Dans ce second volet de notre trilogie, notre réflexion se focalise sur deux hommes : les présidents BÉDIÉ et GBAGBO.
Nous avons précédemment expliqué ce qu’il fallait entendre par RÉCONCILIATION, ce virus qui semble toucher tous les ivoiriens, et particulièrement la classe politique. C’est trop souvent que la classe politique se sert de la réconciliation comme d’un cache-sexe, pour voiler l’insigne nudité (nullité ?) ou la vacuité de sa pensée et son absence de vision en ces heures pourtant décisives de l’histoire de la Côte d’Ivoire.
Par contre, si par RÉCONCILIATION, on entend la réconciliation de chaque ivoirien avec lui-même, alors les présidents GBAGBO et BÉDIÉ, comptent au nombre des rares ivoiriens qui ont la capacité de la favoriser, d’y contribuer, de la faciliter, et finalement de la rendre possible.
Sur ces 2 hommes, tout a été dit.
De leurs faiblesses, de leurs reniements, de leurs trahisons, de leurs mensonges, de leur lâcheté, de leur égoïsme, et de bien d’autres choses encore dont ils doivent avoir honte.
Mais aussi, de leur courage, de leur détermination, de leur lucidité, de leur engagement, de leur intégrité, de leur générosité, et de bien d’autres choses encore dont ils peuvent être fiers.
Ils ont déchaîné toutes les passions, des plus sincères aux plus malsaines.
Et, aujourd’hui, encore et toujours, ils continuent d’enflammer l’esprit de leurs contemporains. Il suffit de se rendre sur la toile, et de suivre ce qui se dit d’eux à travers les réseaux sociaux, pour s’en convaincre.
Par-delà les injures les plus obscènes que profèrent des milliers de malades mentaux qui ont (malheureusement) accès à certains médias, toutes les supputations convergent vers un point ultime : ces deux hommes sont-ils des hommes du passé que leurs turpitudes ont définitivement condamnées ? appartiennent-ils à un génération incapable d’appréhender les enjeux actuels ? Faut-il les reléguer dans les oubliettes de l’histoire ? Ou bien ont-ils encore un avenir ?
Alors que se précise, chaque jour davantage, une élection présidentielle dont l’enjeu est de jeter bas un pouvoir qui, 10 ans durant, s’est livré à la plus effroyable, la plus gigantesque de toutes les prédations sous la conduite d’un homme entré en politique par effraction, il faut s’interroger sur la santé morale de nos concitoyens.
Avec quels électeurs cette élection se fera-t-elle ?
Faute d’hommes de vertu pour porter leurs aspirations, les élections se tiendront avec une population qui n’a plus foi en rien.
Une population désemparée.
Une population abusée et désabusée. Désabusée parce que trop longtemps abusée.
Une population qui a baissé les bras.
Parlant de l’actuel locataire de la Présidence, Venance KONAN, prototype du journaliste « démocrate » à l’africaine, celui là-même qui, dans les pages du quotidien Fraternité-Matin, ne laissait pas passer un jour sans stigmatiser « mossi Dramané Wattra », comme il appelait alors Alassane Ouattara, écrit ceci :
« Pourquoi les ivoiriens doivent-ils prendre le risque de confier leur destin à un homme dont le patriotisme n’est pas exclusivement ivoirien ? Au nom de quel principe ?
A-t-il pris la nationalité burkinabé simplement parce que ça lui permettait d’entrer au FMI et à la BCEAO ?, si c’est le cas c’est un aventurier dont le patriotisme fluctue au gré de ses intérêts. Pourquoi les ivoiriens devraient-ils prendre le risque de confier leur destin à un homme dont le nationalisme varie selon l’air du temps ? Au nom de quel principe ? »
Pauvres ivoiriens ! Quels outrages, quelles mascarades n’ont-ils pas subi ?!
Et comme on comprend leurs désillusions et leur défaitisme…
Alors, que doivent faire les présidents BÉDIÉ et GBAGBO en cet instant précis ?
Faire preuve de courage et de vertu.
Pour être un homme vertueux, il faut :
– être convaincu qu’il n’existe pas d’homme providentiel ;
– être convaincu qu’une élection ne se remporte pas dans l’attachement hystérique à un homme mais par l’adhésion raisonnée aux valeurs qu’il défend ;
– être convaincu que les ivoiriens ne sont plus dupes et n’attendent plus de sauveurs ; ceux du passé leur ont laissé un goût bien trop amer.
Le Président Gbago, en particulier, doit être convaincu que son retour n’entraînera pas de raz-de-marée susceptible de le porter au pouvoir, comme la lampe magique d’ALADIN transporte ce dernier sur de blancs nuages blancs !
La violence du combat qui s’annonce ne doit plus laisser le moindre doute sur les comportements, les attitudes et les principes qui doivent prévaloir.
Chacun d’eux doit renoncer à lui-même.
L’heure n’est plus aux calculs d’états-majors, aux décomptes mesquins de ce que l’on perd et de ce que l’on gagne en s’alliant avec l’autre.
De toute façon, on perdra tout si on ne s’allie pas dans la transparence et la vérité.
L’heure n’est plus aux combines d’arrière-boutiques, à ces petits complots politiciens qui font les délices des militants à courte vue.
L’heure n’est pas à se demander lequel de BÉDIÉ ou de GABGO doit être la figure de proue, et à imaginer les stratégies pour imposer son champion.
L’heure n’est plus aux bases supputations, aux tactiques aussi tortueuses que perverses.
L’heure est à la transparence et à la vérité.
Voici venir l’heure des hommes vertueux, des hommes qui regardent leurs peuples dans les yeux, des hommes qui disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent.
L’heure est à la vertu.
Car de la vertu naît la confiance.
Les ivoiriens ont soif de pouvoir accorder leur confiance à ces 2 hommes qui hier encore usaient de stratagèmes inavouables pour se duper l’un l’autre.
C’est justement parce qu’ils ont tant pêché, qu’ils se sont tant trompés, qu’un sursaut moral venant d’eux sera le premier indice, même s’il est faible et peut paraître dérisoire, d’une nation en train de se relever enfin, de se construire et de construire son identité nouvelle.
Les ivoiriens doivent être convaincus que les motifs qui conduisent à l’alliance qu’on leur laisse entrevoir ont été murement réfléchis, soupesés, et finalement retenus.
La vertu dont feront preuve les présidents BÉDIÉ et GBAGBO convaincra les ivoiriens que les « hommes du passé » se sont rachetés et qu’ils peuvent, dés lors, porter légitimement le combat collectif.
Il ne leur reste plus qu’à s’avancer, dés à présent, sous les projecteurs, et annoncer à la face du monde que, renonçant à toute manœuvre et à tout calcul, ils se portent garants de l’alliance nécessaire de leurs formations politiques, alliance fondée sur la vertu et la vérité.
Et que, pour cet ultime combat, l’ultime combat de leur vie, ils sauront se transcender.
Voici ce que disait KWAMÉ N’KRUMAH de l’africain vertueux, l’africain nouveau :
« L’Afrique a besoin d’un nouveau type de citoyen, dévoué, modeste, honnête et bien informé, qui renonce à lui-même pour servir la nation et l’humanité, qui ait la convoitise en horreur et déteste la vanité. Un homme nouveau, dont la force soit l’humilité, la grandeur, l’intégrité ».
Les ivoiriens sont en quête d’hommes vertueux.
Les Présidents BÉDIÉ et GBAGBO sont-ils des hommes en quête de vertu ?
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