59 années plus tard !
Abdon TAWA écrivain, auteur de « Pourquoi la génération Fesci doit prendre le pouvoir, Ed. L’Harmattan »
Il y a plus d’un demi-siècle de cela, le peuple ivoirien exultait pour célébrer enfin ( ?) la liberté tant attendue. Oui la liberté, l’indépendance de la Côte d’Ivoire… Tcha Tcha Tcha Indépendance.
Une indépendance sur fond de polémique !
D’un côté des jeunes : Marcel Anoma dit Amondji, Memel Fotê, Tanoé Désiré, Samba Diarra, Amadou Koné (prisonniers d’Assabou) pour ne citer que ceux-ci, qualifiaient le 7 Aout 1960 de jour sans importance (coquille vide).
De l’autre côté, le peuple, cette masse anonyme qui attendait cette indépendance pour enfin voir ses propres enfants décider de son sort, et les élites ivoiriennes regroupées pour la plupart au sein du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, le Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA), se réjouissaient de cette victoire qui leur donnait désormais la latitude de décider de plein gré de sa politique afin de laisser certainement un pays meilleur à leurs enfants.
La polémique autour du contenu de l’indépendance existe-t-elle de nos jours ?
Je crois que oui.
D’un côté, les discours officiels qui laissent entendre, que la Côte d’Ivoire est un pays souverain, une nation forte, en un mot un pays indépendant qui conduit sa propre politique de développement dans l’intérêt des populations.
De l’autre côté, ceux (Laurent Gbagbo, Bamba Moriféré, Francis Wodié…) qui se sont battus pour le retour au multipartisme en 1990, soutiennent le contraire comme dans les premières heures de notre Indépendance. Pour être plus clair, ils soutiennent qu’aujourd’hui, il est question d’acquérir l’Indépendance Economique.
Au regard du tableau présenté, quel devrait être l’attitude de notre classe politique ?
La question restera posée car le quotidien nous fait entendre des choses extraordinaires 59 ans Plus tard.
Si ce n’est pas un groupement politique nommé « enfants adultérins », qui est entrain de chanter Houphouët, Houphouët, Houphouët, c’est un autre qui se disant « enfants légitimes », se réclame des idéaux du même Houphouët. Ou encore les pères du retour au multipartisme se réclamant d’Houphouët, disent qu’ils continuent l’œuvre de ce dernier en faisant référence à 1951 date à laquelle ledit Houphouët abandonnait la lutte pour l’Indépendance afin d’opter pour la collaboration avec les colons. La période de 1951 fut d’ailleurs nommée de « Repli tactique ». Ce que nous devons retenir de cette époque, est que le PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny restera dans ce « Repli » dit tactique jusqu’à ce que l’Indépendance soit octroyée à la Côte d’Ivoire le 7 août 1960. Depuis lors, les polémiques ne cessent de s’enfler et nous entendons à longueur de journées, Houphouët et toujours Houphouët, quel que soit le bord politique des uns et des autres. Une autre interrogation d’actualité est relative à la succession. Qui va prendre la place de qui ? Cette question ouvre le chemin à la guerre des clans. Elle est d’ailleurs la plus farouche. L’horizon devient toujours sombre à l’approche des échéances électorales. Cet illustre nom est souvent mis de côté, lorsque ses partisans dits légitimes mettent sur la place publique les questions d’étrangers, des terres, d’orpaillage. Et là c’est le Buzz !
C’est le lieu pour que des jeunes soient mis au premier plan qui, pour verser le ‘sang’ devant des résidences pour exprimer leur ras-le-bol, qui, pour soutenir leur chef. Ces dirigeants qui n’ont besoin de leurs jeunesses que pour les utiliser à des fins aussi tristes que celles des manifestations de soutien. 59 ans plus tard !
Loin de moi l’idée de banaliser la question du foncier et celle des étrangers. Bien sûr que ce sont des questions essentielles et fondamentales. Mais ce qui m’intrigue est que tous ceux qui en parlent, ont été ou sont aux places adéquates pour régler ces questions très importantes pour un pays qui a 59 années d’indépendance. Mais au lieu de cela, la question des étrangers apparait comme un fond de commerce et les perdants sont ‘’les jeunes’’ pour qui aucune perspective n’est tracée, mais qui sont utilisés à longueur de journées et au gré des dirigeants qui les utilisent à leur convenance.
Nous nous souvenons encore de ceci : c’est dans ce pays que nous avons subi une guerre entre les héritiers de Houphouët-Boigny après le 7 décembre 1993 (date de la mort de ce dernier).
Tout ceci a commencé par, tel est ivoirien, tel autre ne l’est pas. Pire, on nous dira qu’un héritier, en la personne de M. Alassane OUATTARA ne sera jamais candidat aux élections présidentielles, dans ce pays. Au grand jamais, jamais nous a-t-on juré ici. Vous connaissez tous la suite, il s’en suivra dans ce pays de 59 ans d’Indépendance, la pire des crises qu’elle aurait pu éviter et qui a laissé des traces indélébiles dans la mère patrie. Une guerre atroce avec son corollaire de frustrations et de frustrés (orphelins, martyrs, divisions) et évidemment des héros de cette triste et macabre parenthèse qui n’aurait jamais été ouverte n’eut été l’irresponsabilité de notre classe politique. Oui une tristement célèbre classe politique qui avait assuré à la jeunesse du navire Ivoire que jamais Alassane OUATTARA, un des leurs d’ailleurs, ne serait président de la République de Côte d’Ivoire.
