Serge Alain KOFFI
Si se trouver un toit à Abidjan était déjà la croix et la bannière il y a quelques années, cela relève aujourd’hui d’une grâce divine particulière tant les politiques d’assainissement menées sur fond de déguerpissements tout azimut par les mairies ont rendu la situation encore plus difficile. Au point où la peur est devenue le quotidien des propriétaires et des locataires.
Depuis quelques mois, les mairies des communes abidjanaises, notamment de Treichville, Marcory, Koumassi, Port-bouet (sud) et Yopougoun (ouest), sur recommandation du district d’Abidjan, mènent une vaste opération de déguerpissement des espaces occupés anarchiquement et de démolition des constructions sur le domaine public.
Ainsi, plusieurs commerces et domiciles privés ont déjà été démolis, au grand dam de leurs propriétaires mais aussi des locataires, jetés à la rue, bagages en main.
“J’étais au Nigéria quand la mairie est venue raser ma maison. J’ai dû écourter mon voyage et rentrer précipitamment à Abidjan pour sauver ce qui pouvait l’être de mes effets’’, raconte avec amertume David Mbanasso, un ressortissant nigérian, qui vivait depuis une dizaine d’années à quelques encablures de la Cité GATL à Port-bouet.
Séparée de cette cité habitée essentiellement par des militaires de l’armée de l’air par une clôture, la maison, dont il était simple locataire, était en réalité construite sur un espace vert. Hors du pays, il n’avait pas eu écho de la mise en demeure de la mairie, accordant que sept jours pour “libérer les installations’’.
Contre mauvaise fortune, “Aladji’’ comme le surnomment ses amis, veut faire bon cœur. Il se cherche un nouveau toit encore à Port-bouet. “Mais où en trouver pour être définitivement à l’abri d’un autre déguerpissement inattendu ?’’, s’interroge-t-il.
Cette question est devenue la principale inquiétude, tant la crainte et la peur de ces démolitions sans ménagement a grandi. Bien souvent, le délai entre les dates de mises en demeure et les celles de déguerpissements effectifs, est relativement court.
“Ces déguerpissements perturbent notre travail parce qu’il nous faut éviter de trouver pour les locataires une maison qui va être détruite quelques semaines après son installation’’, affirme Fulgence Egny, agent immobilier.
“Un client, victime d’une telle situation nous prendrait à coup sûr pour de vils escrocs’’, renchérit Joseph Tchétché, un autre agent immobilier à Marcory.
Dans cette commune, à Treichville et Yopougon, des déguerpissements ont déjà touché de nombreux quartiers et devraient se poursuivre. Mais la palme d’or revient à Koumassi où les actions de la mairie dans le cadre de la lutte contre le désordre urbain se révèlent comme un vrai cauchemar pour les habitants même si elles ont été récemment saluées au plus haut niveau de l’Etat par un prix d’excellence.
Couturière à Koumassi, Laeticia N’guessan, est en quête d’une maison et souhaite désormais aménager à Cocody, qui selon elle, offre “plus de garanties et d’assurances’’ contre un éventuel déguerpissement.
“A Cocody, la mairie casse beaucoup moins qu’à Koumassi’’, juge-t-elle.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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