À moins d’un an de l’élection présidentielle ivoirienne, la tension politique monte et l’ONU redoute qu’elles ne s’aggravent à mesure que s’approchent les échéances électorales.
Après près de dix ans d’accalmie, les Ivoiriens vont-ils renouer avec une crise politique qui a sapé les fondements de leur vivre-ensemble ? Fin juin, l’émissaire du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, a fait part de ses craintes au président Alassane Ouattara.
Affoussiata Bamba Lamine, ancienne ministre de la Communication et porte-parole adjointe du gouvernement, les partage. « Quand vous assistez à des enlèvements, des rapts d’hommes politiques, sans au préalable qu’ils aient été convoqués dans les formes que requiert le code de procédure pénale, oui, on peut dire effectivement que le pays vit des heures sombres. »
Selon Affoussiata Bamba Lamine, son père Bamba Moriféré, une figure de la vie politique ivoirienne, a échappé le week-end dernier à une tentative d’enlèvement à son domicile d’Abidjan.
« Il n’y aura pas de troubles »
Ces incidents ne suffisent pas pour dire qu’il y a une tension dans le pays, rétorque toutefois Joël N’Guessan, vice-président du RDR au pouvoir et membre du bureau politique national du RHDP, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix.
« Si certains ont quelques difficultés avec notre pouvoir, ça ne veut pas dire que la Côte d’Ivoire est à feu et à sang. Nous, on a aucune crainte. Il n’y aura pas de troubles. Ce n’est pas parce qu’il y a quelques groupuscules d’individus en mal de revenir au pouvoir qui se réunissent que les Ivoiriens vont tolérer qu’ils créent la chienlit. En tout cas, ils nous auront en face. »
Renouveler la classe politique
Rodrigue Koné, sociologue ivoirien, dit ne pas être surpris par ces antagonismes politiques qui font partie de la culture politique. C’est pourquoi il appelle à un renouvellement de la classe politique pour espérer un apaisement.
« Les groupes politiques qui dominent la scène depuis trente ans sont structurés autour de leaders issus de la période du parti unique. Il y a un besoin de renouveler cette classe pour mieux l’adapter aux enjeux. »
Le monde politique ivoirien a commencé à s’agiter depuis la modification de la Constitution, le 30 octobre 2016, à l’issue d’un référendum.
Conséquence : le président Alassane Ouattara, qui va arriver au bout de ses deux mandats en 2020, pourra être de nouveau candidat s’il le souhaite.
Une option dont ne veut pas entendre parler son ex-allié, devenu son farouche opposant, l’ancien président Henri Konan Bedié.
Deutsche Welle
Il n’y aura pas de troubles, si l’on en croit le truculent Joël N’Guessan, parfaite polichinelle de Ouattara. Et pour bien le marquer, cet extrait de l’homme qui dit exactement le contraire. Apprécions :
> » Ce n’est pas parce qu’il y a quelques groupuscules d’individus en mal de revenir au pouvoir qui se réunissent que les Ivoiriens vont tolérer qu’ils créent la chienlit. En tout cas, ils nous auront en face. »
On serait tenté d’en rire si ce n’était pas aussi sérieux.