L’Asecna avoue la «crise comptable»: Des soupçons sur 12,3 milliards de fcfa d’opérations douteuses

Par Jeune-Afrique

Suite aux révélations de Jeune Afrique, les dirigeants de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar reconnaissent des problèmes comptables sur la période 2012-2014. Ils ont voulu rassurer sur la solidité financière de l’institution.

De nouvelles informations obtenues par JA font état de relations à couteaux tirés entre le DG actuel et son prédécesseur.

« Oui, il y a eu une crise comptable sur la période 2012-2014 au sein de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) qui a menacé son plan d’investissement et sa trésorerie et continué de métastaser ses comptes. Oui, nous n’avons pas assez communiqué ».

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Pas de comptes durant trois ans

Reconnaissant les erreurs de contrôle interne « justement relevées par Jeune Afrique », « du fouillis, du désordre dans les comptes » et se félicitant d’un contrôle interne « complètement reconstruit en 2018 », les deux dirigeants évoquent les turbulences connues par l’Agence à la suite de la mise en place…

RÉSERVÉ AUX ABONNÉS de Jeune-Afrique cliquez ici | 20 juillet 2019 Par Amadou Oury Diallo et Rémy Darras

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Transport aérien : après les révélations de JA, le directeur général de l’Asecna écrit à ses agents

24 juin 2019 Par Jeune Afrique

Après que Jeune Afrique a dévoilé, documents à l’appui, l’évaporation de dizaines de milliards de francs CFA des caisses de l’Asecna, le directeur général de l’agence, Mohamed Moussa, reconnaît que celle-ci a « traversé des moments difficiles », dans un courrier adressé à ses agents.

Mohamed Moussa, le directeur général de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne (Asecna), n’a pas tardé à réagir. Ce dimanche 23 juin, le jour même où Jeune Afrique révélait l’ampleur du scandale de l’évaporation de dizaines de milliards de francs CFA des caisses de l’Asecna, le directeur général s’est adressé à ses quelque 6 000 agents dans un message de deux pages dont nous nous sommes procuré une copie.

« Absence d’outils de gestion fiables et modernes », « absence de contrôle interne et de validation hiérarchique »… Dans un premier temps, le dirigeant nigérien déplore des « accusations d’une extrême gravité portées avec légèreté » par Jeune Afrique, alors que notre journal ne fait que rappeler mot pour mot les preuves de mauvaise gestion comptable soulevées noir sur blanc dans les rapports de la Commission de vérification des comptes (CVC) de l’Asecna, sur les exercices 2015, 2016 et 2017. Des documents qui ont été soumis aux responsables de l’Agence ainsi qu’aux ministres des Transports des 17 pays membres.

Opérations douteuses

Aussi, dans un second temps, Mohamed Moussa admet les anomalies : « Nous reconnaissons humblement avoir traversé des moments difficiles, notamment de 2013 à 2015, où nos comptes n’ont pu être certifiés pour des raisons essentiellement techniques avec l’introduction du PGI [progiciel de gestion intégrée, ndlr], mais aujourd’hui l’Asecna est solide. » Selon lui, les incidents comptables sont clos depuis 2015, alors que les rapports 2016 et 2017 évoquent la poursuite des irrégularités, soulignant une trop lente automatisation de la gestion et des personnels, mal formés aux nouveaux outils. En outre, il ne dit mot des 12,3 milliards de francs CFA d’opérations douteuses présentes dans les comptes de l’Asecna en 2015 et des 15,7 milliards disparus en 2017.

Plus étonnant, le DG, récipiendaire le 17 juin dernier de la médaille d’honneur de l’aéronautique des mains des ministres français de l’Écologie et des Transports, François de Rugy et Élisabeth Borne, rend ensuite hommage à notre journal. « Nous devrions dire merci à Jeune Afrique pour avoir rendu public ce passé sombre de nos comptes (2013-2015), aujourd’hui définitivement enterré avec les quitus obtenus par notre Agent comptable en 2016 et 2017. »

Pourtant, à notre connaissance, et comme nous l’écrivons dans notre enquête, la CVC a certes donné quitus à l’Agent comptable en 2015 et 2016 tout en faisant part d’irrégularités, mais elle s’est refusée à donner un avis favorable ou défavorable en 2017. Quant au « passé sombre », il ne semble pas encore enterré. « Le risque relevé de détournements au niveau des caisses souligné dans les rapports des exercices 2014, 2015 et 2016 est reconduit en 2017 », peut-on lire ainsi dans le rapport relatif à la gestion et au contrôle interne en 2017.

Dans sa conclusion, Mohamed Moussa se dit impatient de découvrir la suite de l’enquête de Jeune Afrique « sur les auteurs et complices des détournements », pour « poursuivre l’assainissement nécessaire ». Mais en tant que directeur général, n’en a-t-il pas le mandat ?

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