Déclaration des partis politiques de l’opposition ivoirienne
Suite au communiqué du gouvernement relatif
aux propos du président du Pdci-Rda tenus le 5 juin 2019
LES FAITS
Le samedi 8 juin 2019, en réponse à des propos prêtés au président HENRI KONAN BEDIE, le ministre de la communication, porte parole du Gouvernement, a donné lecture d’un communiqué qui accuse le président HKB d’avoir : «…tenu des propos d’une extrême gravité, appelant à la haine de l’étranger, qui sont de nature à mettre en péril , au-delà de la paix et de la cohésion sociale, l’unité nationale et la stabilité du Pays ».
En outre, à cette occasion, le Gouvernement, dans son communiqué, a tenu à rappeler que « …. le racisme, la xénophobie et le tribalisme ou la discrimination raciale ou religieuse, sont constitutifs d’infractions pénales prévues et punies par la loi ».
Face à ces accusations du Gouvernement, au cours d’une conférence de presse tenue le 10 juin 2019, le PDCI a tenu à apporter les preuves palpables et irréfutables, sur les propos réellement tenus par le président HENRI KONAN BEDIE relatifs notamment :
– Aux conflits intercommunautaires récurrents,
– L’orpaillage clandestin,
– La fraude sur l’identité ivoirienne,
Sur les conflits intercommunautaires récurrents
Le PDCI RDA, preuves à l’appui, a énuméré la liste impressionnante de ces conflits meurtriers. Ces conflits, qui n’épargnent désormais aucune région du territoire ivoirien, opposent dans la plupart des cas, des nationaux ivoiriens à des ressortissants de pays étrangers, sur fond de litiges fonciers.
Sur l’orpaillage clandestin
Le PDCI révèle que le représentant du Directeur Général des mines et de la géologie, a démontré, que l’orpaillage clandestin, qui concerne presque toutes les régions de Côte d’Ivoire, est pratiqué principalement, à plus de 85%, par des non-ivoiriens, le plus souvent armés.
L’orpaillage clandestin, est donc lui aussi, générateur de nombreux conflits meurtriers, dont certains éléments des forces de l’ordre ont récemment fait les frais.
Sur la fraude à la nationalité ivoirienne
Il est de notoriété publique, que la fraude à la nationalité ivoirienne, s’est généralisée et a atteint des proportions inédites, sous le régime de monsieur Alassane Ouattara.
A cet égard, le porte-parole du PDCI, a tenu à citer deux exemples fort éloquents :
– La confirmation, par le porte-parole du Gouvernement, en date du 12 avril 2017, que sur 13000 immigrés présentés comme ivoiriens, arrivés sur les côtes italiennes pour la période du 1er au 31 décembre 2O16, seuls, 2000 d’entre eux, soit à peine 15%, ont été formellement reconnus comme étant de nationalité ivoirienne.
– L’interception par la douane ivoirienne, le 27 mai 2019, à la frontière ghanéenne, de 280 000 imprimés d’identité contrefaits de l’Office National de l’Immigration (ONI).
Ainsi, force est de constater, qu’en dépit des accusations mensongères, grotesques et délibérées du Gouvernement, le président HENRI KONAN BEDIE et le PDCI-RDA, n’ont fait que relater des faits avérés et graves qui menacent notre Pays dans ses fondements.
Agissant ainsi, le président HENRI KONAN BEDIE a agit en véritable homme d’Etat, soucieux de la paix, de la stabilité, de l’unité et de la réconciliation nationale.
A cet égard, les partis de l’opposition, tiennent, à lui apporter leur soutien indéfectible dans ce juste combat et à lui rendre un hommage mérité, pour ce rôle de visionnaire, dans la défense intransigeante des intérêts fondamentaux du peuple ivoirien.
En réalité, ces faits s’inscrivent dans un contexte général de quasi faillite de tous les leviers de la Nation ivoirienne, depuis l’accession d’Alassane Ouattara à la tête du Pays.
Au plan politique
Les partis politiques de l’Opposition constatent, avec amertume, que depuis l’accession de M. Ouattara au pouvoir suprême, de nombreux faits illustrent, de manière évidente, le recul du Pays à divers niveaux, notamment, le démantèlement systématique des acquis démocratiques arrachés de haute lutte.
Ce recul démocratique se manifeste entre autre, par la caporalisation de toutes les institutions de la République, en l’occurrence :
La Commission Electorale Indépendante (CEI)
Cette institution, un des acquis essentiels de notre jeune démocratie, a été vidée de toute forme d’indépendance et de toute substance par le régime d’Alassane Ouattara. Par sa composition déséquilibrée et son fonctionnement partial, elle s’est totalement discréditée et décrédibilisée vis-à-vis des acteurs politiques, mais aussi, de l’opinion nationale et internationale.
C’est d’ailleurs à juste titre que, le 18 novembre 2016, la Cour Africaine des Droits de l’homme et des Peuples, a vivement condamné l’immixtion de l’exécutif ivoirien dans le fonctionnement de la Commission électorale et ordonné à la Côte d’Ivoire, de modifier la loi organique relative à cette institution.
C’est pourquoi, l’Opposition ivoirienne a le devoir de mener, avec esprit de suite, son juste combat pour une commission électorale véritablement indépendante, qui aura totalement en charge les futures élections en Côte d’Ivoire.
Le Conseil Constitutionnel
Cette institution qui devrait en principe jouer le rôle de garante de l’Etat de droit dans les régimes démocratiques, est devenue, à l’instar de la CEI, une autre caisse de résonnance des desiderata du pouvoir en place.
