Manuella YAPI
L’un des avocats de la partie civile au procès du putsch manqué de 2015 au Burkina Faso, Maître Prosper Farama, a affirmé mardi à Ouagadougou qu’ »au-delà des militaires » poursuivis parce qu’ils « ont fini par oublier (leur) devoir », c’est le « putschisme » que le tribunal juge, lors de sa plaidoirie.
Après plus d’un mois de suspension, liée en grande partie au mouvement d’humeur des avocats pour « dénoncer la paralysie du système judiciaire », le procès du putsch manqué s’est poursuivi mardi avec les plaidoiries des avocats de la partie civile.
« Nous jugeons un type d’armée, une catégorie de militaires » qui du fait des « manipulations, ont fini par oublier (leur) devoir. Mais au-delà des militaires (qui constituent la majorité des accusés), ce que nous jugeons véritablement (…) c’est le putschisme qui traverse notre pays depuis des années », a dit Me Farama.
Il a également dénoncé une « catégorie de politiciens (qui) n’arrivent pas à se départir d’une culture qui pendant des années leur a conférer des privilèges », en allusion aux personnalités politiques, dont l’ex-ministre des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, qui sont impliquées dans cette affaire.
« Si nous jugeons ces hommes, c’est par espoir (d’avoir) une armée nouvelle, noble, forte, organisée, avec des valeurs dignes. C’est cet espoir que nous espérons que le jugement fera renaître », a conclu Prosper Farama.
Ce sont au total 83 personnes qui sont poursuivies essentiellement pour « attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures », au procès du putsch manqué de septembre 2015.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
Une affaire, il est vrai, drôle :
– Sangoulé Lamizana accède au pouvoir par putsch, puis…
– Saye Zerbo accède au pouvoir par putsch, puis…
– Jean-Baptiste Ouédraogo accède au pouvoir par putsch, puis…
– Thomas Sankara accède au pouvoir par putsch, puis…
– Blaise Compaoré accède au pouvoir par putsch, puis…
– Michel Kafando accède au pouvoir par putsch, puis…
– Sans oublier dans l’intervalle ceux qui ont tenté, ont échoué, ont été emprisonnés, graciés, exécutés, traqués, etc.
Hormis donc le 1er Président de ce pays Maurice Yaméogo et l’actuel Roch Kaboré, tous les autres sont venus au pouvoir suite à des troubles, ou des coups de force. La justice est-elle capable de faire le procès de Sankara (par exemple), vu qu’il a accédé au statut de héros national et continental après avoir pris le pouvoir dans la poudre et le sang ? Comment condamner des putschistes qui ont attaqué un régime installé suite à un putsch populaire ? Une impasse, un cercle vicieux dans lequel s’enferme ce pays, et il faut souhaiter bonne chance à une justice qui fait le tri des actes à condamner. Ils sont dans une belle merde, et très risible merde, au Faso.