Interview
Kakou Guikahué, S.E en chef du Pdci-Rda, à propos de sa candidature à la présidentielle de 2020, fait des précisions: «Ma carrière politique est entre les mains du président Bédié… voici mon rôle»
Pr Maurice Kakou Guikahué, chef du Secrétariat exécutif du Pdci-Rda, après la 136e session dudit secrétariat, mercredi 17 juillet, a fait le point et s’est prononcé sur l’actualité en Côte d’Ivoire.
Monsieur le ministre, vous venez de présider une réunion du Secrétariat exécutif, quels sont les sujets qui ont été débattus ?
C’est une session ordinaire du secrétariat, la 136ème session. Nous avons surtout parlé des rencontres de zones que nous allons débuter ce samedi 20 juillet, à Abidjan, à la Maison du Pdci avec la zone Sud qui regroupe la zone d’Abidjan, les Grand-ponts, La Mé et l’Agneby-Tiassa. Nous avons également partagé quelques informations sur la Commission électorale indépendante, sur la plate-forme non idéologique que nous sommes en train de mettre en place.
Y a-t-il des avancées concernant la mise en place de la plateforme ?
Comme vous le savez, nous nous sommes retrouvés avec un certain nombre de partis politiques et le premier sujet qui nous a réunis, c’était la Commission électorale indépendante. Nous avons eu une position commune et notre position a rejoint celle de Eds et de Lider, donc, c’était au-delà de notre plateforme. Il faut dire aussi que pendant les discussions, il y a quelques partis qui n’ont pas été disciplinés et qui, malgré le fait que n’ayant pas reçu les termes de références, nous avions dit que nous n’allions pas à ces rencontres, ces partis politiques sont allés. Donc après le dossier de la Cei, il fallait maintenant que la plate-forme naisse de façon statutaire et s’organise. Nous sommes dans ce processus. Aujourd’hui, nous sommes en train d’analyser la charte qui va régir cette plate-forme. Donc, très bientôt, nous allons vous inviter pour la mise en place effective de cette plate-forme structurée parce qu’au-delà de la Cei, il y a d’autres questions que nous devons aborder.
Jeudi (aujourd’hui), se tient à l’Assemblée nationale l’examen en commission de la loi sur la Cei, que fera l’opposition face à cette situation ?
Au niveau des groupes parlementaires de l’opposition, nous sommes 94 députés et il y a 5 non inscrits. Sinon, nous sommes 99. Mais déjà, c’est l’étape des discussions en commission. Donc, tous les députés peuvent aller prendre la parole, mais quand il s’agira de voter, ce sont les membres de la commission qui votent. La loi sur la Cei, malheureusement, n’est pas une loi organique, parce que dans le cadre de la loi organique, il faut plus des 2/3 pour que la loi soit votée. Mais là, c’est une loi simple, donc, c’est une majorité simple. Sinon, le Rhdp ne réunit pas les 2/3, donc étant 15 sur 40, les 2/3, c’est 30. Eux, ils sont 25, donc, ils sont en deçà des 2/3, mais comme c’est une loi simple, c’est la majorité simple et comme ils sont plus nombreux ils gagneront, mais nous allons voter contre. Et nous l’avons dit au cours d’une conférence de presse. Nous allons voter contre pourquoi ? Parce qu’on a dit qu’il faut une Cei équilibrée dans sa composition. Souvent, les gens parlent de passage en force. Ce n’st pas ça le problème, mais ils disent qu’ils veulent recomposer la Cei pour répondre à l’arrêt de la Cour africaine et que ce soit une Cei équilibrée. Et dedans, ils mettent 3 représentants des partis d’opposition, 3 représentants du parti au pouvoir, donc parité parfaite, ils mettent 6 représentants de la société civile, ils mettent un magistrat, ils mettent un représentant du président de la République, un représentant du ministre de l’Intérieur. Vous savez très bien que de par la Constitution, le président de la République peut diriger un parti politique, donc, le représentant du président sera là pour le pouvoir. 3 plus 1, ça fait déjà 4. Ensuite, le représentant du ministre de l’Intérieur. Le ministre est nommé par le président, il est militant du Rhdp. Plus 1 encore, ça fait 5. Donc, il y a déséquilibre : opposition 3 et parti au pouvoir 5. Deuxièmement, le président et le ministre de l’intérieur ne doivent pas avoir de représentant, parce qu’ils ne sont pas concernés par les élections. Le président étant partisan. D’ailleurs, le gouvernement le reconnait. Dans le texte de loi qu’on nous a envoyé, ils ont dit que le représentant du président de la République, du ministre de l’Intérieur peuvent voter le président de la Cei, mais ils ne peuvent pas eux-mêmes être candidats. Il leur est interdit d’être candidats. Donc, s’ils ne peuvent pas être candidats comme leurs camarades, membres de la Commission, ça veut dire qu’ils posent problème. Donc, il faut qu’ils sortent. Et encore plus grave, au niveau local, on met une commission de 7 personnes, 3 de l’opposition, 3 du parti au pouvoir, le représentant du préfet et du sous-préfet et il n’y a pas de représentant de la société civile. Là encore, c’est déséquilibré. Ça fait 4 contre 3. Dans tous les cas, la recomposition qu’ils ont faite, n’est pas équilibrée. Enfin, ils assimilent la Commission des droits de l’homme qui est une entité administrative à une société civile, ce qui n’est pas juste. Donc c’est une loi qui n’est pas équilibrée. Ils ont voulu faire que la recomposition et là ce n’est pas équilibré
Quelles sont les propositions que l’opposition avait faites?