Une Assemblée Nationale aux ordres
L’Assemblée Nationale de cote d’Ivoire, quant à elle, a été transformée en une chambre d’enregistrement des volontés du pouvoir exécutif. Les conditions anachroniques et frauduleuses de l’élection récente de son président actuel, en attestent.
En témoigne également, le spectacle aussi ridicule qu’humiliant pour notre Pays, auquel vient de s’adonner la délégation officielle de la Côte d’ivoire, lors de la 27ème réunion de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie, (APF), le vendredi 14 juin à Rabat au Maroc.
Les libertés individuelles
Le système judicaire étant désormais aux ordres du pouvoir, l’on assiste à l’instauration d’un régime autoritaire, policier, autocratique, voire dictatorial, avec des arrestations arbitraires et des emprisonnements systématiques pour délits d’opinion, souvent opérées par des forces militaires parallèles et encagoulées.
En témoignent les déclarations récentes des deux syndicats de la Magistrature et du Barreau d’Abidjan, sur l’intrusion permanente du Pouvoir Exécutif dans le fonctionnement du Pouvoir Judiciaire, en Côte d’Ivoire.
Au plan économique
L’on assiste à la mise en coupe réglée de l’économie nationale par le bradage des entreprises d’Etat au bénéfice et au service d’un clan familial, établissant de façon éhontée, un conflit d’intérêt manifeste.
Dans ce même registre, les sociétés SNEDAI, Webb Fontaine et Port sécurité, outils de prédation par excellence, qui bénéficient de tous les marchés publics, dans tous les secteurs, jouissent de fait, d’un monopole total d’Etat, y compris, dans les secteurs régaliens et stratégiques.
Les filières café-cacao, anacarde, font l’objet de spéculations mafieuses, par l’attribution aux membres du clan, de quotas à l’exportation, au détriment des véritables producteurs et exportateurs.
En somme, le népotisme et le clientélisme sont érigés, de façon inédite, et avec une arrogance jamais égalée, en méthode de gouvernement.
Quant à la dette de la Côte d’Ivoire, elle s’accroit de façon exponentielle.
En 2000, le stock de la dette publique (dette extérieure et intérieure), était de 7 000 milliards de FCFA environ.
En 2012, suite à l’allègement obtenu au terme de l’Initiative PPTE, cette dette est tombée à 4 680 milliards de FCFA.
En 2016, après quatre années de pouvoir Ouattara, cette dette est passée à 8959 milliards de FCFA, soit une hausse vertigineuse de 91%.
En 2018, selon le Fonds Monétaire International (FMI), la dette a atteint 11 039 milliards F CFA, et elle est estimée à 15 781 milliards de F CFA pour la fin de l’année 2019. Cela se passe de tout commentaire.
Tout ceci, pour des investissements non productifs, dans le seul but de surfacturations grossières, mettant ainsi gravement en cause, l’avenir des générations futures.
Au plan social
L’école et la santé
Les grands secteurs tels que l’éducation nationale et la santé sont en profonde régression.
La question du foncier rural et urbain
La question foncière est devenue une véritable jungle, sous le régime d’Alassane OUATTARA. Les véritables ayant-droits, se trouvent injustement dépossédés de leurs terres. A cet égard, notre Pays est devenu un Etat de non-droit.
Par ailleurs, s’agissant du foncier urbain, les nationaux ivoiriens sont des laissés pour compte, au profit de ressortissants de pays tiers.
Tout se passe, comme si les Ivoiriens, tout secteur confondu, à force d’être marginalisés sur tous les plans, étaient devenus des apatrides et étrangers sur leur propre sol.
NOTRE ANALYSE
Tous ces faits, attestent, de l’incapacité notoire et patente du régime de monsieur Alassane Ouattara, à gérer le pouvoir d’Etat de manière démocratique, tout en préservant les intérêts fondamentaux du peuple ivoirien, dans le respect des principes de la bonne gouvernance.
C’est pourquoi, usant de façon systématique de diversion, il tente, désespérément, par une fuite en avant, de ramener les Ivoiriens à des débats dépassés et éculés, pour tenter de se maintenir coute que coute au pouvoir, de manière autoritaire et dictatoriale, par la violence, contre la volonté populaire, en instaurant une véritable patrimonialisation du Pouvoir.
En conséquence, ces pratiques autoritaires, antidémocratiques, dictatoriales et d’un autre âge, qui mettent à mal les acquis démocratiques chèrement obtenus, la paix, la stabilité de notre Nation, sont inacceptables, irrecevables et doivent être combattus, ici et maintenant.
Les partis politiques de l’Opposition, soucieux de leurs responsabilités devant l’histoire et conscient des graves dangers qui menacent l’avenir de notre Pays :
Appellent à la mobilisation générale et à la résistance, toutes les forces vives de la Nation, les Démocrates, les Patriotes sincères, épris de paix et de justice, pour la préservation de la paix et la stabilité de notre Nation.
Nous avons le devoir impérieux, de rassembler tous les Ivoiriens, dans l’objectif de défendre la Démocratie, l’Etat de droit, la Bonne Gouvernance, en vue de réaliser la Réconciliation Nationale, et restaurer la Liberté et la souveraineté de notre Pays.
Filles et fils de Côte d’Ivoire, unissons nous, afin de préserver la Nation d’un effondrement total, si l’on n’y prend garde et engageons-nous tous ensemble, pour promouvoir une nouvelle Espérance Citoyenne, pour la Renaissance de la Côte d’Ivoire, dans un véritable sursaut patriotique national.
Vive la République !
Vive la Côte d’Ivoire !
Fait à Abidjan, le 20 juin 2019
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