Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire a annoncé jeudi qu’il ne siégera pas à la nouvelle Commission électorale. Le Front populaire, après avoir annoncé qu’il allait aussi la boycotter, crée désormais le doute.
Une chose est sûre : il y a des tractations en cours en ce moment en Côte d’Ivoire autour de la Commission électorale indépendante. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire d’Henri Konan Bedié n’est pas seul, tout au moins au stade actuel des choses, à refuser de siéger au sein de la CEI. La branche d’Afi Nguessan de l’autre grand parti d’opposition, le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo, avait annoncé son refus lundi, suivi mercredi par un important groupe d’organisations de la société civile.
Cependant, cinq jours après son refus, Affi Nguessan laisse planer le doute, une zone d’ombre dont on ne sait pas pour l’heure s’il en sortira en marche arrière ou en marche avant.
L’ambiguïté d’Afi Nguessan
Se refusant d’en dire plus, tout en promettant une communication plus précise lundi prochain, l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo nous a affirmé avoir eu ces derniers jours une réunion avec le ministre de l’Intérieur. Cette ambiguïté fait dire à l’acteur de la société civile Geoffroy Kouaho que les hommes politiques ivoiriens ont toujours agi pour leurs intérêts égoïstes.
« Nous sommes en Côte d’Ivoire où le jeu politique nous a toujours réservé des surprises de taille. Il est fort possible que dans les jours à venir, les positions des uns et des autres évoluent. Et d’ailleurs, au niveau de la société civile, les choses aussi bougent », estime Geoffroy Kouaho. « Des communiqués contradictoires apparaissent pour dire que la société civile a déjà désigné des représentants au sein de la Commission électorale indépendante, et d’autres communiqués émanant de la même société civile viennent infirmer cette information. »
Le pouvoir tire à boulets rouges sur l’opposition
En fait, le problème de la CEI est un problème de représentativité. Les opposants au régime d’Alassane Dramane Ouattara accusent celui-ci d’introduire des partisans qui lui sont favorables. Cette affaire a déjà été portée devant la Cour africaine des droits de l’homme qui a rendu en 2016 un arrêt jugeant l’ancienne CEI ivoirienne « déséquilibrée » et « non-indépendante ».
Après les nouvelles modifications, Touré Mamadou, le porte-parole adjoint de la coalisation RHDP au pouvoir, accuse à son tour l’opposition ivoirienne de tentative de blocage du processus électoral.
« C’est une attitude de personnes qui manifestement ont d’autres agendas. Clairement, leur volonté était de bloquer ce processus parce qu’il faut que cette commission électorale puisse faire son travail afin que les élections se tiennent aux dates indiquées. Cette opposition est dans une logique de blocage pour que le calendrier électoral ne soit pas respecté. Et réclamer une transition. Mais cela ne se fera pas en Côte d’Ivoire », prévient Touré Mamadou. « C’est une opposition qui n’est pas prête. C’est une opposition qui est minée par beaucoup de problèmes aujourd’hui. »
La nouvelle Commission électorale indépendante comprend 15 membres, contre 17 auparavant. Elle devrait être mise sur pied en septembre.
La crédibilité de cette CEI est jugée cruciale pour la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire.
Deutsche Welle
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