59 ans plus tard l’on n’a pas encore compris, jusqu’où les frustrations d’un enfant d’une nation, fut-il le moindre, peut entrainer un pays dans la désolation. Victime de grandes frustrations, le chef de l’Etat actuel ne cesse lui aussi de permettre l’emprisonnement des opposants sous son régime, au point où le prisonnier de 1992, défenseur de la démocratie en Côte d’Ivoire se trouve aujourd’hui encore et toujours sous l’ère Ouattara, en prison, comme en 1992. Cette fois ce sera à l’extérieur (La Haye). Pour ne rien arranger, il y est, avec un autre jeune, lui aussi habitué des prisons ivoiriennes, non, à cause du banditisme, mais seulement pour son engagement politique. Quand est-ce que ces pratiques cesseront-elles ?
59 ans plus tard ! Quelle nation laisserons-nous à nos enfants ?
Après nous avoir dit, jamais, il ne sera président, Alassane OUATTARA est à son second mandat. Cette arnaque de la classe politique va plus loin car M. Alassane OUATTARA est accompagné dans ses grandes réalisations par ses détracteurs d’hier qui font ses éloges aujourd’hui. Ils le font sans avoir conscience qu’ils doivent des explications à certains ivoiriens qui croyaient en eux. Ils avaient insisté en nous disant jamais, oui jamais il ne sera président en Côte d’Ivoire. Quelle irresponsabilité ! Cette classe politique nous doit des explications. Elle nous entraine au gré de ses intérêts. Les jours pairs, ils font des appels pour se rassembler sans tenir compte de l’avis de leurs militants et de l’idéologie qu’ils prônent, les jours impairs ils rompent les alliances.
Peuple de Côte d’Ivoire, 59 ans plus tard que devons-nous retenir de notre classe politique ?
Jeunes de Côte d’Ivoire, lorsque des jeunes gens de 23 ans à peine conduisent des listes et gagnent à des élections Européennes sous nos yeux, cela veut dire que ces nations travaillent pour l’avenir de leurs enfants.
Lorsque des jeunes qui ont à peine 40 ans sont élus et dirigent des nations puissantes, cela veut dire que les classes politiques qui se sont succédé avant ces évènements ont travaillé afin de léguer des pays meilleurs à leurs enfants.
Marquons un arrêt et réfléchissons un peu. Le peuple de Côte d’Ivoire mérite-t-il une telle classe politique ?
Une classe politique qui ne cesse de nous donner des problèmes à n’en point finir ? Je pense que si nous sommes conséquents envers nous-mêmes, la réponse devrait être catégorique.
Et si du côté de la gauche, il y a des divisions dans les différents partis politiques (FPI, PIT, MFA) et une autre division qui pointe à l’horizon à l’UDPCI, je crois que le constat est clair : cette classe politique doit partir.
Pour dire vrai, les questions du foncier, d’étrangers qui cristallisent tant de passions, ne sont pas les véritables soucis. C’est plutôt le pouvoir d’Etat qui intéresse les auteurs. Ainsi pour atteindre leurs objectifs, il faut trouver un sujet. C’est le cas. Et cela nous éloigne malheureusement des problèmes d’insertion et d’amélioration de la qualité de vie des ivoiriens.
Je lance alors un appel, celui de l’interpellation des jeunes de tous les partis politiques. Vos amis, petits frères dirigent des partis politiques et surtout certaines grandes nations. Alors arrêtons un peu d’être des suiveurs car la nation nous appelle.
Répondons à l’appel de la responsabilité car nos jeunes passent leur temps à parier (bet clic), à parler des joueurs les plus riches, des couleurs des véhicules de leurs artistes préférés. Tel est leur quotidien. Ils n’ont aucune opportunité d’insertion. Les gouvernements se succèdent sans aucune amélioration dans leur quotidien, ce qui les maintient encore dans les salons de leurs parents. L’horizon est sombre, car ceux des campagnes, passent leur temps à vendre les terres de leurs parents aux étrangers, puis vont se chercher sous d’autres cieux. Ils vont sans savoir leur destination réelle, pour finalement se retrouver dans la méditerranée après avoir bravé le désert libyen. 59 ans plus tard, si les enfants de la Côte d’Ivoire :
Vendent leurs terres aux étrangers
Passent leur temps à discuter des footballeurs les plus riches
Passent leur temps à vouloir ressembler aux artistes (yorobo, debordo)
Se retrouvent dans le désert libyen et sur des pirogues dans le but d’atteindre l’autre rive, synonyme de réussite, soutenus dans cette aventure par les parents, le message qui en découle est clair : la classe politique Ivoirienne a échoué, il faille donc la changer. Arrêtons alors de pointer du doigt, le colonisateur et surtout l’étranger. C’est un débat stérile car le constat qui en résulte est que nos dirigeants sont incapables de trouver des solutions aux questions de l’heure au sujet des jeunes. Ils ne pourront donc pas garantir un pays meilleur pour nous à plus forte raison pour nos enfants.
59 ans plus tard ! Que de désolations…
Le système éducatif est approximatif, il s’est dégradé depuis l’indépendance jusqu’à nos jours. L’enseignant n’est plus maître, il est régulièrement frappé par les apprenants, qui n’ont plus de mentor, l’apprenant est tout puissant. Aucun gouvernement ne s’est distingué par des reformes.
59 ans plus tard ! Une interrogation demeure. Est-ce la question des étrangers et orpailleurs (qui occupent l’actualité) qui a empêché les gouvernements de MM BEDIE, GBAGBO et OUATTARA de nous donner un système éducatif et de santé performant à la hauteur des 59 ans d’existence ?
Je voulais dire et j’ai dit.
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