords le mont Segahi. Une montagne qui renferme une importante quantité de minerais.
A qui a appartient le mont Segahi? Pour les Wê, ce patrimoine leur appartient depuis belle lurette. De par la signification Segahi veut dire «Sé est tombé». Sé du nom d’un guerrier Wê au temps colonial. La population de Bangolo affirme que la limite naturelle depuis la colonisation est celle de la rivière Ko qui sépare les deux peuples. Une chose que réfutent ceux du Tonkpi.
N’arrivant pas à trouver une issue consensuelle de sortie de crise l’état ivoirien a commis un opérateur indépendant (la société Cetif) pour procéder à la délimitation des territoires entre les deux circonscriptions. Les conclusions de ce processus qui a duré plus de deux ans ont été rendu publique le vendredi 06 septembre dernier lors d’une rencontre qui s’est tenue au cabinet du préfet de Bangolo.
Selon les conclusions de cette rencontre les limites de la sous-préfecture de Logoualé sont étendues désormais sur une distance de cinq kilomètres en provenance de Man. Une décision qui diversement appréciée dans les deux régions.
Car elle donne la propriété du mont Segahi objet de la mésentente à Logoualé.
Du côté du Tonkpi c’est la joie, c’est la victoire. Et la plus heureuses est le maire de la commune de Logoualé qui n’a pas boudé son plaisir. « Merci et grand merci à son excellence Alassane Ouattara au nom de la population et à mon personnel. L’Etat de Cote d’Ivoire vient de prendre la décision de mettre fin au Litige foncier qui oppose Bangolo et Logoualé depuis plus d’une décennie. Il s’agit de la limite entre Bangolo et Logouale. Ce vendredi 6 septembre 2019, le chef de l’état a donné l’ordre aux différents services appropriés de venir faire le bornage en présence du Préfet de région du Tonkpi et celui du Guémon », a déclaré Jeanne Badouel le maire de Logoualé sur sa page officielle. Même son de cloche chez la jeunesse qui n’a pas manqué de manifesté sa joie.
«Nous sommes heureux car nous avons récupéré ce qui nous appartient» a laissé entendre Jean Marc Doua, jeune ressortissant de Logoualé.
Du côté du Guémon et principalement de Bangolo c’est la colère et l’indignation. Mieux les élus et cadres de la région du Guémon que nous avons interrogé se disent surpris de la décision du corps préfectoral qui été prise sans la présence d’un seul d’entre eux.
En effet, lors de la rencontre de vendredi dernier aucun élu au premier rang ni cadre était présent dans la salle, contrairement à Logoualé dont le député, le maire et les différentes chefs coutumiers étaient présents.
«Je suis surpris par cette décision du préfet qui a convoqué les élus et cadres de Logoualé et qui nous a ignoré », nous a confié Thierry Taïlly Herman député rhdp de Bangolo. Le député de Bangolo Sous-préfecture n’a pas manqué de marquer sa surprise et son indignation. « C’est une faute devant l’histoire. Ils ont fait un abus de pouvoir et abus de faiblesse », a martelé Simon Doho député pdci de Bangolo Sous-préfecture qui ajouté que cette « décision est essentiellement politique dont l’objet est d’exproprier Bangolo de sa richesse».
De son côté, le sénateur Evariste Sah a lancé des appels à la mobilisation de tous les fils du Guémon pour barrage à ce qu’il considère comme « une injustice ». D’où L’opération dénommée « ne touche pas à mon Segahi » qu’il a lancé. « Le Segahi c’est pour nous.
La limite naturelle c’est le Ko qui sépare les Wê et les Dan », a-t-il ajouté. Même son de cloche chez le chef canton du Zibiao Goué Patrice joins au téléphone.
«Si le mont Segahi devient la propriété de Logoualé alors les villages Wê qui l’avoisine devront être aussi cédé à nos voisins. Pourquoi c’est seulement la montagne seule qui les intéresse ? S’est interrogé Goué Patrice qui dit avoir été ignoré lors des échanges sur ce problème de délimitation des territoires entre Logoualé et Bangolo.
Le chef suprême des Wê Blanchard Doh que nous avons eu au sortir d’une rencontre avec le maire de Bangolo a donné sa position sur cette affaire. » Le faite d’avoir ses plantations au-delà de la limite ne veut pas dire que tu es le propriétaire des lieux où se trouve les plantations. C’est nous les Wê qui avons donné nos terres au-delà de la rivière Ko à nos neveux Dan de Logoualé pour les cultiver mais cela ne fait pas deux les propriétaires des lieux. Nous n’allons pas les exproprier mais nous leur demandons juste de respecter la limite qui est la rivière Ko « a fait savoir le chef Blanchard Doh. L’homme n’a pas manqué d’affirmer son mécontentement vis-à-vis du préfet qui lui aurait expressément dit de ne pas participer à la rencontre du vendredi car elle ne serait pas d’une grande importance.
Quant aux jeunes ils prévoient une marche sur la préfecture de Bangolo bientôt pour se faire entendre. Ils veulent profiter de la visite prochaine dans la région du premier ministre Amadou Gon Coulibaly pour crier leur indignation.
Pour l’heure le maire Roger Gah que nous avons rencontré à son cabinet appel au calme et à la retenue.
Toutes tentatives de joindre le préfet de Bangolo sont restées vaines.
Emmanuel Goun
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