Nous avons dit qu’il ne faut pas que la Cei soit dirigée par un représentant d’un parti politique du pouvoir ou de l’opposition, parce que la Cei doit être indépendante vis-à-vis du pouvoir et vis à vis des partis politiques. Donc, ce que nous proposons, c’est que le bureau de la commission centrale soit dirigée par des personnes de la société civile: président, vice-président, secrétaire, sont tous de la société civile et choisis par appel à candidature selon leur compétence. A côté d’eux, il y aura un comité composé des représentants des partis de l’opposition, du parti au pouvoir en parité égale. Un comité donc de vérification et de contrôle du processus électoral. Ils contrôlent mais, ils ne peuvent pas gérer parce qu’ils n’ont pas voix délibérative. Ensuite, la réforme doit aller plus loin parce qu’on veut une Cei qui a les pleins pouvoirs, une Cei qui a une autonomie financière et une Cei qui a un pouvoir de police. Voici les propositions de l’opposition qui tranchent avec ce que veut nous présenter le gouvernement. Donc, nous ne voterons pas ce texte de loi, nous allons nous mobiliser, le nombre que nous sommes pour ne pas voter ce texte de loi. Et nous allons utiliser tous les recours qu’ils soient nationaux ou internationaux pour nous faire comprendre ou entendre.
Si le texte est adopté en commission, est-ce qu’au niveau de la plénière, l’opposition est en mesure de faire en sorte qu’elle ne soit pas adoptée ?
En plénière, tous les députés sont présents et on rediscute. Et là bas, nous sommes 99 sur 252.
Donc, ils n peuvent pas gagner la plénière ?
Non, comme la majorité est simple. Si nous 99, on vote contre, que 100 personnes votent pour, ce sont les 100 qui passent et comme, ils sont 152, ils gagnent. Mais si c’était une loi organique, elle ne passait pas.
Qu’est ce que l’opposition va faire si cette loi est votée ?
Vous allez voir ce qu’on va faire.
Entre temps, est-ce que l’opposition a saisi la Cour africaine des droits de l’homme ou toute autre juridiction internationale pour réagir face à cette situation?
Nous sommes dans la stratégie.
Certains disent qu’une élection ne se gagne pas à la Cei, quel commentaire en faites-vous ?
Mais pourquoi ils ne veulent pas que la Cei soit indépendante ? Si l’élection ne se gagne pas à la Cei, donnez la Cei à quelqu’un de neutre et on va se mesurer. Les gens du Rhdp disent qu’ils sont nombreux, ils ont tout pris, pourquoi il s’arcboutent sur les représentants du président et du ministre de l’Intérieur? Pourquoi ? Qu’ils les enlèvent et on va voir qui est garçon en Côte d’Ivoire.
Il y a une rumeur comme quoi, le président Bédié ne sera pas reçu par le président Laurent Gbagbo. En avez eu échos ?
Vous dites que c’est une rumeur, laissez vivre les rumeurs et vous constaterez que c’est vraiment une rumeur.
Un journal de la place a titré mercredi sur vous, en vous désignant comme une personnalité qui manœuvre, qui force pour être le candidat du Pdci-Rda en 2020. Que dites-vous ?
