La Côte d’Ivoire est un beau pays qui regorge de millions de chrétiens et de musulmans. Quand on regarde le nombre de mosquées, d’imams et de musulmans avec des cris des muezzins dans une ville ivoirienne, on se croirait à la Kaaba. De même, quand on regarde le nombre de paroisses, de temples et de maisons et salles dans lesquelles on crie Jésus, on peut affirmer sans ambiguïté que la Côte d’Ivoire est le pays où Jésus est né.
Mais dans ce même pays, quand on observe le quotidien des Ivoiriens dans leurs relations surtout lorsqu’il est question de politique, on se poserait la question de la foi de ces millions de croyants chrétiens et musulmans. C’est pourquoi à partir d’une analyse sociologique j’aimerais poser des questions d’ordre théologique.
En Côte d’Ivoire, les mêmes qui chantent l’amour du prochain dans une même chorale dans une paroisse catholique et dans un temple évangélique ou protestant, sont capables de s’entre-tuer lorsque leurs leaders politiques leur font appel.
En Côte d’Ivoire, les mêmes chrétiens qui prient dans les groupes à vocation mariale et dans les groupes charismatiques, oublient les invocations à l’Esprit, les paroles de connaissance et les langues qu’ils marmonnent, quand il s’agit d’écouter leurs responsables politiques. Ils oublient le « je vous salue Marie » quand il est question de la politique. Ils sont capables de s’insulter, de tuer et de verser le sang au nom de leur parti politique.
En Côte d’Ivoire, les mêmes qui s’appellent frères, sœurs, dans les temples et églises deviennent du coup des ennemis quand ils doivent aller aux élections. Dès qu’il s’agit de la politique, la fraternité chrétienne disparaît, et ils décortiquent la nationalité de ceux qui étaient leurs frères hier. On cherche qui est faux ivoiriens, vrais ivoiriens, ivoiriens de souche, autochtones, allochtones, on n’oublie qu’à chaque messe on dit: « Notre Père ».
En Côte d’Ivoire, les mêmes qui sont à toutes les veillées de prière, à toutes les campagnes d’évangélisation, les mêmes qui sont prêts à défendre leurs communautés et modérateurs contre l’Église, sont les premiers à se battre à cause d’un leader politique. Ils sont capables de ne plus s’adresser la parole.
En Côte d’Ivoire, les mêmes qui partagent du riz et sucres durant le mois sacré du jeûne de Ramadan, sont les premiers à sortir les armes, machettes dès qu’on parle d’élections.
En Côte d’Ivoire, pour des leaders politiques, pour des choix politiques, des prêtres se divisent, des évêques se contredisent, des imams se séparent, des pasteurs ne se parlent plus, les leaders religieux ne se retrouvent qu’après les affrontements.
En Côte d’Ivoire, au cours d’une même veillée de prière, pendant une prière à la mosquée ou au temple, à l’église, nous avons des intentions pro-Gbagbo, pro-Ouattara, pro-Soro, pro-Bédié. Les croyants s’attaquent même dans la prière. Les pro-Gbagbo prient contre les pro-Ouattara, les pro-Bédié prient contre les pro-Soro, les pro-Ouattara prient contre les pro-Gbagbo.
Quand on regarde les croyants ivoiriens, la division entre les Ivoiriens réagit négativement sur leur manière de concevoir Dieu. Les Ivoiriens ont divisé Dieu. Il y a un Dieu des pro-Gbagbo, un Dieu des croyants pro-Ouattara, un Dieu des croyants pro-Soro, un Dieu des croyants pro-Bédié. C’est le Dieu pro qu’on adore en Côte d’Ivoire. Dieu se moque des Ivoiriens, Gnamien rit, Allah pleure. Les Ivoiriens pensent que Dieu c’est leur camarade. C’est en Côte d’Ivoire qu’on bénit beaucoup.
Quand un leader ivoirien finit de parler il dit: « Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire ». Les Ivoiriens se bénissent sur les lèvres mais se maudissent dans les cœurs. C’est pourquoi le Christ dit aux Ivoiriens: « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous ». Les messages des leaders politiques sont-ils audessus des paroles de la Bible et du Coran?
Nb: partagez partout pour la paix.
Père Marius Hervé Djadji
Prêtre du diocèse de Yopougon
Docteur en théologie dogmatique
Contact : lajoiedeprier.nguessan@yahoo.fr.
Que peut le peuple là où les guides religieux eux mêmes succombent. En réalité c’est l’ignorance et la misère qui sont à l’origine de tout ça. Dieu n’est pas « gawa » pour parler comme les gens de la rue. Si le guide qui est sensé prêcher la bonne parole sans hypocrisie a lui même faim comment arrivera t il à s’émanciper des gens du pouvoir à qui il doit sa pitance. Pour sortir le peuple de ce cercle vicieux violent dans lequel les hommes politiques le maintiennent il faut tout simplement que les guides religieux se ressaisissent en se réconciliant avec Dieu et Sa parole et ils verront que leurs fidèles les écouteront et les suivront sur le chemin de la vérité seul salut pour l’humanité.