La force que j’exerce actuellement, c’est pour ne pas que le Pdci soit dissout. Si on me reproche ça, j’assume. Je me suis battu pour soutenir le président Bédié pour que le Pdci ne soit pas dissout. Pour le reste, sachez que j’ai fait “un fauteuil blanc” au Nouveau Réveil. On m’a posé la question : j’ai dit que j’ai confié ma carrière politique au président Henri Konan Bédié. Et je ne varie pas. Ceux qui ont fait ces articles, on les connait, ils ont été recrutés, c’est pourquoi, ils veulent être des mercenaires de la plume. Donc, c’est pour mettre la zizanie au parti, parce qu’ils ont pensé qu’en faisant partir des grosses têtes, le Pdci allait se vider. Malheureusement pour eux, les gens sont partis, mais c’est comme si personne n’était parti. Le Pdci est plus que jamais vivant. Donc, ils veulent mettre les uns et les autres en palabre et décourager les gens. Je demande aux militants de ne même pas écouter ça. La convention va arriver où on mettra des gens capables de gagner les élections. La candidature de Guikahué n’est pas à l’ordre du jour, on a demandé à Guikahué d’organiser le parti pour prendre le pouvoir avec le candidat que la convention va choisir. Donc, il ne faut pas que les militants soient distraits. Justement, nous allons en tournée pour resserrer les rangs pour qu’on puisse gagner les élections. Parce que le président Bédié dit : ce n’est pas une simple candidature, c’est une obligation de résultat, les enjeux sont tels que nous devons gagner les élections et nous sommes sûrs d’être en passe de les gagner vu les échos du terrain que nous avons. Donc, créer la zizanie, faire de la manipulation, la désinformation etc, nos militants ne doivent pas tomber dans ce piège. Aujourd’hui, on a maintenu le Pdci, il n’a pas été dissout, qu’est ce qu’on en fait ? Voilà. Donc, j’ai lu et ils disent que le président m’a confié des charges, je suis secrétaire exécutif, je coordonne, je ne suis pas le seul à travailler, nous travaillons tous ensemble. C’est un travail d’équipe que nous faisons.
Après le meeting d’Anono, le président Bamba Moriféré a été interpelé, Kouassi Valentin est astreint au silence depuis son meeting tenu à Adzopé, pensez-vous que la liberté d’expression existe encore dans ce pays ?
Vous-même venez de dire que ça n’existe pas. Quand vous parlez, on vous juge. Pour Kouassi Valentin, c’est ce qu’on appelle un jugement profilatique. On te dit de ne plus parler parce que tu vas créer des troubles. Or c’est un acte délictuel qu’on condamne. C’est la première fois que je vois qu’on condamne un acte qui n’est pas encore posé. Nos avocats ont le dossier en main pour faire le nécessaire parce que ce sont des dossiers judiciaires, donc il faut les traiter par voie judiciaire.
A Anono, il y a eu une faible mobilisation en ce qui concerne les militants du Pdci-Rda…
C’est un meeting fait par la société civile et les groupes parlementaires. Il n’y avait pas d’uniforme Pdci recommandée, donc vous ne pouvez pas dire qu’il y a eu une faible mobilisation des militants du Pdci-Rda.
Que doit-on retenir au niveau des délégations générales avec la présence du secrétaire exécutif, M Ehouman en Europe ?
Le vice-président Kouamé Kra était le Secrétaire exécutif chargé des délégations générales. Quand il est passé vice-président, on a nommé Ehouman Bernard. C’était tout à fait normal qu’ils aillent faire l’état des lieux, la passation. Maintenant Ehouman va nous proposer un plan de restructuration parce que quand j’ai fait mon rapport au Bureau politique, j’ai dit que nous avons fini la restructuration des délégations départementales et communales et que sous peu, on allait s’attaquer au dossier des délégations générales. Donc il est en train de faire le travail de base pour qu’on puisse restructurer les délégations générales et nommer les nouveaux délégués généraux.
Votre tournée commence ce samedi, est-ce des meetings? Qui peut venir y participer ?
Ce ne sont pas des meetings, ce sont des séances de travail. Sont concernés tous les délégués départementaux et communaux, les permanents des délégations, les membres du Bureau politique de la zone concernée, les membres du comité des sages, les membres du Grand conseil régional, tous les secrétaires généraux de section, les présidentes des femmes, les présidents des jeunes, les présidents des mouvements de soutien qui opèrent dans la zone et les coordonnateurs régionaux de la coordination des enseignants Pdci-Rda. Voici les personnes qui sont invitées. Il ne s’agit pas de tous les militants. C’est une réunion qui se fera en salle et on va passer la parole aux gens soit par département soit par région et ensuite, il y aura un débat et une synthèse. A la fin, on aura une synthèse de la zone qui va être versée aux commissions techniques nationales qui sont en train de préparer le programme de gouvernement 2020-2025, pour la convention prochaine.
Propos recueillis par Gilles O.R. et D. Sory
Le Nouveau Réveil
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